Veuillez sélectionner : Nouvelle partie / Continuer / Quitter le jeu. [PV TENKAI]

« Azuka, Shafu, et Ksay, vous êtes muté dans la compagnie d'élite du Capitaine Hardit. Vous le rejoindrez dès demain, plus au Nord dans les Maleterres. Félicitation à vous. »

Le Sergent-major, en pensant devant Azuka, lui chuchota:

« Tu devrais être contente, Hardit est en mission avec la compagnie du Capitaine Urìel. Vous serez en équipe avec eux dans les prochains mois. Heureuse ? »
« Vous n'avez pas idée, Sergent... »

Azuka afficha un sourire. Depuis qu'elle avait menti en disant qu'elle admirait Urìel, tout le monde lui faisait des réflexions du genre. Tout le monde pensait réellement qu'il la fascinait, alors que le seul but d'Azuka était de tuer cet homme. Pauvres naïfs... Azuka était fière de ses talents d'actrice, et du double-jeu qu'elle menait. Oui, elle était heureuse. Heureuse d'approcher enfin de son but... Dès demain, elle serait près d'Urìel, et un réel plan pourra alors prendre forme dans sa tête. L'idée la plus séduisante était évidemment de séduire le Croisé pour, comme la plupart de ses victimes, le tuer au petit matin après une nuit de plaisir. Le plan parfait. D'autant plus qu'Urìel n'était pas franchement repoussant, et la Draeneï prendrait un plaisir pervers à jouer avec lui avant de le faire tomber. Oui, c'était parfait. Sans se départir d'un sourire qui, en réalité, était plein de mauvaises intentions, Azuka suivit ses camarades jusqu'aux dortoirs. Demain, elle sera au coeur de l'action...


La Draeneï était paisiblement allongée sur son lit. Son regard fixait le plafond, ses mains étaient croisées derrière sa tête. Ses pensées, même si c'était de moins en moins le cas, avaient toujours tendance à divaguer dans les yeux et sur le corps encore musclé de Tenkai. A chaque fois qu'elle s'en rendait compte, elle se secouait intérieurement et faisait halte à ces images. Elle se forçait alors à revoir le visage d'Urìel. Ce regard, qui n'avait duré qu'une seconde, mais qui avait été d'une grande intensité. En y repensant, Azuka avait encore des frissons. Oui, il l'avait faite frissonner d'un simple regard. La peur ? Oui, probablement. Après tout, Tenkai n'avait pas réussi à le tuer... Si Tenkai avait échoué, qui le pourrait ?

Elle. Oui. Elle devint avoir foi en elle. Durant ces six mois d'entrainements intensifs, Azuka avait appris de nouvelles compétences et amélioré ses acquis. Peut-être, oui, peut-être qu'elle pouvait prétendre égaler Tenkai... Du moins cette pensée la séduisait. Elle n'avait plus besoin de lui. Elle n'avait besoin de personne. Azuka sourit, tandis que son regard s'intensifiait. Elle était devenue puissante. C'était cela, la puissance, qu'elle avait toujours admiré chez Lui. Aujourd'hui, elle l'avait aussi. Elle ne s'abaisserait plus à admirer quelqu'un. Seulement elle. Oui, elle se plaisait ainsi. Ce n'était plus une petite créature fragile. Azuka ressentait ce que tout homme pouvait ressentir après une victoire sur un champ de bataille ou en duel. C'était comme si elle savourait d'avance sa victoire. Cette victoire qu'elle ne voulait plus que pour elle. Elle seule.

Toc toc.

La Draeneï se leva et, uniquement vêtue d'un peignoir de soie lui tombant mi-cuisses, elle s'approcha de la porte. La nuit été tombée, et seul l'éclat rouge vif de ce morceau de tissu ne recouvrant que très peu son corps, pouvait témoigner de la vie qu'il y avait dans cette pièce.

« Azuka, j'ai quelque chose pour toi. »

La Draenei haussa un sourcil, la taquinerie étirant doucement son sourire. Shafu ? Elle rit intérieurement et se félicita silencieusement d'avoir choisit une tenue si légère. Provocante, insolente, elle ouvrit la porte de sa chambre et s'y appuya comme un chat se lovant contre les mollets de son maître. Toute cette confiance en elle, qu'elle avait acquise durant ces longs mois, l'avait rendue plus violente en combat, mais aussi plus forte et, Azuka oblige, plus provocante que jamais. Et ce soir, elle était d'une humeur joueuse. Shafu était exactement le jouet qu'elle espérait.

« Je... »

Le sourire de la Draeneï s'étendit légèrement lorsqu'elle vit les yeux bleus de l'Elfe glisser rapidement sur le corps qui lui faisait face, très, trop peu couvert.

« J'ai... »

Malgré la pénombre, Azuka pouvait voir les joues rosies de son ami. Elle lâcha d'une voix onctusue:

« Tu as... ? »
« Du... Un courrier pour toi. »

Les yeux taquins d'Azuka, qui jusqu'ici sautaient d'une pupille bleue à l'autre, se fixèrent instantanément. Du courrier... ? Elle n'en avait jamais reçu depuis son arrivée ici... Et elle ne devait normalement pas en recevoir, c'était son ordre... Sauf si...
Elle déglutit, son sourire s'évanouissant doucement. Elle pouvait sentir les battements de son cœur ralentir, et son ventre se serrer. Elle ne voulait pas de courrier. Pas si il s'agissait...

« On dirait qu'y a un objet dedans. Tiens. Par contre, ils l'ont déjà ouvert, ils ouvrent toujours le courrier... »

Azuka resta immobile, seuls ses yeux tombèrent d'eux-même sur l'enveloppe (ouverte) que Shafu lui tendait. Trop de volume. Ce n'était pas une simple lettre. Il y avait quelque chose dedans. Non... Des vivres, un cadeau, n'importe quoi, mais pas...

Sans qu'elle ne le veuille, ses mains tremblantes avaient attrapé l'enveloppe. Sans maitriser ses gestes, elle sentit sous ses doigts des perles. Un petit fil entouré de perle. Juste de quoi y glisser un poignet. Sa main tremblante soulevait l'objet devant elle. Ses yeux se posèrent sur le bracelet.

« Une seule exception: Si tu entends la moindre chose, le moindre murmure annonçant le retour de Tenkai, je veux que tu m'envoies le bracelet qui accompagne cette lettre. »

Le bracelet se fracassa au sol, dans un éclat de petits cristaux. Son coeur ne battait plus. Azuka tomba. La douleur qui atteint ses genoux n'était que caresses à côté de la Douleur qui pénétrait son coeur. Violé. Brûlé. Gelé. Découpé. La main de la Draeneï se posa sur sa poitrine, comme si elle désirait arracher le coeur qui se mettait à la violenter. Chaque battement de coeur était une douleur plus vive, plus intense que jamais. Sa vue se brouilla, inondée. Elle ne voyait plus rien, n'entendait rien, elle ne pouvait que sentir la douleur du palpitant et l'écoulement d'un liquide chaud sur sa joue, qui vint se perdre entre ses lèvres dans un frisson salé. Elle n'entendait pas Shafu crier. Elle ne le sentait pas l'attraper, la secouer, la soutenir. Elle ne sentait que son coeur qui hurlait de douleur. Peut-être qu'elle aussi hurlait. Elle n'en savait rien. Il n'y avait plus rien.
Il n'y avait que Lui.

Son Retour... Pourquoi... Pourquoi maintenant...

La Haine. L'Amour. La Joie. Le Désespoir. La Souffrance.

Azuka, pour la première fois, découvrait qu'il était possible de ressentir toutes les émotions à la fois. Toutes s'entremêlaient et étouffaient ce coeur qui n'en pouvait plus de battre, de se débattre. Ces larmes n'étaient que de l'Emotion pure, liquide. Pas une émotion particulière. Non. Toutes. Tout et rien. Juste des larmes qui désiraient s'écouler depuis trop longtemps.

« Pourquoi... »
« Azuka ! Calmes toi !  Hey ! Quelqu'un ! A l'aide !»

La Draeneï était effondrée, méconnaissable. Jamais Shafu n'avait pu voir un être dans une telle souffrance. La Draeneï s'agrippait au tee-shirt de Shafu, effondrée sur lui, sans même s'en rendre compte. Prise de spasme, elle semblait mourir de douleur.

Oui. Elle mourrait.

Elle mourrait de la douleur qui s'était accumulée en elle depuis tant de jours, tant de semaines, tant de mois.

Imaginez vous, abandonné par l'Etre qui est votre raison de vivre.
Imaginez vous vous battre chaque jour pour la Vie, sans lui.
Imaginez vous faire votre deuil en éprouvant de la haine pour lui, car c'est le seul moyen de vivre sans lui.

Imaginez qu'au moment ou votre blessure se referme doucement, fragile, cet Etre vienne de nouveau la transpercer, violemment.

Non, elle ne pouvait éprouver de la joie à cette idée. Du moins, si la joie était quelque part en elle, elle était dominée par la haine. La haine d'avoir été abandonnée. La haine que pendant tout ce temps, il n'ait pas donné signe de vie, l'abandonnant totalement. La haine qu'il ne réapparaisse que maintenant. Maintenant qu'il était trop tard. Maintenant qu'elle était prête à faire sa vie sans lui.

Comment, comment pouvait-elle imaginer sa vie sans lui maintenant ? Maintenant qu'il refaisait surface ? Elle ne pouvait pas vivre sans lui en sachant qu'il était là, quelque part.

Elle ne pouvait pas...

Elle ne pouvait...

« Azuka... ? »

La Draeneï ouvrit un oeil, épuisée. Il faisait jour. Elle avait chaud. Les yeux se fermant seuls, ses lèvres s'écartèrent un court instant, laissant échapper un infime son, mais Shafu la coupa, assis à ses côtés, le visage inquiet.

« Je ne sais pas ce qui t'a pris... Mais tu es en repos. Le Sergent-Major veut que tu prennes dix jours de repos hors d'ici. Tu vas pouvoir sortir, t'aérer la tête. »


Sortir... ?

« Non ! »

Azuka bondit hors du lit si rapidement qu'elle en eut le vertige. Elle serait de nouveau à terre si Shafu ne la tenait pas fermement, vif et attentif.

« Azu ! Calmes-toi ! T'a besoin de repos ! Il faut que tu sortes d'ici !»
« Non... »

Rester ici était le seul moyen pour elle de ne pas voir Tenkai. Si elle sortait d'ici, elle savait où ses pas la mèneraient, qu'elle le veuille ou non. Elle savait qu'elle irait à lui. Tenkai était un aimant. Son aimant. A part sa raison, tout son être désirait ardemment le rejoindre, tout de suite.

« Pitié, je dois rester ici, dis leurs... »
« C'est un ordre.  C'est pour ton bien.»
« Non... ce n'est pas mon bien... c'est le mal... »
« Tu es épuisée. Allez viens. »

Azuka tenta d'abord de se débattre, mais son cerveau était submergé par les cauchemars et les questions qui la hantaient depuis des mois.
En une heure, on l'habilla, on lui prépara un sac et on la mit dehors.

« Pourquoi...  POURQUOI ?»

Les oiseaux décomposés peuplant les arbres des Maleterres s'envolèrent. Les yeux d'Azuka se posèrent sur son Katana. Elle serra les dents. Elle l'attacha à sa ceinture et, abandonnant son sac sur place, elle se mit à courir. Simplement pour sentir l'Air. Simplement pour respirer. Simplement pour oublier, ne serait-ce qu'une seconde, penser à rien. Ses pas la menèrent au Camp le plus proche, où elle emprunta un Griffon, machinalement, pour s'envoler direction Fossoyeuse.

Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle faisait. Elle ne savait pas les intentions qu'elle avait. Elle ignorait si elle allait le voir. Elle ignorait si elle allait tomber dans ses bras ou tenter de lui planter son Katana dans ce qui lui servait encore de coeur. Elle ne savait pas. Seul son instinct la guidait. Toute raison l'avait abandonnée.

Fossoyeuse. Azuka entra dans la ville sans prendre la peine de couvrir son visage. De nombreux Réprouvés chuchotèrent sur son passage. On la connaissait ici. Elle était la protégée de Tenkai. Tenkai qui avait disparu. Etait-elle de nouveau une proie sans défense... ? L'un d'eux voulu vérifier. Dans les jardins, vides, au dessus de la ville, une main attrapa le bras de la Draeneï. Regard. Haine. Azuka, vive comme l'éclair, saisit le pommeau de son Katana et dégaina son dernier. Sans aucune hésitation, la lame fendit l'air d'un souffle pour venir trancher le cou fragile du Deux-fois né. La tête roula au sol, le corps tomba. Haine. Folie. Le feu dansait dans les yeux et le sang d'Azuka. Rangeant son arme, impitoyable, elle poursuivi sa route.

Le cadavre derrière elle n'était pas une créature du Fléau. C'était un Réprouvé. Il appartenait à cette race qu'Azuka avait toujours admiré. Peut-être que la flamme qui dansait dans les yeux d'Azuka était plus Ecarlate qu'elle ne le voulait...

La demeure de Tenkai. Vide. Et pourtant... pourtant, elle sentait sa présence. Elle avait toujours su la sentir. Son regard était toujours de braise tandis qu'elle scrutait les moindres détails de chaque pièce, cherchant un mouvement pouvant le trahir. Mais rien. Peut-être que c'était simplement le lieu... Il y avait son odeur, sa présence. Azuka vivait ici à l'époque. Chaque objet, chaque parcelle de cet espace symbolisait un souvenir. Heureux ou non, elle avait passé de très nombreux moments ici. Avec lui. Lui... Si, à la vue du bracelet, toutes les émotions avaient éclaté en elle, désormais, elle n'en ressentait plus aucune. Son esprit était vide. Seuls ces gestes brusques et son visage fermé témoignaient de son état. La haine. Oui. C'est probablement ce qu'elle ressentait.
Elle arriva dans la chambre de Tenkai. Elle ne pu que se figer sous l'encadrure de la porte. Cette chambre... c'était la sienne. Car, malgré qu'il y ait un lit, Tenkai ne dormait pas. Les Morts ne dormaient pas. Alors Azuka dormait dans ces draps. Combien de fois s'était-elle endormie ici, avec comme vue, Tenkai, assis contre le mur, en face, la regardant s'endormir de son regard mystérieux. Son regard indéchiffrable, impénétrable. Azuka porta sa main droite à son visage, pouce et majeur posés sur ses tempes, prise d'une soudaine migraine. Titubante, elle se laissa tomber sur lit. Elle resta assise là quelques instants, le regard fixé sur le sol. Sur son visage, on pouvait lire haine et désespoir mêlés. Elle se leva soudainement et quitta la pièce, puis la demeure, sans un arrêt, sans un regard en arrière.

Elle ignorait que depuis son entrée ici, Il était bien là. Tenkai, camouflé dans les ombres, sur le pas de la porte, regarda la Draeneï s 'éloigner. Sur son visage, toujours ce regard indéchiffrable. Le Réprouvé, dans le monde des Ombres, suivit la Draeneï, marchant dans ses pas, en silence.

La Clairière. Un petit endroit caché au milieu des bois de Tirisfal. La clairière, c'était leur endroit. C'était ici qu'ils aimaient passer du temps, ensemble. C'était le petit Paradis de leurs vies démoniaque. Azuka marchait lentement. Les paumes de ses mains et le bout de ses doigts effleuraient lentement les hautes herbes, tandis que la nuit tombait. Elle ignorait si elle venait ici en espérant l'y voir, ou si elle voulait simplement se réfugier dans ce havre de paix.

Sa présence. Elle la ressentait toujours. Réalité ? Espérance ? Crainte ? Elle n'en savait rien. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle était épuisée. Non pas physiquement, mais moralement. Elle se laissa tomber dans l'herbe. Cette forêt pouvait paraître effrayante... Mais pas pour elle. Pas cette clairière. L'herbe y était douce. Moelleuse. Azuka s'y coucha. Allongée sur le côté, sa tenue de cuir noir reflétait les rayons de la lune naissante.

Frôlement. Frissons. Le vent ?

Azuka, la tête appuyée sur une main, saisie de son autre le Médaillon de Tenkai. Ce Médaillon, c'était tout simplement Eux. Elle lui avait volé le premier jour, lors de leur rencontre. Il n'avait jamais essayé de lui récupérer. Elle ne l'avait jamais quitté. Dessus, les lettres T E N K A I étaient gravées. Une façon indirecte de dire qu'elle lui appartenait, tout comme il lui appartenait. Appartenait...

Tout cela était du passé. Obéissant à une pulsion de haine, Azuka retira le médaillon de son cou. Pour la Première fois. La première fois depuis sa rencontre avec Tenkai. La première fois depuis qu'elle vivait réellement.
Les yeux d'Azuka glissèrent une dernière fois sur le médaillon. Ils s'imprégnèrent de cette gravure. Puis, d'un geste souple, Azuka se redressa sur une main et, de l'autre jeta le médaillon de toutes ses forces, le plus loin possible. Un bruissement lointain, quelques secondes après, lui indiquèrent que le médaillon, objet inerte, sans vie, venait de tomber. Tomber.

Azuka, mâchoire serrée, ferma les yeux avec force, retenant la larme que son coeur venait de créer. Elle fini par s'endormir, sans aucune conscience du temps qui passait. Peut-être cinq minutes, pet-être cinq heures. Tout cela n'avait pas d'importance.




Un bruissement.

Les deux grands yeux d'Azuka s'ouvrirent brusquement. Le Médaillon. Il était là. Juste sous ses yeux. Sa présence, plus forte que jamais. Les yeux de la Draeneï s'enflammèrent. Elle serra violemment la mâchoire, son visage se déformant par la haine. Elle plia une jambe et, violemment, l'étendit. Avec la force du coup, sa jambe s'étendit un peu plus loin et heurta violemment quelque chose. Craquement d'os. Azuka ne perdit pas une seconde. Elle roula sur le côté et, en se relevant, Le vit penché en avant, une main sur son genou, blessé par le coup d'Azuka. Cette dernière, désormais debout à côté de lui, leva son bras en angle droit et abattit violemment son coude sur la nuque de Tenkai. Celui-ci tomba à terre, roula sur le dos pour se relever mais trop tard: Le Katana d'Azuka était sous sa gorge.

La Draeneï le dominait de toute sa hauteur. Ses cornes déchiraient le ciel couvert de Tirisfal. Diablesse. Sous l'éclat lunaire, ses cheveux sombres tombaient en cascade sur ce décolleté attirant, provocant. Une tenue de cuir noir recouvrait sa poitrine et se dessinait sur les côtés, recouvrant ses hanches, laissant apparaître aux yeux de tous un ventre nu, fin, musclé, troublant. Le cuir fin recouvrait le stricte minimum a niveau de son entrejambe, tenu grâce à des ficelles. Indécence. Le haut de ses cuisses, à l'air, venait sublimer cette combinaison faite pour elle, pour ce corps de succube. Le reste ne pouvait que se dessiner sous ce cuir moulant, descendant le long de ces jambes interminables, des fesses aux sabots. Le cuir reflétait la lumière de la lune. Seul le visage d'Azuka était totalement dans l'Ombre. Mes les yeux des Draeneïs brillaient, et ceux d'Azuka reflétaient deux flammes à travers le reflet de Tenkai, face à elle, au sol.

Soumission. Plaisir Intense, provocant.

Les lèvres délicieuses de la succube s'entrouvrirent. Ce n'est pas un chuchotement qui en sortit, mais bien une voix claire, forte, assurée.

« Qu'est-ce tu veux ? »

Insolence envers le grand Tenkai ? Jeu dangereux.

"Il est temps."

Xanthia sortit de sa torpeur, l'aura de celui qu'elle admire pénétrant à travers tous les recoins de Fossoyeuse. Pour une fois dans sa vie, l'Elfe était heureuse. Les pas du Réprouvé se firent entendre. Xanthia leva ses yeux magiques. Elle ne voyait ni le cuir bleu de l'uniforme de Tenkai, ni ses longs cheveux blonds tombant en cascade derrière son heaume; elle ne voyait qu'une lumière froide rayonnant du coeur du Réprouvé. Une lumière apaisée, non pas à la manière des rayons de soleil, mais similaire aux reflets de la lune. Tenkai s'était métamorphosé. Il n'était plus l'Ardent.

Le Réprouvé défit les attaches de son heaume tout en se dirigeant vers sa chambre.

"Maître... Est-ce fini...?"

"Son âme n'est plus."

Le Messager de la Mort croisa le regard de l'Elfe. Celle-ci ressentit un frisson comme jamais. Comme si son regard avait changé. Une nouvelle lueur dans les yeux du Réprouvé brillait. Toujours en arpentant sa demeure, il retira son plastron, ses épaulettes et ses gants, les laissant simplement sur le sol, et enfilant une tunique rouge sombre au passage.

Le miroir de sa chambre. Le Réprouvé se contempla et lâcha un énorme soupir. Il avait enfin atteint son but. Taragon n'était plus visible dans le miroir. Tenkai rit aux éclats, et sourit. Sourit une exceptionnelle fois dans sa vie sans ironie, sans moquerie. Il sourit simplement car il était heureux pour la première fois. Heureux d'avoir retiré enfin son ennemi de son corps. Il était libre.

Dos au miroir, Tenkai regarda la paume de sa main droite. Et serra le poing.

"Ma résurrection."

"Vous avez réussi..."

"Le contraire aurait été impossible."

Xanthia partageait le plaisir de Tenkai. Sa troisième vie. Il était plus puissant, et était prêt à se mesurer une nouvelle fois à Urìel. Il allait répandre la justice de ses propres mains, et jamais plus des mains de Taragon. Il allait enfin s'expliquer à Azuka. Tenkai imaginait son médaillon dans son poing, en se demandant si Azuka l'avait conservé.

*Laisses-moi te profaner. Tu me rends parfait. Tu es la raison pour laquelle je suis en vie.*

L'image d'Urìel défila dans ses pensées.

*S'il y a un enfer, je t'y verrais là bas.*

Tenkai sortit une dague, et coupa ses cheveux. Une fois ses cheveux mi-longs, il se décida à attendre. Azuka allait venir d'un moment à l'autre. Ces mois furent les plus difficiles de la vie de Tenkai. Dès le premier jour sans Azuka.


Quelque part en Lordaeron, dans une autre dimension.

"Meurs à nouveau."

Le Paladin brisa la moitié gauche du corps de la dernière goule de son bouclier oxydé par le feu.

"Pitié n'est pas mienne."

Le nécromancien recula de sursaut, mais Taragon ne lui laissa aucune chance. D'un mouvement de poignet nonchalant, un rayon jaillit d'entre ses doigts et atteint le coeur du nécromancien qui implosa.

"Des éclaireurs. Hastor, cours prévenir Uther, l'Impie arrive. Suram, nous restons ici."

Le type roux invoqua son palefroi et le chevaucha à la vitesse du vent. Tenkai attendait le départ d'Hastor. Il devait absolument tuer Taragon avant la venue d'Arthas. C'était la seule solution afin de l'éliminer définitivement de son esprit. Il devait agir rapidement, car le temps est compté. Il avait une seule journée pour venir à bout de lui-même. Il s'était entrainé des mois et des mois dans un coin reculé des Montagnes d'Altérac, retiré de tout, le temps que le Chaman accumule les forces de ses ancêtres qui allaient permettre à Tenkai de retourner dans le passé. Un entrainement... Contre lui-même. Visant à cibler ses propres faiblesses pour contrer Taragon. Le temps était venu de vérifier si cet entrainement surhumain était fructueux ou non.

*Azuka. Ne m'oublies pas.*

Tenkai sprinta dans le royaume des ombres, son royaume, en direction de Suram. Il fallait le tuer en priorité, s'il le tuait, il avait une chance de gagner.

*Une présence.*

"Suram! SAUTES!"

Le temps ralentit. Tenkai sortit d'un nuage de fumée en sautant, une longue dague à usage unique dans sa main droite alors que Suram reculait par surprise. Taragon lança un rayon de lumière en direction du Réprouvé de sa main droite, et une bulle protectrice de sa main gauche qui se referma sur le Paladin chauve... Trop tard. La bulle se referma avec le bras de Tenkai dedans, esquivant le rayon, sa dague perçant le plastron de Suram. Du sang noir coula de ses yeux, ses oreilles et son nez. La bulle se désintégra, et la lame empoisonnée se désagrégea quand Tenkai se retourna en direction de Taragon.

Le corps de Suram chuta lentement alors que le Messager de la Mort hurla en chargeant:

"TARAGON! C'EN EST FINI DE TOI!"

"Par la Lumière! Mon marteau!?"

Tenkai, profitant de la surprise du Paladin, abattit Chaos obliquement, détruisant l'armure de lumière que Taragon se formait avant chaque combat. Les étincelles, "miettes" de l'aura de Taragon voletèrent, brûlant la peau et la chair du Mort-Vivant qui ne tenait même pas compte de la douleur que ces étincelles auraient causé à n'importe quel Mort-Vivant. Tenkai continua son mouvement ample telle une pirouette et fendit le plastron argenté orné de Taragon. Le métal chaud crissa alors que du sang excessivement chaud déborda de la faille sur le plastron argenté du Paladin. Un sang bouillant, telle de la lave sortant d'une fissure volcanique. Le sang de Taragon l'Ardent.

"RAAAH!"

Le célèbre Paladin se ressaisit et percuta le flanc du Réprouvé du plat de son pavois. Les os de Tenkai craquelèrent sur le coup, mais il put reculer pour amortir partiellement le choc. Assez pour être hors de portée d'allonge de son adversaire.