Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
Sujet: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Mar 20 Sep - 0:12
La peur, c'était se sentir glacé même en plein soleil, c'était calquer sa respiration à l'autre parce qu'on était pas certain d'en avoir le réflexe. Cette peur là était superficielle. Il la sentait quand même. Elle était là, coulait sous sa peau comme un aplat froid et douloureux, et se distillait partout. L'impression que mille fantômes le tourmentaient, que mille lames le harcelaient, que mille voix lui hurlaient obéis. Dans son esprit, il n'y avait plus ni pensées, ni arbitre, ni réflexion. Il l'observait seulement, les yeux écarquillés par sa violente terreur. Quoi qu'elle fasse, ses gestes paraissaient tous apporter la mort, ses mots étaient promesses de douleur, celle qui le meurtrissait, artificielle également et pourtant si saisissante qu'il avait d'abord cru qu'un démon invisible lui avait ouvert le ventre et saisit ses organes à pleines mains. Il aurait voulu crier, mais ses mots s'étaient noyés dans sa gorge bien avant. Alors en désespoir de cause, il tenta de la supplier du regard. Elle paraissait pourtant implacable dans son stoïcisme, la souffrance qui embaumait la pièce ne la troublait pas. Il connaissait déjà le terme de l'entrevu, trop malmené par les sortilèges pour lutter plus longtemps. Tout allait s'arrêter. La peur ne serait qu'un souvenir, la douleur retournerait à son imagination. Il prit une inspiration, comme s'il découvrait l'air pour la première fois, qu'il bloqua dans ses poumons. Même ses organes semblaient tout secoués d'épouvante. « Son nom c'est... c'est Ess. Il travaille à Baie du Butin... je sais qu'il l'a...vous l'trouverez pas par là...Baie du Butin ! Baie du... Butin ! »
Dastaël promena son regard circonspect sur les toits de la ville portuaire qu'elle surplombait depuis les planches. Les nuages gonflés de pluie ne suffisaient pas à évincer la chaleur étouffante de la vallée, aussi la sanguine avait pour une fois consenti à ne pas enfiler la capuche qui lui dérobait ses traits, et laissait balayer les mèches sombres sur son front blanc. Comme de coutume, elle ne portait sur elle qu'une robe sans forme que le vent collait à sa poitrine et sur son ventre. Sa cape qui gonflait derrière son dos lui donnait pourtant une allure funeste et particulière qui semblait ne pas sied à son visage à la symétrie parfaite : en d'autre circonstances, l'elfe aurait pu paraître d'une beauté discrète et latente. Ici, elle n'avait l'air que d'un sombre croquemitaine arborant une triste silhouette délicate. Derrière elle, l'imposant cheval renâcla d'impatience : un regard habitué aurait été étonné de ne pas voir autour d'elle le spectral démon qui hantait son ombre. La démoniste se détourna de la vue pour saisir derechef la bride du palefroi, et après avoir au préalable flattée son encolure de quelques caresses distraites, elle entreprit de faire demi tour pour rejoindre le chemin de terre, comme il avait été convenu. Son voyage jusqu'à Strangleronce n'était pas un hasard, et elle limitait ses déplacements autant que possible. La seule chose qui lui aurait fait entamer un périple si long et si éreintant était sa quête acharnée sur laquelle elle s'était penchée depuis des années déjà. Déjà, elle mettait le doigt sur une autre de ses réussites. Un sourire invisible la secoua alors qu'elle pensait à la facilité de l'entreprise : Dji'ean absent, Dastaël se sentait moins oppressée, quelque part plus efficace. Du reste, ce n'était même pas un choix de sa part si le marcheur du vide ne venait pas l'agacer de ses lugubres ronflements. Il n'y avait dans sa poche plus aucun fragment d'âme. Aucun, hormis celui qu'elle avait dérobé en cette fin d'après-midi à un homme trop corrompu et bien trop lent à la coopération.
Le monde était noyé par le crépuscule, et l'ombre de la nuit épaississait les alentours, si bien que la jeune femme, frustrée dans sa cécité, ne distinguait plus que de vagues ombres. A l'abri de l’œil indiscret, l'elfe avait finit de tracer à l'aveuglette un cercle alambiqué qu'elle connaissait du bout des doigts, cuirassée par les années de pratiques, puis avait sorti la petite pierre rose et fragile qu'elle tenait fermement au creux de sa main. Le rituel n'était plus une source de soucis depuis longtemps, et elle su que la créature était apparue non loin d'elle lorsque, au sein de sa paume, avait disparu l'objet tant bénin mais si précieux. Ce n'était cependant pas le marcheur du vide qui était à ces côtés ce soir. Il y avait des horreurs qu'il aurait été impossible à la Nature de créer. Le chasseur en était une. De sa gueule béante où pointaient une centaine de dents gémissaient des grognements sinistres, sur son museau squelettique se hérissaient d'impressionnantes pointes similaires à des pattes d'araignées, et son corps n'était que chaire découverte, exposée, sanguinolente, percée à l'avant par des excroissances semblables à deux défenses de marbres altérés. Également, la bête était tout aussi privé de vue que son maitre : aucun œil ne se distinguait sur son corps monstrueux. Des tous les démons avec lesquels elle s'était liée, Hadrah était celui dont elle se méfiait le plus. Imposant, elle savait qu'une pulsion de sa part la terrasserait ; elle n'y survivrait surement pas. C'était également celui qui lui pompait le plus d’énergie arcanique lorsqu'elle l'appelait. Mais si la méfiance était le pilier de la relation qu'ils entretenaient, aussi déliée soit-elle, Dastaël avait besoin de lui plus que jamais. « Tu sais ce que nous avons à faire ce soir, Hadrah.» silencieusement, il lui semblait que la créature acquiesçait. « Je te serais grée de ne te montrer que lorsque je t’appellerai. Pour le moment, disparais. »
La démoniste s'avançait d'un pas franc, ses bottes de cuir s'enfonçant dans le sable moite. Elle voyait amarrés au rivage les bateaux de quelconques flibustiers, et au loin s'entendaient les échos des voix de ceux restés à bord. Les autres, quant à eux, s'adonnaient aux activités condamnables qui mêlaient le rhum aux plaisirs de chairs, parmi lesquels les jeux d'argents et les coups d'estocs s'amalgamaient naturellement. Et d'après les quelques rumeurs, celui que l'on appelait Essnälth se trouvait ici, proche du pathétique campement pirates dont les différentes occupations laissait Dastaël de marbre. Une faible description physique se baladait dans ses souvenirs, aussi promenait t-elle un regard attentif sur la plage, loin du capharnaüm et des flammes dansantes. Et alors qu'elle s'impatientait, son regard se posa sur une silhouette, à quelques mètres. Un sentiment étrange, désagréable s'empara d'elle : Hadrah connaissait sa proie, l'avait reconnu et assurait désormais son maitre de l’authenticité de l'homme qu'elle avait en face d'elle, assez loin pour qu'il ne prête pas attention à elle, assez proche d'elle-même en revanche, puisse se satisfaire d'avoir été aussi opiniâtre.
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Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Mar 20 Sep - 19:24
Sourire. Fierté. Arrogance. Provocation. Qu’on le connaisse ou non, que l’opinion soit positive ou négative, on ne pouvait rester indifférent au passage d’Essnälth. A Baie-du-Butin, tout le monde le connaissait désormais. Car si il n’avait commencé qu’en petit prestidigitateur, il était ensuite devenu un trafiquant connu dans le milieu et aujourd’hui, c’est de sa musique que l’on parlait. Une chose était sûre, le jeune homme de 27 ans avait bien évolué depuis son départ de l’armée de l’Alliance. Certains le haïssaient, les autres l’adoraient . un tel personnage ne pouvait laisser indifférent. Et pourtant, il y a quelques temps, il n’était qu’une ombre qui passait, pieds nus, sur les planches de Baie-du-Butin. Vide, mou, détaché. C’était Ess, le légume, comme beaucoup l’appelaient. Mais depuis qu’il s’était mis à la musique, c’est la seconde partie de son caractère que l’on percevait plus souvent. Ess l’arrogant, le provocateur, l’insupportable. Et plus son groupe connaissait le succès, plus Ess se plaisait dans ce rôle. Car oui, le « King », comme on l’appelait à Baie-du-Butin, n’était qu’un rôle, crée dans le seul but de provoquer. Passant du légume insignifiant au Roi de son propre jeu, Ess était un personnage extrêmement déroutant, difficile à suivre. En somme, une personne qui laisse sa trace dans les esprits.
Le jeune homme marchait tranquillement dans Baie-du-Butin, mains dans les poches de son pantalon de cuir, pieds et torse nus. C’était une scène très courante dans Baie-du-Butin. La différence était que, cette fois, au lieu d’errer sans but précis ou de commercer avec les différents marins revenant des mers, il quittait la ville. Ne portant que son - désormais – célèbre chapeau et ses lunettes de soleil, il ne prit pas la peine de répondre aux gobelins qui le saluaient , gardant l’entrée de la ville portuaire. Ces derniers n’en furent pas offusqués : lunatique au possible, ils étaient habitués à la double personnalité d’Essnälth. L’après-midi avait beau toucher à sa fin, la chaleur n’en était pas moins forte. Habitué au climat de sa région, Ess n’était pas gêné, ainsi, il eut un sourire narquois en voyant deux voyageurs ôter leur surplus de vêtements, au bord du chemin remontant vers le nord. Probablement avaient-il traversés les bois humides, au nord, dit « Bois de la Pénombre ». Sans porter plus d’attention que nécessaire à ces étrangers, Ess bifurqua vers la droite, afin de descendre la petite pente menant à la plage. Déja, il pu constater que, non loin devant, d’autres habitants de la Baie se rendaient au même endroit que lui. Habituellement, il n’y avait pas grand monde sur cette plage-ci, du moins, en général, les gens préféraient les plages de la côte Est. Mais aujourd’hui était un jour particulier. Le capitaine Drazil, qui possédait pas moins de trois navires, revenait d’un long voyage. Entre son équipage nombreux et les femmes et amis qui les attendaient sur le continent, son retour était toujours un évènement. (Encore) une bonne occasion de se mettre la tête à l’envers entre habitants de Baie-du-Butin. La différence était que lors de cet évènement, la soirée se passait en dehors de la ville. Mais une autre différence avait son importance aux yeux de quelques uns, dont Ess lui-même. Les pirates adoraient les jeux et les tours de magie. C’était donc le rendez-vous des grands joueurs et hommes de spectacles, et Ess y avait aisément sa place. Joueur et prestidigitateur, on appréciait beaucoup sa présence, lorsqu’il prenait la peine de l’offrir. Et ce soir, c’était le cas.
« Hey… R’gardez qui v’la ! C’est le "King" ! Haha ! »
Le regard noir transperça l’homme qui venait de trahir sa présence. Ess parcouru les quelques mètres qui le séparait d’un des petits groupes installés sur la plage, et pu voir, en son centre, qu’une table avait été installée. Deux hommes, de part et d’autre de celle-ci, s’observaient. L’un était le sympathique aubergiste de Baie-du-Butin, mais l’autre, Ess ne le connaissait pas, ou peut-être l’avait-il croisé quelques fois, difficile à dire. On laissa le musicien s’avancer jusqu’au rang le plus proche de la table. C’est alors que l’homme assis, qui lui était inconnu, leva les yeux vers lui, avec un regard plus que désagréable.
« Voila donc le fameux… comment déjà ? Le « King » ? Ha - ha - ha. Croyez-moi, ce type ne vaut rien. »
Ess haussa les sourcils derrière ses grandes lunettes de soleil. Mais c’est stoïque qu’il sortit une cigarette du petit paquet que contenait sa poche. Toujours aussi tranquillement, il l’alluma, sous le regard du petit groupe qui attendait une quelconque réaction. Enfin, après avoir tiré une première et longue taffe, il lâcha, dans un souffle de fumée :
« Et voila donc le fameux… » Il leva la tête, faisant mine de réfléchir. « Le fameux rien du tout d’ailleurs, j’me trompe ? »
L’inconnu déglutit, mais ne montra d’autre signe de malaise. Sa peau était assez mâte, quand à ses cheveux, ils étaient longs et bouclés, bruns. Il avait l’allure d’un type du coin. Pourtant, Ess était certain qu’il ne vivait pas à baie-du-Butin. Mais plus il le regardait, plus son visage lui semblait familier. Peut-être venait-il de Cabestan…
« Hey, Ess, il arrive à faire ton tour de magie ! »
Le fameux tour de Ess. Celui qu’il était le seul à réaliser. Une « magie » que personne n’avait encore réussi à percer au grand jour. Ainsi, lorsqu’on entendit cette phrase, on retint son souffle, s’attendant à une quelconque réaction d’Ess. Mais rien. La nouvelle ne fit pas, ne serait-ce que frissonner le musicien. L’inconnu profita de ce silence pour reprendre.
« Et oui… Tu es loin d’être exceptionnel, c’est à la portée de tout les magiciens, ton tour… Tu représentes vraiment rien, t’es qu’une limace. »
C’était bien l’accent des Tarides. Ess, prenant une nouvelle taffe, leva enfin ses lunettes, pour les caler sur le rebord de son chapeau. Il pencha légèrement la tête sur le côté, fixant l’inconnu des Tarides de son regard assassin. Pourtant, c’est un léger sourire narquois qui vint étirer ses lèvres. Son regard devint alors plus profond, mais éclairé d’une étincelle de malice.
« Alors t'as fais tout le chemin depuis Cabestan, et choisis le jour le plus important de la saison, pour prouver à tout le monde que tu sais faire mieux – ou au moins aussi bien – qu’une limace ? Si c’est ce que je suis, alors tu dois être une des mouches visqueuses qui restent collées au sol derrière mon sillage brillant, mec. Ce qui explique - probablement - la raison pour laquelle personne te connais ici. Oh, a moins que ce soit ton manque cruel de class et de répartie, mais tu as de la chance, à la Baie, on est bon public.»
Quelques rires discrets vinrent briser le nouveau silence . L’inconnu était visiblement agacé, mais paraissait sûr de lui. Ess soupira et, après avoir tiré une nouvelle taffe, remis ses lunettes de soleil sur son nez et s’assis sur le tonneau, face à l’inconnu, après qu’on lui ait cédé la place.
« Avant que tu commence, je te propose un pari » Son regard pétilla légèrement « Histoire que ce soit un minimum intéressant. 50 pièces que je trouve le truc, et prouve que ton jeu minable n’a rien à voir avec le mien. » « Tu es trop sûr de toi héhéhé… Pari tenu. »
Ess observa alors avec attention l’inconnu. Ce dernier, faisant des grands mouvements théâtraux, tentait de captiver l’attention de Ess et de toute la foule, sur ses gestes, mais aussi sur les bêtises qu’il déblatérait. Le public regardait, Ess comprenait. Certes, l’autre était rapide, plutôt doué, mais au moment ou Ess aurait dû choisir laquelle des cartes retournées était la bonne, ce dernier se leva lentement, avec un sourire narquois. Puis d’un geste étonnamment rapide venant de lui, il empoigna la tignasse de l’inconnu avec force et lui plaqua brutalement la joue contre la table, faisant voler les trois cartes qui y étaient retournées. L’inconnu gémit de douleur et de rage , mais personne n’intervint, trop choqué, inquiet ou intrigué pour interrompre Ess dans un de ces rares moment où il avait une réaction flagrante.
« La carte est pas sur la table. Tu as le double des cartes sous ton col, et la mienne y est aussi. »
Ess lâcha l’inconnu et, sortant la carte de nulle part, la posa sur la table. C’était bien la carte qu’il était sensée retrouver parmi les trois retournées. L’inconnu porta une main sous son col : Elle n’y était plus, c’était bien la bonne qu’Ess venait de subtiliser, sous les yeux de tous. Sans un mot de plus, l’inconnu remballa ses cartes et, crachant au pied d’Ess, s’en alla en poussant ceux qui se trouvaient sur sa route. Ess soupira. Ses yeux las balayèrent la foule qui était restée autour de lui. Son regard s’arrêta sur une Elfe de Sang aussi aguichante que sexy, et tandis qu’il baissait ses lunettes le long de son nez pour mieux la regarder, il lâcha, lourd de sous-entendus :
Et tandis que le groupe s’emballait d’enthousiasme, Ess prit de nouveau place sur un tonneau, face à la table.
Deux personnes assises sur des tonneaux se faisaient face, séparés par une petite table. L’un était d’un certain âge, le visage et les cernes creusés par le vent maritime qui le fouettait depuis de longues années. Son vis-à-vis aussi sombre que mystérieux, aussi improbable qu’intriguant, le regardait fixement de ses yeux ténébreux. Son visage creux n’affichait aucun sourire, aucune expression, si ce n’est l’attente. Son chapeau, qui habituellement était décoré de trois cartes, - deux rois et un as – n’en arborait aucune. En revanche, une cigarette y était coincée, dont la fumée s’élevait paresseusement, parfois troublée par la brise tournoyante qui accompagnait l’arrivée discrète de la lune, relève de l’astre solaire. Sur la table, entre les deux hommes, trois cartes étaient simplement posées, face visible.
« Deux rois, un As. A toi de le trouver. »
Et d’un geste gracieux, qui contrastait étrangement avec les mains cagneuses et l’allure du personnage, Ess ramassa les trois cartes. Il les fit alors circuler entre ses mains, puis entre ses doigts, de façon à ce que seul lui les voit, la manipulation était certes agile, experte, mais étrangement lente. Il posa les trois cartes sur la table, face cachée. Il était évident que tout le monde avait suivi l’As des yeux. La bonne carte était, sans aucun doute possible, celle du milieu. C’est d’ailleurs le choix que fit le pirate. Ess la retourna lentement, sans afficher la moindre expression sur son visage. Mais à la surprise générale, c’est un Roi qui fit surface. Ess retourna l’As, à gauche, sans détourner son regard du pirate. Il afficha alors un sourire malicieux lorsque l’homme jeta 10 pièces d’or sur la table en se levant, sous les commentaires à la fois agacés et admiratifs de la foule. Quelques autres tentèrent leur chance, mais sans parvenir à trouver l’As. Ess allait plus ou moins rapidement, maîtrisant son art peu importe la vitesse. Les cartes dansaient entre et contre ses mains, glissant le long de ses doigts, avec souplesse, énergie, et rythme. Et à chaque coup, l’As ne se dévoilait qu’à Essnälth. Certains exigèrent même qu’il change de cartes, qu’il en emprunte à quelqu’un, mais qu’à cela ne tienne, Ess n’était pas contrariant. En revanche, c’est contrariés que ce genre de clients quittaient sa table, pourtant persuadés que le secret venait de là. Mais non, toujours pas.
Après s’être rempli les poches grâce aux gains de son tour, il décida d’arrêter, voyant, plus loin, qu’une foule importante fêtais pleinement le retour des pirates : des sons électriques émanaient d’un « poste radio », encore une invention gnome. Et les gens dansaient. Ils étaient partis pour danser une bonne partie de la nuit. C’était bien là le jeune peuple de Baie-du-Butin : insouciant, fêtard, quelque part détaché de tout ce qui pouvait se passer en Azeroth, tant que le commerce n’en souffrait pas. Le peuple n’avait que faire de l’expansion de la Croisade, ou des troubles qui agitaient la terre et l’esprit des chamans. Tant que commerce et fête étaient faisable, tout allait pour le mieux. Et Ess faisait partie de ce peuple. Il marchait à travers la foule, sentant l’énergie que dégageaient ces corps agités. La foule exultait. Il bousculait et poussait ce qui étaient sur son chemin, tandis que son regard balayait la zone, à la recherche de quel qu’un, ou… plutôt de quelque chose.
Ah. Voila. Un sourire apparût sur ses lèvres, tandis que son regard se faisait d’une attirante sauvagerie. Séducteur, Ess s’approcha d’une jeune femme. Face à lui, elle le jaugea du regard et, semblant apprécier ce qu’elle voyait, le laissa approcher. Bien que ce ne soit pas la plus belle créature, la jeune femme avait un certain charme sauvage, s’alliant parfaitement avec la tenue de pirate au large décolleté qu’elle portait, et à la dague coincée dans sa ceinture de soie. Malgré cette tenue, la jeune femme s’autorisait à porter de nombreux bijoux, probables vestiges des conquêtes que son équipage avait fait ces derniers mois. Poignets, cou et oreilles scintillaient d’or et de diamants, rendant sa beauté plus éclatante. Ess s’approcha plus près encore, marchant en rythme, sans pour autant danser. Il tourna lentement autour d’elle, assez près pour qu’elle s’intéresse à lui, assez loin pour que naisse en elle le désire qu’il s’approche encore plus. Sentant leurs vibrations mutuelles, leur attirance physique, leur désir naissant, les deux humains se rapprochèrent ensemble. Le jeune brun effleura le bras de la pirate qui frémit. Elle colla son dos contre son torse, qui, sous les tatouages, portait encore les marques d’une musculature de guerrier. Doucement, ils se mirent à danser l’un contre l’autre, plus lentement, plus sensuellement que ce qu’entraînait le rythme de la musique électrique. La jeune femme, bien qu’elle essayait de ne pas le montrer, était totalement sous le charme du brun ténébreux. Il fallait dire qu’Ess était un homme à femmes, encore plus depuis qu’il commençait à côtoyer la célébrité. Plus arrogant que jamais, l’image qu’il avait de lui (ou du moins qu’il semblait avoir de lui) se reflétait dans les yeux de celles qui se risquaient à l’apprécier.
Ses doigts cagneux couraient maintenant le long de ses bras frémissants, ses poignets fins, pour s’entrelacer avec les siens de façon sensuelle et passionnée. Leurs corps se mouvaient ensemble, l’un contre l’autre. Quant à ses lèvres fines et sa langue terriblement attirante, elles glissaient le long de son cou, pour remonter sur sa nuque, et finir, d’un côté comme de l’autre, chatouillant le lobe de l’oreille. La jeune femme était transportée. Ne répondant qu’aux caresses du dangereux séducteur, elle était dans un autre monde, fait de passions et fantasmes. Mais lorsque la musique changea, lorsque le rythme qui la guidait devint autre, elle ne pu remarquer, que trop tard, que son partenaire n’était plus là. Envolé.
A quelques mètres de là, caché par la foule agitée, Ess s’éloignait de celle qui avait été sa proie l’espace de longues minutes. Sourire goguenard, regard malicieux, il entrouvrit la bouche en approchant sa main de celle-ci, tandis que sa langue laissait tomber les boucles d’oreille de la pirate. Son collier et ses bracelets, eux, étaient déjà depuis longtemps dans ses poches. Oh , bien-sûr , il aurait pu profiter de cette soirée pour prendre tout ce que cette jeune femme était prête à lui offrir, mais, exceptionnellement, il n’avait pas goût à cela. Du moins, pas tout de suite. Il était venu ici pour se faire du fric, c’était chose faite.
Désormais, il n’avait qu’une envie : se détruire. La cigarette ne lui suffisait pas, évidemment. Ess avait un ardent désir d’autodestruction, depuis toujours. Un de ses plus grands plaisirs était de savoir qu’il se faisait du mal, qu’il pervertissait cette chair, ce sang, qu’il se contaminait, et qu’il allait mourir par sa propre main. Il aimait voir son corps souffrir, sa tête hurler sous les coups de la douleur, ses poumons cracher au moindre effort. Il s’auto-détruisait, et rien ne pouvait lui donner un plus grand sentiment de puissance.
Il n’eut aucun mal à se procurer du Rik, et insista pour que le dosage lui pète les neurones en quelques gorgées. Bouteille à la main, il s’éloigna de la foule. Et dans la nuit désormais noire, le « King » disparu, et c’est la véritable condition de Ess qui repris le dessus. Il n’y avait plus de carapace, plus de jeu, plus d’image. Il était lui-même, torse-nu, les pieds dans l’eau, noyé dans l’obscurité de la nuit, dans les ténèbres de ses démons. Il porta le goulot à ses lèvres, sa langue s’immisça dans l’interstice de verre, tandis que le liquide se ruait sur elle, comme l’apocalypse sur le monde.
L’explosion d’un volcan. La lave coulait dans sa gorge, brûlait son estomac. Un tonnerre implosa dans son cerveau. Comme un pied de biche brisant une vitre, les parois de son crâne s’explosèrent. Ess leva la tête vers le ciel. Les étoiles, bien distinctes, devinrent très vite de vagues et larges points blanchâtres. Et elles bougeaient. A chaque nouvelle goulée, elles dansaient, astres fous d’un univers sans aucune limite.
Sans s’en rendre compte, Ess était tombé. Ce n’est que la sensation glacée de l’eau sur son crâne brulant qui lui indiqua cette information. Son cerveau, difficilement, se rendit alors compte que son corps entier était à moitié trempé dans l’eau. La glace recouvrait le feu intérieur. Il sentait tout son être succomber sous l’apocalypse des éléments. Son estomac souffrait, son cerveau hurlait, ses yeux étaient aveuglés tandis que ses oreilles étaient prises de surdité. Seul son sens du touché était encore en évéil, quoi qu’atrophié par la température glacée de l’eau et du vent. Machinalement, il porta son autre main jusqu’à ses lèvres asséchées par le torrent de feu. Elles vinrent pincer un petit bâtonnet fumant, déjà bien consumé. Et, sur le dos, à moitié dans l’eau, c’est en regardant les étoiles danser qu’il se laissait lui aussi, obéissant à son désir ardent, doucement se consumer.
Dernière édition par Essnälth le Mer 21 Sep - 16:53, édité 1 fois
Dastaël Yeux-Éteints
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Mar 20 Sep - 23:03
C'était une explosion de sons, un crépuscule en couleurs. De la berge jusqu'aux roches qui soutenaient la ville et ses remparts, des flammes embrasaient et léchaient leurs bûchers de bois, autours desquelles s'enflammaient des danseurs écrasés par une musique retentissante. De ça de là, quelques musiciens venaient enchanter l'atmosphère de leurs folkloriques instruments, l'iode marin respiré se trouvait amalgamé aux effluves d'alcools et de tabacs, d'aisselles moites et de cheveux huilés. Partout, une ambiance scabreuse et décadente qui s'accordait parfaitement à la nuit tombante. On y sentait le vin millésime, les quartiers de gibiers mis à mariner, les chanterelles sur les claies, le sable encore brûlant. S'entendait les rires et les cris des saouls, le bruit d'autres qui se querellaient. Et au milieu du spectacle lascif se tenait Dastaël, tâche noir du tableau, dans sa robe sombre brodée de vermeille. Ses cheveux noirs épousaient la courbe de ses joues blanches, une moue circonspecte était coincée sur ses lèvres alors que, sans l'esquisse d'un mouvement, parfaitement immobile, son regard blanc arpentait chaque gestes, chaque faits de l'homme seul. Loin des autres et enracinée au sable, quelques yeux avisés s'étaient posés sur son atypique silhouette, mais l'elfe ne faisait attention qu'à celui supposé être Essnälth. Il n'y avait dans son regard ni appétence ni haine. La convoitise n'était pas encore à l'ordre des choses. Elle ne contemplait pas la courbe de son dos que la vue lui offrait à loisir, ni la rondeur des épaules de sa silhouette carrée. Ce qu'elle voyait marcher, silencieux et esseulé, était simplement un médiateur qui, elle n'en doutait pas, lui donnerait satisfaction.
Dastaël n'avait pas fait les recherches qui auraient été nécessaires pour le trouver : opiniâtre, le chemin qui l'avait mené jusqu'à lui s'était tracé de lui même - merci pour elle. Mais la débauche était ce qui revenait le plus souvent dans les bouches de ses quelques corbeaux d'informateurs. L'Humain jouait d'un instrument devant lesquelles beaucoup de jeunes filles ou femmes s'affriolaient, et à en croire les on-dit, celui-ci s'adonnait aux pratiques condamnables et plus ou moins illicites : son commerce marchait pourtant. A la vérité, la démoniste s'était attendue à avoir à faire à un débrouillard malgré tout ses vices. A moins d'un destin généreux ou d'une chance insolente, le médaillon ne pouvait pas tomber entre n'importe quelles mains, dussent-elles d'ailleurs en connaître l'existence. Elle se demandait encore par quel moyen celui-ci était arrivé à en dénicher un, et la façon dont elle s'y était prise pour s'emparer du sien lui vint brièvement en tête. Si Faranell n'avait pas été son possesseur, ce dernier aurait eut l'espérance de vie courte, assurément. Quoiqu'il en soit, elle portait désormais à son cou une chaine maudite et un pendentif relevant d'une magie mortelle. Elle sentait sa puissance comme une effluve nauséabonde : ses propres dispositions arcaniques empêchaient un quelconque envoutement sur elle, cependant lorsqu'elle croisait l'inhumain regard de chacun des démons qui le regardaient avec insistance, elle percevait l'envie et la douleur qui en découlait. Beaucoup de choses pouvaient dépendre d'eux une fois réunis, et ce soir, Dastaël comptait sur ses capacités et celle d'Hadrah pour arracher à cet homme ce qui lui appartenait désormais.
Il tomba. Son corps s'était dérobé devant ses yeux presque aveugles : la chute n'avait pas été amortie par le sable, et la bouteille qu'il tenait en main vint rouler plus loin, emportée par l'écume. L'elfe haussa un sourcil vaguement intéressé par la situation. Seul, voilà que l'insondable et taciturne musicien et trafiquant faisait tomber les masques, se révélant sans le savoir au regard voilé de Dastaël qui, désormais presque intriguée, observait minutieusement sans intervenir. De longues minutes passèrent; il ne se relevait pas. Derrière elle, dissimulé sous les épaisses frondaisons des arbres tropicaux, Hadrah jappa d'impatience, et la jeune femme daigna alors s'avancer. Derrière ses pas mesurés, un pan de sa robe trainait, sale. Les quelques mètres qui les séparaient de leur rencontre se retrouvèrent rapidement comblés, et, avec souplesse, la démoniste courba l'échine au dessus de son visage, le saisissant derrière les aisselles dans l'optique de le ramener sur le sable sec. Elle le traina sans ménagement, grimaçant seulement de l'odeur d'alcool rance dont il suintait. Lorsqu'elle les jugea assez loin de l'océan, elle le lâcha brusquement, se releva avec une grimace contrariée, et s'en fût à ses côtés. « Tu auras tout intérêt de reprendre tes esprits dans les minutes qui suivront, Essnälth. » souffla t-elle d'une voix caressante mais sans appel, accroupie à côté de son flanc droit, son regard cherchant celui, noir et aux antipodes du sien, de son interlocuteur. Sans un sourire, elle lui insuffla, les lèvres entrouvertes et purpurines, les prémices d'une peur appelée par la magie qu'elle maniait. Sous la lumière lunaire, elle ne pouvait discerner de son visage que les joues creuses et le semblant de barbe qui, s'il lui donnait d'ordinaire un air de don juan, lui faisait étrangement défaut : tout du moins, Dastaël ne trouvait pas ici un visage d'une beauté animale qui lui avait été décrite, mais un charme abimé par ses cheveux secs qui lui collaient au cou et aux temps, sur sa peau halée et trempée. Du reste, l'elfe constatait sans s'émouvoir : les charmes masculins ne l'ébranlaient plus, comme lasse, et elle n'avait qu'une préoccupation en tête : le médaillon.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Mer 21 Sep - 16:46
Tourne. Tourne encore et encore, plus vite. Les yeux semi-clos, la bouche entrouverte laissant s’échapper un filet de fumée, Ess était véritablement transporté. La seule chose dont il avait conscience, la seule chose qu’il ressentait désormais, c’était son cerveau, qui semblait repousser sa boite crânienne, comme pris d’un ardent désir de liberté. Mal. Cela lui faisait mal. Mais tellement de bien à la fois. Aussi contradictoires que Ess le brun lui-même, ses ressentis, également comme lui, ne connaissaient pas de demi mesure.
Et alors qu’il planait à des années lumières de cette plage, de ce monde, il ne réagit aucunement en voyant, vaguement, un visage flou se pencher au dessus de lui. Il ne réagit pas plus lorsqu’il se sentit être déplacé. Si la moindre capacité de réflexion s’animait en lui, elle se demanderait probablement par quelle magie il était capable de léviter ainsi, couché sur le dos. Peu importe.
Il ferma les yeux, les étoiles dansantes commençant à réveiller le monstre terré dans son estomac, fais de nourriture malsaine, de pellicule de cendres et d’alcool. Il s’agitait, frappant contre les parois de son ventre, tandis que les vibrations remontaient jusqu’à la gorge. Nauséeux, il déglutit, tentant de noyer le monstre dans sa salive. Il resta immobile une seconde, tentant de faire passer la sensation et l’envie de recracher ses tripes. Tandis que la vague information selon laquelle il pouvait se retenir de vomir atteint son cerveau, soulagé, Ess rouvrit mollement les yeux, et vint de nouveau tirer une taffe sur sa cigarette, qu’il jeta d’une pichenette avec un «pfiouuuuu » aiguë échappé de ses lèvres. Il haussa alors les sourcils, prenant soudainement un air ahuri que seul le Rik était capable de faire surgir. Il entendit vaguement une voix, mais ni ses oreilles ni son cerveau n’étaient en état d’analyser une quelconque information. Contre toute attente, c’est un son lent, faible mais musical, qui s’échappa de ses lèvres asséchées :
« Yo… ho… quand sonne l’heure… Hi…ssons noooooos couleeeeeurs... »
Difficile de savoir, dans l’état dans lequel il était, comment faisait-il pour se rappeler des paroles d’une chanson qu’on chantait souvent ici, lorsque les Pirates étaient de retour, bières en main.
Mais alors que tout semblait être tranquille dans son esprit, il fut soudain prit d’un sentiment étrange. Comme un mal être, bien différent du mal de crâne ou de son corps engourdi. Est une question obséda alors tout son être. Et si une armée de crabes venaient le dévorer vivant ?
Pris de peur panique, Ess se leva d’un bond, mais une fois sur ses pieds, ne pu s’empêcher de joindre les deux mains à ses tempes, face à l’assault brutal de son cerveau, face à ce relèvement trop brusque. Essuyant un vertige aussi court qu’immédiat, le drogué se mit à courir en direction de la foule . Il devait faire vite, car si le sable devenait mouvant, il pourrait y laisser sa peau. En plus de ça, il était certain que la probabilité qu’une météorite s’écrase dans la mer et crée un tsunami sois très élevée. Courant comme si la fin sur le monde le poursuivait, il arriva (Dieu sait comment) jusqu’à un petit stand. Il était sur excité bien qu’apeuré, comme si il avait pris un autre genre de drogue dur. Sautillant sur place et secouant la tête, il lâcha, d’une voix forte, attirant plusieurs regards sur lui :
« Marco ! Vite ! Passes moi du Stinns !!! »
Le dit Marco, derrière le stand, jeta un regard sceptique (comme la fosse) à Ess.
« Hey ben… T’a l’air de faire un mauvais trip mec, je t’ai vu plus résistant que ça… » "Viiiiiiite ! »
Et sans attendre que l’autre ne bouge, Ess sauta s’appuya d’une main sur le stand et bondit par-dessus. Une fois de l’autre côté, il se baissa avec énergie et s’empara d’une fiole très reconnaissable. Rose fluo, pétillant, le liquide qu’elle contenait était surnommé « Stinns ». Cette formidable potion, inventée par un alchimiste alcoolique portant le même nom, était LA potion de fin de soirée : En effet, elle permettait – quasi immédiatement – de supprimer les effets de presque tous les alcools et drogues. L’inconvénient était qu’elle donnait un mal de tête à se l’éclater contre le mur, et une envie d’uriner cinq fois plus importante que la moyenne. Ess fit sauter le bouchon de liège et avala cul-sec la potion, sous les protestations du serveur. La boite crânienne en feu, Ess fut obligé de lâcher la fiole qui s’enfonça mollement dans le sable. Encore légèrement sous l’influence de la drogue diluée dans le Rik, Ess se pencha violemment pour se taper le crâne contre le stand en bois, et se releva illico comme si de rien n’était, les cheveux on ne peut plus en vrac et le front rougeâtre. Si le choc avait été un peu plus bas, nul doute qu’il se serait relevé avec une dent en moins. Peut-être aurait-il pu rivaliser alors avec le sourire ravageur et ravagé de leur nouveau bassiste.
Quoi qu’il en soit, la merveilleuse potion fit très vite son effet, et mise à part les deux effets secondaires qui commençaient à se faire sentir, tout était redevenu à peu près normal. Ess, l’esprit un peu plus éclairé, se rendit alors compte de la bêtise qui venait de le prendre. A vrai dire, il ne comprenait pas ce mauvais trip, cette peur panique soudaine. Pourtant, il avait déjà été dans de pires états… certes, le Rik était fort, mais Ess avait l’habitude de cette boisson-drogue, et assez pour savoir qu’elle n’était pas sensée produire ce genre d’effets. C’est alors que lui revint en tête l’image d’un visage penché au dessus de lui, et d’une voix lointaine. Quelqu’un l’avait rejoins sur la plage, juste avant qu’il ne pète un câble. Quelqu’un l’avait-il drogué ? Une pilule glissée entre ses lèvres et le tour été joué… Ne trouvant, à cet instant, que cette explication plausible, il jeta un regard vers la plage. Mais avec la nuit, seuls les feux de bois éclairaient, et l’eau en était assez éloignée. Contournant le comptoir en ignorant les questions de Marco, il ramassa son chapeau tombé dans la bataille, et s’approcha de l’eau, suspicieux, ses pieds faisant crisser légèrement le sable sous ses pas, loin de la fête et de ses bruits. De ce qu’il avait pu « capter » alors qu’il était drogué, c’était une femme qui l’avait approché. Aless… ? Azuka… ? Toutes deux étaient bien capables de le droguer, juste pour se foutre de lui ou le ridiculiser. Oui, ce devait être l’une d’elles. Les cherchant du regard, il fut surpris et agacé de ne les voir nulle part. En revanche, il aperçu sa bouteille de Rik qui flottait non loin de là. Enfin, non loin, mais Ess connaissait bien cette plage, le sol descendait très vite. Evaluant la distance, il soupira et se dit qu’un fond de Rik valait bien qu’il se trempe jusqu’à la ceinture, tant pis, il sècherais. Serrant les dents sous la température très froide de l’eau, le jeune homme entreprit donc d’avancer jusqu’à la bouteille, bravant le froid dans l’optique de se réchauffer dans quelques minutes avec le précieux liquide, au coin du feu de bois, avec une belle créature dans les bras. Oui, c’était un programme plaisant, si on mettait de côté le mal de crâne, l’envie de pisser, et le fait que quelqu’un avait probablement essayé de le droguer, pour des raisons obscures. Mais alors qui’il posait la main, enfin, sur la bouteille à la mer, il sentit tout d’un coup une présence juste derrière lui, tandis que, sans qu’il ne puisse l’expliquer, un étrange sentiment de malaise s’installait en lui.
Dastaël Yeux-Éteints
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Jeu 22 Sep - 0:59
« Yo… ho… quand sonne l’heure… Hi…ssons noooooos couleeeeeurs... »
Déconcertée, elle se redressa sitôt, haussant un sourcil. Il cracha une fumée mêlée aux relents d'alcool, ses paupières assoupies s'animèrent d'un battement. Au creux de sa Fossoyeuse, terrée parmi les morts taciturnes, jamais Dastaël n'avait eut à faire à ce genre d'énergumène. De sa peau mâte cirée de sueur, crasseuse, elle observait d'un œil circonspect chaque contour de son visage pour mieux le sonder. Son regard voilé d'une opercule alcoolisée, sa peur, latente mais qui commençait à poindre dans son agitation nerveuse, le râle de sa respiration : était-il possible qu'un homme comme celui-ci puisse être en possession d'une relique si importante ? Elle ne souhaitait plus s'en étonner. Sans la voir, Essnälth se leva brusquement, tant qu'elle recula, aux aguets. Pendant un instant, elle ne savait que faire, et Hadrah semblait s'impatienter de son ignorance : de fait, l'Humain commençait déjà à courir le sable de ses pieds nus, sans n'avoir jamais considéré celle qui venait de l'alpaguer. Était-ce la Peur, l'alcool, la drogue ? « Il reviendra de lui-même. » lâcha l'elfe à voix haute, alors que le démon s'apprêtait à se lancer sur ses traces. Loin l'un de l'autre, elle savait qu'il l'avait entendu. Tout redevint calme. L'homme avait disparu de son champ de vision depuis longtemps. Elle ne discernait que trop mal les détails les plus gros pour savoir où il s'était caché, apparemment terrorisé et sans ses esprits. Devait-elle le chercher ? Non. A quoi bon, du reste, sa faiblesse était la foule omniprésente. La démoniste s'emploierait seulement à la patience, respirant l'air chaud dans un rythme calme et régulier, appréciant sur son visage le faible vent qui, parfois, venait de l'océan. La nuit, à Tirisfal, n'avait pas de terme. Basse, humide, percée parfois par le hurlement strident des loups dévorés par la peste, jamais Dastaël, dans ses lugubres apanages, n'avait su l'apprécier, bien qu'elle demeurait éperdument satisfaite de la demeure souterraine de Sylvanas.
Cette nuit là, pourtant, était différente. Une nuit de fin d'été, où l'eau reflétait sur ses ressacs agités la lumière de la lune, où la chaleur la berçait comme un linceul, remplaçant la froide humidité des roches érodées de Fossoyeuse. Elle expirait lentement ; dans sa quête de survie, elle en oubliait presque de vivre. Ses affaires marchaient bien : il y avait toujours un commanditaire près à payer le prix fort pour voir sa bête noire éliminer, et Dastaël assassinait proprement : mort d'effroi, de douleur, pas de sang. Ses enchantements, quoique banals, se trouvaient être de qualités également, bien que l'on se demandait ce que, derrière ses établis où trônaient un capharnaüm sans nom, elle pouvait bien fabriquer avec les cadavres qu'elle rapportait parfois, sans ciller. A la vérité, son malaise grandissait toujours un peu plus. Dji'ean s'était targué en ami : il était un cadeau empoisonné, qui s'emparait d'elle toujours un peu plus avec force, dévorait son âme en y imposant une profonde mélancolie, s'emparant de tout ce qui faisait d'elle un être de chair, de sang, de souffle. Il l'avait réduit à sa merci, l'aveuglant pour qu'elle ne puisse se passer d'un guide, il l'avait donné en pâture aux démons qu'elle semblait servir, et elle n'en était pas dupe pour autant. Il allait arriver, le moment maudit, où lorsqu'elle serait au pas de la mort, sa dette devra être payée. Et qui sait ce qu'il adviendra d'elle lorsque cela arrivera. Ses recherches dans les pierres d'âmes étaient un misérable palliatifs qui faisait office de sursit : et si ? Et si elle arrivait à braver la mort, à enfermer l'âme pour mieux la délivrer le moment venu, s'il n'était pas trop tard pour sauver la sienne, celle de Sylvanas ? La brune n'avait jamais été un bon samaritain : elle œuvrait pour les autres à condition d'argent et n'avait pas le cœur attendrit. Et les cadavres qui s'empilaient, pourrissants dans leurs linceuls, étaient le tableau de ses échecs. Peut-être à quelques reprises certains d'entre eux avaient eu le droit à un ersatz de vie, mais ils mourraient une nouvelle fois aussitôt, entrainant dans leur chute l'espoir toujours un peu plus mince de leur bourreau. Quand on a plus rien à perdre, on ne prend pas la peine de gagner quoique ce soit.
Un grognement qui résonna dans son encéphale et sa poitrine la tira de ses froides pensées. Dastaël releva son visage, alors qu'elle aperçu derechef, toujours dos à elle, l'humain convoité. Ses mouvements étaient moins chaloupés, plus francs. Il avait l'air d'avoir repris ses esprits, et l'elfe pouvait alors s'attendre à une réaction normale et proportionnelle à ce qu'elle s’apprêtait à lui infliger. Trop de temps venait d'être perdu par sa faute : un temps qu'elle n’appréciait guère sacrifier. Alors, quand il s'enfonça de nouveau dans l'eau, la jeune elfe lui emboita le pas, silencieusement, sa nuque pour seul point de repère. Elle s'arrêta simplement lorsque les vagues vinrent s'insinuer sous ses pieds, léchant sa peau en un frisson merveilleux. Chez le commun des mortels, que voulait dire un tel comportement ? Des humains, elle en avait côtoyé. Pire, elle en avait aimé. Un sentiment honteusement puissant, terrible. Effrayant. Mais lui n'avait rien à voir avec ce qu'elle avait dans ses souvenirs. Était-il fou ? Probablement, sinon comment expliquer une telle réaction. « Essnälth. » souffla t-elle, fantomatique dans sa robe noire, son visage blême dérobé par les cheveux qui lui battaient les joues sous le vent marin. Elle appesantit sur lui un regard neutre, attendant qu'il daigne se retourner. D'abord, il ne lui présenta que son dos, immobile dans son geste, mais leurs regards ne tarda pas à se croiser. Violemment. Sans un sourire, Dastaël continuait de le regarder. « Viens avec moi. » à peine audible, comme un chuchotement glacial. Comme si l'ordre était trop inattendu pour susciter une réaction immédiate, elle l'accabla, encore. Peur. Cette fois-ci si violente qu'elle en sentait les frissons : la démoniste ne voulait plus plaisanter. « Dis moi où tu as caché le collier, Essnälth.» inlassablement, elle répétait ce nom comme une mélopée. Sans ciller, elle ravala son sort pour lui laisser l'esprit sans encombres. La partie venait d'être engagée : un sentiment étrange s'empara d'elle.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Jeu 22 Sep - 14:40
« Essnälth. »
Un violent frisson parcouru l’échine du jeune homme, tandis que, la main posée sur la bouteille qui flottait devant lui, il s’immobilisa. Il pouvait presque sentir ce souffle bas qu’il entendait. C’était comme si la plage, la fête, comme si tout cela avait disparu. C’était comme si il n’y avait plus que lui, l’eau, et cette présence aussi dérangeante qu’inquiétante. Intrigué comme jamais, sur ses gardes, il se retourna lentement, faisant glisser la bouteille à ses côtés, mais la laissant flotter près de lui. Ce qu’il vit ne provoqua aucun étonnement en lui. Les sensations qu’il venait d’avoir, le mal-être soudain, ils venaient de prendre forme devant lui. La jeune femme qu’il voyait était la parfaite incarnation de l’atmosphère ténébreuse qui les entourait désormais. C’était comme si il n’y avait plus de plage, plus de fête, plus de bruit, plus rien. Juste elle.
Elle, une Elfe de Sang au teint aussi pâle que ses grands yeux gris clair, quoi qu’éteints. Ses cheveux étaient longs, aussi noirs que ceux d’Essnälth. Mais tandis que les siens reflétaient la lumière lunaire, ceux de la jeune femme étaient ternes. Sa silhouette était fine, elle n’échappait pas aux caractéristiques de sa race. En revanche, jamais le musicien n’avait croisé de pareil créature. Les Elfes de Sang avaient le sang chaud, c’était une race fière, impulsive, pleine de vie. La Dame qui lui faisait face, elle, était si sombre, si éteinte, que Ess eut un instant un doute, se demandant si elle n’était pas née-deux-fois. Et pourtant, non. Aussi ténébreuse soit-elle, on sentait toujours la vie en elle. Elle semblait si fragile, pourtant, le jeune homme était certain qu’elle était redoutable. Sa présence seule suffisait à le déstabiliser, lui qui avait toujours toutes les cartes en main, lui qui était toujours le Roi de son propre jeu. Ce sentiment de mal-être, il ne l’avait ressenti qu’une seule fois, auprès de Deliantha Nightwing. Et c’est pour cette raison qu’Ess était encore plus sur ses gardes aujourd’hui. Tout deux se défièrent du regard. C’était comme si, rien que par lui, ils pouvaient se désarmer l’un l’autre. Tout deux essayaient de lire, de comprendre ce qui habitait l’autre. C’était comme si le temps s’était arrêté.
« Viens avec moi. »
Cela n’avait beau être qu’un souffle, Ess l’avait entendu très distinctement, car à cet instant, même l’eau respectait ce silence, comme si elle aussi n’osait faire un seul mouvement. Seul le vent, de temps à autre, venait glisser sur cet instant intemporel. Le jeune homme ne répondit rien, la défiant du regard de façon encore plus accentuée, mais à cet instant, un nouveau et violent frisson vint le reprendre. Alors, toute lumière sembla disparaître, alors qu’aucun nuage ne venait étouffer la clarté de la lune. Ess était conscient que c’était son esprit qui venait de le plonger dans ces nouvelles ténèbres, où seule la peau blanchâtre de la Démoniste l’éclairait. Il se mit à trembler, sans pour autant pouvoir la lâcher du regard. Démoniste. Oui. Il venait de comprendre. Car cette sensation, ou plutôt cette magie qui le manipulait, il la connaissait, pour y avoir déjà été confronté dans sa jeunesse.
Dans son esprit corrompu, tout ce qui l’entourait disparu, pour laisser place à une scène dont il se souvenait parfaitement. Dans le camp d’entraînement d’Hurlevent, deux jeunes hommes s’affrontaient, entourés d’un groupe constitué d’élèves et de maîtres. Les deux duellistes devaient avoir une quinzaine d’année. L’un portait une longue robe noire et rouge, et son visage était caché sous l’ombre d’un capuchon. A ses côtés, un jeune diablotin s’agitait. Face à lui, le second jeune homme portait une vieille armure de maille, et tenait à deux mains une épée visiblement trop lourde pour lui. Son visage était dur, les joues creuses, la mâchoire serrée, mais on ne lisait pas de détermination dans ses yeux. On le vit attaquer le jeune démoniste, mais après deux ou trois passes, le jeune guerrier tomba à genoux, le dos brûlé par les flammes du démon. Il porta ses mains à ses tempes et ferma les yeux, comme pour ne plus voir ce que son esprit lui imposait désormais : tout était noir autour de lui, et des flash l’assaillaient en masse. Il y voyait une femme, aussi brune et mate que lui, quitter violemment une maison. Il voyait son père hurler, serrer le poing en le fusillant du regard. Il voyait ce même homme le jeter à terre pour le cribler de coups de pieds d’une rare violence. Le jeune guerrier, au pieds du démoniste, tremblait, ses mains agrippant ses propres cheveux, tandis que des larmes humidifiaient le coin de ses yeux. Son père arriva alors et, fou de rage, le releva par le col et le traina hors du camp comme un vulgaire animal.
Le jeune homme de vingt-sept ans ouvrit les yeux, ces derniers s’étant fermés sans qu’il ne s’en rende compte. Peu à peu, les images quittèrent son esprit, et la mer, la lune et la plage revinrent caresser sa vue. Elle était encore là. Celle qui était responsable du resurgissement de ces souvenirs. Immobile, elle le fixait toujours, ce qui indiquait à Ess qu’il n’avait dû rester dans ses songes que quelques secondes. Désormais, il comprenait. Elle aussi était démoniste, et pour la deuxième fois de sa vie, le jeune homme avait été victime du sort de Peur dont ils étaient capables. Deuxième fois ? Non. Ess comprit que la peur-panique qu’il avait éprouvé sur la plage un peu plus tôt était également dû à la magie démoniaque de l’Elfe. Son sort lui avait semblé si puissant cette première fois… Pourquoi, il y a quelques secondes, il n’avait ressenti qu’un frisson, bien que des images douloureuses de son passé avaient refait surface ?
« Dis moi où tu as caché le collier, Essnälth. »
Un ordre ? Si il n’y avait bien qu’une seule règle dans la vie du jeune homme, c’était celle de ne jamais obéir à un seul ordre. Essnälth était totalement libre, rien, jamais rien ne pourrait entraver cette liberté. Et nul n’était en droit de lui donner un ordre. Le regard intrigué d’Ess se transforma lorsqu’elle termina sa phrase, pour devenir plus dur, plus agressif. Son père avait passé sa vie à lui donner des ordres, à le traiter de chien. Oui, Ess n’était qu’un chien, mais il était un chien enragé, qui n’avait aucun maître.
Mais tandis qu’il s’apprêtait à répliquer, il comprit soudainement. Il compris, avec cette pensée pour son père, pourquoi le second sortilège de Peur de la démoniste n’avait pas aussi bien marché que le premier, ou que celui qu’Ess avait subit quand il était jeune.
Quand il était jeune. La clé était là. Avant son émancipation, Essnälth était l’esclave de son père. Il vivait dans la peur, la peur de ne plus revoir sa mère, la peur de n’être qu’un minable, comme lui disait sans arrêt son père, et surtout, la peur de ce dernier, de ses mots, de ses actes, de ses coups. Essnälth compris le fonctionnement de la magie démoniaque. Elle se nourrissait des peurs profondes des êtres pour, simplement, les faire ressurgir.
Mais ce que l’Elfe ignorait, c’est qu’elle avait face à elle un être bien particulier. Ess avait tout perdu : sa mère, la présence d’un père, d’amis, d’amour. Il avait même perdu son amour propre, même si il aimait faire croire le contraire en se surnommant lui-même le King. Ess n’était rien et n’avait rien. A partir de là, de quoi pouvait-il bien avoir peur ? De perdre quelqu’un ? Il n’avait personne. Bien-sûr, la vie serait moins divertissante sans Thaanös, mais il n’avait pas peur de le perdre. Si tel était le cas, tant pis. Quand à la peur de la mort, cela faisait bien longtemps qu’Ess ne la ressentait plus, et jouait avec la mort elle-même en meurtrissant son corps et son esprit.
Cette évidence dessina sur le visage si noir du jeune homme, une nouvelle expression. Un sourire narquois. Un regard provocateur. Et une évidence que Dastaël, par cette expression de victoire, pouvait deviner : Il n’avait peur de rien. Arrogant, insolent, Essnälth bougea enfin. Doucement, il s’avança vers la jeune Elfe, qui resta de marbre, le regard assassin. Il s’arrêta tout près d’elle. Trop près d’elle.
Et alors qu’il plongeait ses yeux d’ébène dans les siens avec un regard mêlé de provocation et de haine, il lâcha en un souffle, d’un rictus insolant, insultant, et lourd de sous-entendus:
« J’adorerais que tu me passes sur le corps pour me le dérober. »
Et laissant glisser sur elle un regard narquois, il la dépassa, l’abandonnant derrière lui. Bouteille à la main, il marchait dans l’eau, remontant vers la plage. Ess se sentait puissant, car la Peur ne pouvait plus l’atteindre. En revanche, nul n’était insensible à la douleur. Mais si lui n’y songeait pas, la Démoniste, elle, avait déjà probablement envisagé la chose.
Ainsi, à peine eut-il fait cinq pas, fier de sa victoire, qu’il se stoppa net et se pencha violemment en avant en étouffant un gémissement, son poing collé sur sa poitrine, sous laquelle son cœur semblait imploser aussi soudainement que violemment. Le souffle et la voix coupé, Ess entrouvrit les lèvres tandis que ses yeux s’écarquillaient. Mais aucun son ne quittait sa bouche asséchée. Seule une goutte de sang vint perler le long de ses lèvres et son menton, extraite de son organe palpitant lui-même. Nul n’était insensible à la douleur. Nul n’était insensible à l’Agonie.
Dastaël Yeux-Éteints
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Ven 23 Sep - 0:42
« Et je m'y emploie. Tu me l'as fait promettre. » l'elfe releva son visage, lequel était dérobé par la capuche de lin dont elle se débarrassa l'instant qui suivit. Son regard malachite vint se clouer à celui tout aussi imperturbable quoique provocant de l'humain qui se tenait là, les bras croisé sur sa poitrine dessinée de muscles saillants. « Je ne plaisante pas. » répondit-elle, à peine grave, en replaçant nonchalamment une mèche de cheveux derrière son oreille. L'autre souriait désormais, et elle vue dans ses traits marqués le besoin d'exprimer son insolence. « Je n'ai jamais eu peur de toi, Dastaël. » affirma t-il. Elle en eu le cœur serré de colère, malgré tous les sentiments dévorants qu'elle lui portait, malgré sa passion, sa douleur, son amour. « Et il n'y a rien que tu puisses faire contre ça. » le triomphe avait explosé, il en sortait victorieux car elle n'osait répondre. Elle les faisait tous vivre dans la crainte de sa personne, qu'adviendrait-il si quelqu'un n'avait plus peur.
La perfection n'existe que dans l'ambivalence. avait-il dit, un jour.
Électrique. Comme si les battements de son cœur venait de s'arrêter, comme si tout s'étouffait, là, autour d'eux. Un instant, elle cilla, imperceptiblement. Silencieusement. Dans le regard d'Essnälth, elle aperçu un fantôme. Un revenant qui allait lui bouffer les entrailles aussi violemment que si on les lui arrachait à pleines dents. Et si son ventre hurlait silencieusement, elle restait de marbre, impavide face au regard anthropophage. Elle l'observait seulement aux griffes sans retenu de ses propres souvenirs; à genoux dans l'eau. Et sa douleur ne lui arrachait aucune compassion, pas même l'esquisse d'une ridicule pitié. Elle en était du reste, exemptée depuis des années. Certains hurlaient, d'autres la suppliaient. D'autres, encore, entraient dans un état second, comme anesthésiés par une terreur enfantine. Si beaucoup de démoniste se nourrissaient du pouvoir et de l'emprise, de la déraison comme de la douleur, Dastaël n'éprouvait rien de plus que la satisfaction du devoir accompli. S'il ressemblait à l'homme qu'elle avait autrefois connue, elle n'en était plus troublée. Après tout, il n'avait pas été unique. Dans le silence nocturne, l'elfe observait, sans ciller, le déroulement de son sortilège. Une de ses mains était posée sur la garde de son épée, mais sa pause restait particulièrement sereine : ce qui se passait autour d'elle n'avait aucune sorte d'importance, et elle attendait sans impatience que son vis à vis ne se relève de ses frayeurs. Et lorsqu'il redressa l'échine, éprouvé mais pas terrifié, son propre visage se ferma. Qu'était-il ? Seul les paladins, de sa connaissance, arrivaient à faire ricocher la peur à leur lumière. Mais l'homme qu'elle avait devant elle n'avait rien d'un de ces guerrier; il en était même aux antipodes. Alors qu'avait-il fait pour se relever si aisément, qu'avait-il qu'elle ignorait ? Imperturbable d'apparence, elle tua dans l’œuf un léger mouvement de recul lorsqu'il prit l'initiative inattendue de s'approcher. Réduire la distance qui les séparait, ne pas s'enfuir ; voilà une réaction qu'elle n'avait pas le moins du monde anticipée. Les lèvres humides entrouvertes, la brune s'apprêtait à le faire ployer pour arrêter sa téméraire ascension, mais il n'eut besoin d'aucune malédiction. Proches. Elle sentait son odeur chaude, l'alcool, le tabac, la sueur, le bois calciné, quelque chose de poivré, elle sentait son souffle contre sa tempe, car il la dépassait légèrement. Pire : elle sentait sa nuque se raidir, sa peau s’électriser de la proximité trop brutale qu'il avait imposé. Une opercule de colère vint voiler ses yeux gris et pincer sa bouche purpurine.
« J’adorerais que tu me passes sur le corps pour me le dérober. » alors lentement, dans un détachement clinique, elle releva le menton, perçant son regard du sien, derechef. Une fois de plus, pourtant bien différente des précédentes. Ce n'était plus une dualité mesquine entre eux, simplement une haine latente et pernicieuse. Ses doigts se serrèrent sur sa paume, ses ongles entamèrent sa chaire alors qu'elle carrait la mâchoire lorsqu'il la dépassa. Derrière elle, Hadrah avait quitté sa tanière de fortune, mais la démoniste eut tôt fait de l'intimer à rester en place. Si aucun pli de sa bouche ne semblait contrarié, son esprit se targuait de fureur, une fureur comme peu de fois. A la manière d'un reptile, Dastaël l'observait s'en aller, clopin-clopant du coin de l’œil. Alors comme une crachat, un feu au bout des lèvres, l'Agonie. Violente. Douloureuse. Dévastatrice. C'était une chaleur dans les reins, si brûlante qu'elle en perçait les tripes, alors qu'un froid surnaturel venait étreindre la peau, étourdir le cerveau qui n'avait plus que la force d'exprimer le mal ressenti. L'espace de quelques secondes, tout le mépris qui l'animait fut traduit dans sa malédiction, alors qu'elle s'avançait à pas doucereux vers Essnälth. Incliné, soumis, souffrant, elle stoppa à ses côtés, porteuse du triomphe temporaire du jeu malsain qu'ils avaient, d'un commun accord tacite, entamés. Elle fit rouler son regard sur sa nuque, qui, si elle s'était montrée plus expressive, se serait révélée exagérément ennuyé.
« La seule chose qui te passera sur le corps sera la vermine sur ta dépouille. » affirma t-elle d'une voix lente et raide, neutre, alors qu'elle continuait de lui infliger, amoral, toute la colère qu'il lui avait imposé. « Mais nous n'irons pas jusque là. Dis moi simplement où tu l'as caché. » de nouveau, un murmure au silence et à l'agonisant. « Essnälth. » les minutes passèrent : elles semblaient être éternité. La rage quant à elle ne fut que de passage, et si elle s'en allait, l'elfe relâchait sa prise barbare sur l'humain qui flanchait à ses côtés, vacillant alors qu'elle rappelait à elle sa magie. La douleur, même artificielle, restait une cicatrice collée à la peau. Malgré tout, la satisfaction qui gonflait dans sa poitrine n'était pas la sienne, ni celle d'Hadrah. Quelque part, sans espoir de le voir et de le toucher, Dji'ean observait, Dji'ean savait. Il maitrisait, elle exécutait. Qu'allait t-il se passer une fois les médaillons réunis ? Elle même ne le savait pas et s’efforçait d'en connaitre les propriétés avant de commettre l'irréparable. L'entreprise, pourtant, s'avérait difficile. Quelque part, peut-être était elle effrayée, mais c'était une résignation qui s'était installée en elle. Si elle tenait à la vie par peur de la gâcher, elle n'avait, elle non plus, aucune attache. Et la jeune femme ne s'en portait pas plus mal.
« Relève toi maintenant. » lâcha t-elle après un silence rétrospectif bercé d'une tranquillité invisible, accompagnant sa parole d'un geste, elle agrippa à l'épaule de ses mains fragiles, légère pression puis, plus rien, car déjà elle le devançait pour se libérer de l'eau qui gelait ses chevilles, impatiente. Si elle en pensait quoique ce soit, elle n'en dit absolument rien.
Dernière édition par Dastaël Yeux-Éteints le Dim 25 Sep - 11:56, édité 1 fois
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Dim 25 Sep - 11:53
Souffrance. Simple, pure, insoutenable. A cet instant, Ess comprenait plus que jamais à quel point il n’était « rien ». Comme il le savait depuis toujours. Ni magicien, ni porteur d’arme… Sa condition lui suffisait très bien, lorsqu’il se contentait de ses activités habituelles, mais il était certain que, dès qu’un conflit naissait avec un manipulateur de magie ou d’armes, il n’avait absolument aucun poids. Aujourd’hui, comme il y a des années, il était frappé et fasciné par la puissance des démonistes. Oui, probablement est-ce la magie qui l’aurait attirée, si magie il avait pu manipuler.
« La seule chose qui te passeras sur le corps sera la vermine sur ta dépouille. »
Inutile de dire qu’Ess s’y attendait, ce n’est pas comme si il avait espéré une réponse favorable. Ignorant ces mots, l’esprit de Ess ne devait se concentrer que sur une chose : contenir la douleur. Il ne voulait pas hurler. Il ne voulait pas tomber à terre. Pas face à elle. Et pourtant, bientôt, ses genoux tremblaient, et il avait peine à étouffer des gémissements.
« Mais nous n'irons pas jusque là. Dis moi simplement où tu l'as caché... Essnälth. »
L’Elfe, qui l’avait rejoins et dépassé, marchait désormais dos à lui, remontant vers la plage. Et alors qu’elle le soulageait doucement de sa douleur intolérable, il leva vers sa nuque un regard meurtrier, regard qu’il n’avait eu que pour son père jusqu’ici. Un réel désir de faire mal naquit en lui, comme autrefois. Ess n’avait jamais été un homme violent. Il se défendait, mais à part lorsque l’alcool lui montait à la tête, il n’attaquait pas. Mais cette femme le poussait à atteindre ses limites, morales comme physiques . Elle piétinait non pas son honneur ; car il n’en avait aucun. Mais elle piétinait sa fierté, son arrogance. Et même si elles étaient fausses, même si ils n’étaient qu’une image, un masque de lui-même, Ess ne supportait pas de devoir les remballer. Le jeune homme était bien conscient d’avoir une double personnalité. Essnälth l’indifférent, le détaché, portait un masque d’arrogance, de moquerie, de fierté. Il avait décidé de porter ce masque face à elle, mais elle le poussait à l’enlever. Hors, lorsqu’Ess avait décidé de jouer telle ou telle pièce de cette façon, il ne supportait pas que l’on perturbe son jeu. Mais bien qu’il était mauvais perdant, il restait un grand joueur. Et il allait poursuivre la partie. Il devait – et venait de – simplement, prendre conscience que son adversaire était totalement atypique, bien différent que ceux qu’il avait pu rencontrer. Il devait adopter une autre stratégie. Une chose était sûre, sur ce nouvel échiquier diabolique, la Reine tomberait avant le pion.
Libéré de ses chaines de souffrance, Ess déglutit, se redressa, et avança de nouveau, récupérant sa bouteille qui flottait toujours, tranquillement, à ses côtés. Si d’apparence il paraissait résigné, en vérité, c’était une tornade qui agitait son esprit. Intelligent, malin, manipulateur, Ess allait devoir user de ses talents à lui. Après l’avoir rejoins sur la plage, l’air contrarié mais résigné, il lâcha, dans un soupir :
« En vérité je n’en ai rien à faire de ce médaillon, je voulais simplement le revendre. Mais je suppose que tu n’m’en donneras pas le moindre sous… Tant pis pour cette fois. »
Et comme invitation à le suivre, il se contenta de prendre la direction vers Baie-du-Butin. Le jeune homme marchait, mâchoire serrée, avec pour seul compagnon le bruit des pas de la jeune femme derrière lui. Si il ne laissait rien paraître, son esprit réfléchissait toujours à grande Vitesse. Ce n’était pas tant la démoniste qui le dérangeait. Mais plutôt le fait qu’il n’avait vu aucune trace de son démon. D’ailleurs, quel était-il ? Le fait de ne pas le savoir troublait le moindre plan qui pouvait naître dans son esprit. Dans tout les cas, il ne pourrait rien contre lui. Et celui qu’il redoutait probablement le plus, c’était la succube. Le peu de fois ou il avait croisé un démoniste se pavanant fièrement avec sa démone, il avait, comme les hommes ayant le plus d’expérience côté sexuel, flanché devant son passage. Ess eut un frisson à cette pensée. Ce démoniste, avec sa démone, aurait pu obtenir ce qu’il aurait voulu de lui. Car face au désir, toute autre réflexion s’évanouissait.
Mais heureusement, ce n’était pas le cas ici, du moins, il n’avait ni vu ni ressentit une quelconque présence de cet être maléfique.
Silencieusement, Ess passa entre les deux gardes de Baie-du-Butin. Il aurait pu leur faire, ne serait-ce qu’un signe, mais cela aurait été inutile. Ils étaient faibles, face à elle et son probable démon. Intrigués et méfiants, les deux petits êtres verdâtres regardèrent passer la belle mais lugubre femme.
A chaque pas qu’il faisait, Ess continuait de réfléchir à toute vitesse, envisageant toutes les solutions possibles pour lui échapper ou, au moins, qu’elle ne puisse atteindre le médaillon.
Oh, si la jeune femme le lui avait tout simplement demandé, il aurait essayé de lui vendre. Avec quelques intimidations, il lui aurait donné. Mais elle ne l’avait pas seulement intimidé, elle avait très clairement voulu qu’il se soumette à elle. C’est la que la seconde personnalité d’Ess ne pouvait accepter de lui donner facilement le médaillon. Hors de question. Elle avait commencé à jouer en faisant tomber Arrogance et Fierté, ses pièces maitresses. Désormais, c’était à Ess de jouer. Et heureusement, Provocation et Entêtement étaient intouchables.
Le duo ténébreux descendit en ville. Il n’y avait pas un chat, évidemment… D’habitude, c’était une véritable fourmilière, mais il fallait que ce soir la, tout le monde soit à la plage… Ceci dit, ça n’avait pas empêché Dastaël de l’attaquer… Elle était visiblement prête à tout pour ce médaillon… Essnälth s’en doutait bien, qu’il était plein de magie noir… Il l’avait sentit dès le début, encore plus lorsqu’il l’avait vu en contact avec les autres médaillons… Les autres… le regard d’Ess glissa sur le côté, guettant l’Elfe derrière lui. Elle ne devait jamais savoir qu’il connaissait les deux autres médaillons, autrement elle ne le lâcherai pas. Enfin, déjà, elle n’était pas prête d’avoir le sien.
Le jeune homme arriva à sa planque. Evidemment, Thaanös aussi était de sortie ces jours-ci… Insérant la clé bien particulière dans la vieille serrure, Ess entra et laissa ouvert pour que l’Elfe rentre. Mais lorsque ce fut le cas, un violent frisson prit le jeune homme alors qu’il entendait un grognement venu d’un autre monde. Un bref coup d’œil en arrière lui confirma ce qu’il redoutait : le démon était là. Ess n’avait jamais vu celui-ci. A l’œil rapide qu’il venait de jeter sur lui, il avait pu constater la laideur de ce dernier, et pour ne pas frissonner de nouveau, il ne se risqua pas à le détailler. Sans s’arrêter au salon, le jeune homme traversa directement pour aller dans l’atelier de Thaanös.
« Bon, reste plus qu’à le trouver… »
Ess remercia silencieusement son colocataire déjanté d’être si bordélique. L’atelier était très clairement un repère d’alchimiste et d’ingénieur à la fois. Thaanös excellait dans ces deux arts, et les combinait à merveille pour créer des objets dont lui seul avait le secret. D’un rapide coup d’œil, il vit l’Elfe regarder avec suspicion les fioles et potions les plus exposées. Cette pièce était un véritable capharnaüm, il était difficile d’y poser les pieds. Des objets, ingrédients et potions jonchaient sols et étagères. Une vraie chance pour Ess.
« Oh je l’ai vu y’a pas longtemps, j’vais bien mettre la main dessus… »
Et tandis qu’il « cherchait », il constata que Dastaël était trop intriguée par la pièce pour jeter un œil trop attentif à lui. Ess opéra alors. Il prenait des tas et des tas d’objets dans ses mains, les soulevant à toute vitesse pour « voir ce qu’il y avait en dessous ». Mais la faiblesse de Dastaël fut de ne pas voir qu’à cet instant, la magie d’Ess opérait. Car lui aussi manipulait une magie, celle de l’illusion, de la prestidigitation. Et comme lors de ses tours les plus basiques, il glissait dans ses poches et sous son chapeau des petits objets et fioles. Ses gestes étaient si rapides, précis, et conçus pour être cachés qu’ils étaient invisibles à ses yeux. Ess prenait volontairement des objets qu’il connaissait, mais tombait aussi, par chance, sur des objets qu’il ne s’attendait pas à voir ici. De temps à autre, il jetait un œil au démon. Celui-ci était sans arrêt tourné vers lui, mais Ess doutait fortement qu’il ne le voit, ses yeux étant soit absents, soit bien cachés. Dans tout les cas, à moins d’avoir une vision surhumaine, il n’y verrait pas plus que Dastaël aux manipulations d’Ess.
Après avoir pris le plus de petits objets possibles, il sortit tout à coup de l’atelier dans un vague et préoccupé : « Oh mais j’suis bète ! Je l’avais rangé pour pas que Thaan’ le vende dans mon dos ! »
De retour dans le salon, il se dirigea vers une grosse commode. De ses gestes habiles, il ouvrit le tiroir et glissa le médaillon – brillant légèrement – sous sa ceinture, puis, comme si rien ne l’intéressait dans ce tiroir-ci, le referma pour ouvrir celui du dessus . Si il avait été croyant en quoi que ce soit, Ess aurait véritablement béni Thaanös d’avoir crée toutes ces répliques. Si Ess avait réussi à en vendre trois ou quatre, il en restait encore une dizaine. Elles étaient très semblables au médaillon, la seule différence est qu’elles ne brillaient pas au contact d’autres médaillons. Mais ça, seuls ceux qui en avaient déjà rapproché deux vrais le savaient.
Il était désormais temps. Ess tira tout le tiroir contre lui, le sortant de la commode. Il le posa lourdement sur la petite table du salon, près de l’Elfe qui le regardait d’un œil mauvais, agacée par toute cette mascarade et ce temps perdu.
« Bon bah… y’a plus qu’à trouver l’vrai... Oui bon bah hein, on s’enrichit comme on peut… »
Et alors que Dastaël avançait avec méfiance vers le tiroir, Ess fit quelques pas de côté, faisant mine de se gratter la tête. Imperceptiblement, il était arrivé entre Dastaël et la sortie. Consciente que son démon veillait sur l’humain, l’Elfe ne s’occupait pas de lui. Mais il était certain qu’elle verrait vite la supercherie, aussi, il était grand temps d’agir, et vite. A sa gauche, Ess avait posé la fameuse bouteille de Rik ramenée des eaux, en entrant dans son repère. Il l’avait mise ici dans un but précis : faire ce qu’il fit aussitôt, tandis que l’Elfe se retournait, le regard assassin : Ess s’empara de la bouteille d’une main ferme et, sans hésitation, l’abattit sur le « crâne » du démon qui poussa un gémissement de colère tandis qu’il secouait la tête, sonné. De son autre main, Ess avait saisit une capsule de fumée de sa poche, venue de l’atelier. Avant que l’Elfe n’eut le temps de réagir, un énorme panache de fumée apparu entre elle et Essnälth. Et lorsque la fumée se dissipa, le jeune homme n’était plus là. Bouteille brisée à terre, capsule éclatée, c’est tout ce qui restait du passage de l’humain. Rendu invisible par une autre fiole dérobée, il courait sur le ponton, afin de sortir de la ville. Un coup d’œil derrière lui indiqua que le démon était à ses trousses, suivit plus loin par l’Elfe. Si la créature ne le voyait tout de façon pas, elle pouvait probablement entendre avec aisance ses pas lourds sur le ponton. Avec une légère longueur d’avance, Essnälth parvint à sortir de la ville et, au lieu d’emprunter le chemin « principal » remontant vers le nord, il se risqua à dévaler la pente à gauche, menant au territoire des Pirates de la Voile sanglante. Si Thaanös avait passé de glorieuses années allié à eux grâce à sa vente d’armes, Ess, lui, était bien un habitant de Baie-du-Butin, et donc un ennemi. Mais peu importe, il préférait mourir de leurs mains que d’offrir à l’Elfe ce qu’elle lui ordonnait de lui donner.
Priant tout de même pour que personne ne soit sur la plage, il risqua un coup d’œil en arrière : le démon était arrêté : il n’entendait plus ses pas sur le bois, il le cherchait. Mais à cet instant, l’Elfe arriva près de son démon et regarda en direction d’Ess : très clairement, leurs regards se croisèrent : Il n’était plus invisible. Ignorant la souffrance de ses poumons, Ess continua de courir et atteint la plage… ou il fut très vite encerclé par une vingtaine de pirates au regard meurtrier. Malheureusement pour elle, l’Elfe avait également posé un pied en terre ennemi, car les Pirates de la Voile n’acceptaient aucun étranger sur leurs plages. Essnälth et Dastaël étaient donc dans le même pétrin : ni l’un ni l’autre ne faisaient le poids face à vingt pirates. Immobiles, ils ne pouvaient que se soumettre. Mais Ess leva doucement les mains en l’air, en signe de paix.
« Ecoutez-moi… Je suis Essnälth, l’ami de l’Amiral Thaanös… Je vous apporte, de sa part, deux objets de très grande valeur… Permettez… ? »
Furieux mais intrigués, les pirates le laissèrent – non sans méfiance – retirer le médaillon de sous sa ceinture. Ess le leva bien haut, sous les yeux de tous, y compris ceux qui étaient Eteints.
« Cette femme a le même autour du cou. Si vous les rapprochez, vous constaterez qu’ils réagissent ensemble… J'avoue que je sais pas du tout à quoi ça sert, mais c'est pas dangereux, et j'en ai vendu des faux pour cinq mille pièces d'or...»
L'avantage, c'est que les trafiquants et les pirates parlaient la même langue : celle d profit. Aussi, Dastaël, si elle tentait de se débattre, ne pu finalement que laisser l’un des pirates lui ôter son précieux médaillon, sous le regard narquois et arrogant d’Essnälth. Ce dernier donna volontiers son médaillon, il n’en avait que faire, et si cela pouvait lui laisser la vie sauve… Non, son seul but, actuellement, était que l’Elfe n’obtienne pas ce qu’elle veule. Et au pire, si elle parvenait à récupérer son ou les médaillons, au moins, elle n’aurait pas réussi à soumettre Ess à sa volonté.
« Bon… Bah ce fut un plaisir de vous voir… Je transmettrai vos amitiés à… » « Non non non mon gars… » « Ah ? Non ? Ok… Heuuu… »
Tandis qu’il perdait toute expression arrogante ou ne serait-ce que soulagée, les Pirates s’approchaient de lui, l’Elfe et le Démon, avec des regards moqueurs et affamés. Essnälth et Dastaël, comme deux ennemis égaux et perdants face à un troisième ennemi commun, ne purent que se débattre inutilement avant de se faire assommer.
C’est le contact glacial sur sa main qui réveilla l’humain.
« Et merde… »
Les cales d’un navire. Une épaisse corde. L’Elfe attachée avec lui, dos à dos, et, comme lui, pieds et poings liés. Le Démon, quand à lui, n’était plus là. Un rire nerveux prit Ess. Oh, après tout, le jeune homme en avait connu des pires, il arriverait peut-être à se sortir d’ici. Cependant, lorsqu’il constata que son chapeau avait disparu, il se mit à hurler des injures et vociférations, si bien qu’un des pirate débarqua dans la cale pour le faire taire à coup de gifle. Une engueulade s’ensuivit, puis une autre gifle. Ess ne jugea pas préférable de continuer ainsi, et capitula. L’Elfe n’avait pas bougé d’un pouce, elle était probablement encore évnouie. Quoi que.
« Héhé ta copine se réveille… Dommage pour elle, avec cette chaine autour du cou, pas d’magie… héhé… »
Et le bougre disparu, sous le regard agacé d’Ess qui n’avait plus qu’un objectif : Récupérer son chapeau et, ensuite, éventuellement, essayer de s’en sortir vivant.
Dastaël Yeux-Éteints
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Dim 25 Sep - 16:24
« En vérité je n’en ai rien à faire de ce médaillon, je voulais simplement le revendre. Mais je suppose que tu n’m’en donneras pas le moindre sous… Tant pis pour cette fois.» et il supposait bien. Dastaël n'était pas venue ici pour négocier. « Ta seule récompense sera la vie sauve. Mais c'est mieux que rien. » souffla t-elle d'un ton asthénique alors que, méprisante, elle détournait son regard de l'homme, estimant sombrement les alentours. Même sur une plage populeuse, personne ne semblait leur prêter attention, pis encore : personne ne paraissait les avoir remarqué, ce qui ne manqua pas de ravir la jeune elfe. Le visage résolument fermé, elle semblait en proie à un profond ennui, comme si tout ce qui venait de se passer n'était qu'une distraction routinière de plus. A priori, ça l'était, bien que la notion d'amusement n'avait pas sa place dans les desseins et l'esprit de la démoniste. Par une analogie qui contredisait ses ressentiments à l'égard de sa propre race, Dastaël abhorrait l'espèce humaine. Une haine qui avait été douloureuse durant les années où, doucement, elle vivait auprès d'un Homme dont elle n'aurait imaginé, un jour, se séparer. Pleutres et pourris jusqu'au sang, elle n'avait jamais eu de mal à les faire flancher, supplier, saigner de terreur, hurler comme des nouveaux-nés. Quoique singulière, il y avait chez le brun une force qu'elle avait rarement vu auparavant chez quiconque. Force, courage, ou peut-être la déraison de l'alcool, il s'était nonchalamment relevé en essuyant d'un revers de manche l’hémoglobine qui perlait à la commissure de sa lèvre - de cette observation, elle reconnue s'être laissée emporter et en fut d'autant plus étonnée : d'ordinaire, on se pliait à sa volonté, littéralement, en s'écorchant les genoux au sol.
Lorsqu'ils passèrent à côté de l'endroit où se nichait Hadrah, celui-ci prit l'initiative de les suivre assez loin pour que la vue et l'ouï d'Essnälth ne puissent, encore, le remarquer. Quant à l'Elfe, elle se contentait de recueillir la satisfaction du démon qu'elle ressentait dans sa poitrine, et le soulagement de savoir que, quoiqu'il puisse se passer, le chien ne négligeait pas ses ordres comme pouvaient volontairement le faire Dji'ean et Lachlanne. Cette dernière s'avérait friande de la chaire humaine plus que démoniaque, et se contentait seulement de se procurer satisfaction auprès de la gente masculine sans se soucier des situations incongrues dans lesquelles elle mettait sa maitresse. Ils dépassèrent les gardes sur lesquels Dastaël ne daignait même pas appesantir un regard, et pénétrèrent dans la ville portuaire inanimée. Les bâtisses de bois et chaumes étaient grossièrement construites, absentes de marqueteries chevaleresques et d'autres gloires en fioritures. De manière générale, une odeur visqueuse de poisson, de viande et de sel embaumait l'air. Déjà, ils s'étaient arrêtés devant ce qui ressemblait à une échoppe en ruine, crasseuse même de l'extérieur, en arrière de la ville et dissimulée au regard des autorités. Le garçon ne tarda pas à ouvrir la porte, la démoniste lui emboitant le pas sans entrain. Elle s'arrêta simplement au seuil lorsque, avec plaisir, elle sentit sous ses doigts le museau osseux du chasseur, qui venait sans doute chercher quelques flatteries. D'un commun accord, celui-ci s'avança dans la pièce sombre et chaotique, l'attention toute tournée vers sa proie. Quant à l'Elfe, son regard vacillait déjà sur le capharnaüm stupéfiant qui y régnait.
Il y avait ici des odeurs d'huiles rances, des effluves qu'elles ne connaissaient pas, écœurantes certes mais presque attirantes comme des parfums étranges. Les fioles s'entassaient, ça et là, entre parchemins et bocaux, ingrédients et composants. Elle cru repérer, au coin d'une étagère, les fleurs de pestes interdites à la vente que seuls quelques individus se risquaient à chercher au cœur des Maleterre. Si la situation n'exigeait pas autre chose, elle aurait, certainement, eu plaisir à flâner parmi un désordre qui ne lui était pas étranger. Elle posa sur Essnälth un regard paisible qui ne se prêtait pas à l'ambiance, sans s'offusquer du manège qu'il lui offrait : surement un boost de productivité lié à la panique, à fortiori elle s'en fichait bien. « Inutile de te faire gagner du temps. » soupira t-elle simplement alors qu'elle s'avançait, circonspect en lui jetant un regard froidement scrutateur, vers le tiroir ouvert. Il y avait bien là plusieurs médaillons, et alors qu'elle tendait la main pour s'en emparer, Hadrah poussa un grognement qui déchira l'atmosphère, et alors qu'elle se retournait, surprise, vers le démon, une épaisse fumer vint étouffer ses sens, bouchant sa trachée quand elle s'adossa, fébrile, à l'établi, toussant comme un pauvre diable qui aurait l'idée de vomir ses entrailles. « Rattrape le ! » s'étouffa t-elle, mais le chien n'avait pas attendu son ordre pour se lancer, meurtrier, aux trousses de l'humain. Blême, Dastaël s'éventa comme elle le pu pour sortir de la baraque, s'élançant elle même sur les traces du fugitif, loin devant. Courir à perdre haleine, elle n'en avait pas l'habitude : la magie lui dévorait toute l'énergie qui l'animait, et c'était tirer sur la corde raide de son rythme cardiaque que de s’essouffler de cette façon. Comment avait-il pu faire une chose pareil sans qu'elle ne s'en doute, comment avait-elle pu laisser passer ça ? Alors que, derechef, sa colère naissait au creux de son ventre, elle passa devant les gardes, dont les petits yeux s'écarquillèrent face à l'étrange spectacle, et la jeune femme emprunta la chemin d'Hadrah, quand celui-ci s'arrêta brusquement. L'elfe, immobile également, vrillait un regard sanglant à Essnälth, et lorsqu'elle comprit ses intentions, il était déjà trop tard. Une vingtaines de pirates, œil mauvais et barbes roussies, les encerclaient armes aux poings. Si le souffle ne lui avait pas manqué, si elle ne s'était pas épuisée dans une course effrénée, et si elle avait encore été capable de faire un pas, il eut été probable que les forbans se fassent dévorer par les flammes : c'était un sortilège qui, en plus d'être efficace, ne laissait pas de trace si on mettait de côté le souvenirs des hurlements. Mais force était de constaté qu'elle ne tenait maintenant plus sur ses jambes que grâce à sa volonté.
« Ecoutez-moi… Je suis Essnälth, l’ami de l’Amiral Thaanös… Je vous apporte, de sa part, deux objets de très grande valeur… Permettez… ? Cette femme a le même autour du cou. Si vous les rapprochez, vous constaterez qu’ils réagissent ensemble… J'avoue que je sais pas du tout à quoi ça sert, mais c'est pas dangereux, et j'en ai vendu des faux pour cinq mille pièces d'or...»
Son cœur loupa un battement. Une énième fois, leur regard se croisèrent : si celui d'Essnälth était triomphant, les yeux de Dastaël étaient marqués par la crainte. Pendant qu'un homme au sourire d'or crasseux vint plonger ses doigts à la naissance de sa poitrine pour y choper le précieux médaillon, ses compères assommèrent l'humain d'un coup violent sur la nuque. Sachant le sort similaire pour la démoniste, Hadrah vint déchirer le ventre du plus en retrait avant de disparaitre, déclenchant des jurons et malédictions à son égard dans la bouche des pirates. Sans ressources, l'elfe ne pu empêcher la garde du sabre s'abattre sur sa tempe, alors qu'elle sentait ses genoux flancher sous son poids. Le sol vint inévitablement à sa rencontre en même temps que les hurlements jaillissaient puis, plus rien.
Une douleur au crane comme une couronne trop étroite que l'on aurait enfoncé, un poids sur le ventre, des brûlures aux poignets et aux chevilles, le feu dans la gorge qui l'obligea, brusquement, à tousser en essayant de reprendre son souffle au même instant. Ce qui avait été un lointain écho pendant des heures durant devint soudainement une réalité assourdissante. Maladive, elle peinait à ouvrir les yeux : la seule chose qu'elle distinguait fut le corps d'un flibustier tout guilleret et son ton nasillard. Lorsqu'il remonta les marches grinçantes de la cale, la brune releva son visage : tout paraissait désormais clair, et les évènements affluèrent dans son cerveau comme de brûlants souvenirs. Encore que ce qui la surpris le plus fut le contact étrange d'Essnälth contre son dos imposé par les cordages. Malgré le critique de la situation pourtant, Dastaël ne semblait pas du tout enclin à la panique. Il s'agissait simplement d'une colère sourde qui ne laissait envisager rien de bon pour les tortionnaires. « C'est grossier. » souffla t-elle pour elle même sans se préoccuper de l'homme. Pliant ses coudes et arquant son échine du mieux qu'elle pu, et même si les lourdes cordes lui coupaient la respiration, l'elfe entreprit difficilement de saisir la chaine qui pendait à son cou du bout des doigts, cherchant à tâtons jusqu'à l'avoir à pleine main. Elle tira violemment dessus en rejetant sa tête en arrière, et la maille vint se briser pour s'échouer contre sa robe. Pendant un instant, elle resta immobile, savourant la chaleur d'une magie qui ne lui était plus dérobée, puis, peu à peu le cordage de ses mains vint s'enflammer, lui arrachant un ronflement de douleur quand elle senti la morsure des flammes sur sa peau. Libérée de son entrave, elle pu plus aisément se débarrasser de ce qui l’embarrassait, et au bout de quelques longues minutes, se libéra entièrement avant de se remettre sur ses jambes, encore vacillante par sa tête endolorie.
Quand elle eut terminé de retrouver son équilibre et de jeter un regard circulaire à la pièce du navire, celle-ci daigna, enfin, s'intéresser à l'homme qui l'avait réveillé à grands cris. « Qu'est-ce que je fais de toi, désormais ? » maronna t-elle doucement en s'avançant vers le centre de la pièce. Elle s’accroupit derrière lui, détaillant sans gêne chaque millimètres de sa nuque en sueur, laissant suspendre les secondes. « Tu n'as aucune idée de ce que tu as fait. » cette fois, presque aucun son ne franchi ses lèvres : un murmure, tout au plus un secret qu'elle semblait lui avouer, les lèvres proches du lobe de son oreille. Lentement, ses doigts anguleux vinrent à la rencontre de sa bouche, se plaquant avec force contre elle : à première vu, elle paraissait avec la ferme intention de le priver de souffle, le tuant silencieusement en étouffant le bruit, jusqu'à ce que sa main libre vienne saisir les poignets d'Essnälth, brûlant la corde trop serrée pour qu'elle puisse l'en débarrasser d'une autre manière - elle ne possédait plus de dague, et son épée semblait lui avoir été dérobé. S'il avait mal, Dastaël prenait grand soin qu'il ne l'exprime pas : la venue d'une flopée de marins contrariaient ses nouvelles entreprises. Elle dégagea la pression de leurs corps accolés l'un contre l'autre pour le laisser lui même se dégager de ses liens. « Aide moi à retrouver les médaillons. » elle lui vrilla un regard apaisé et sans crainte. « Aide moi, et je te garanti que tu sortiras d'ici vivant, en possession de tout ce qui pourrait se trouver sur ce navire et que tu désires. » immobile, fébrile mais impériale, la démoniste attendait une réponse qu'elle espérait favorable : les entourloupes passées de l'humain signifiaient qu'elle aurait très certainement besoin de lui.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Dim 2 Oct - 11:23
« Si c’est pas malheureux… Hey bande de murlocs écervelés, j’suis l’pote de Thaanös ! THAANOS ! Les amis d’vos amis sont… heu… oui c’est ça les amis d’vos enne.. merde ! LES AMIS D’VOS ENNEMIS SONT PAS VOS ENNEMIS ??? Suis pas sûr d’mon coup la… Hey mais QU’EST-CE TU FOUS ? »
Ess s’agita sous le coup de la brulure qu’il venait de recevoir au poignet gauche. Alors, il remarqua qu’il ne sentait plus la présence de Dastaël derrière lui. Après un instant de planement, Ess entendit, doucement, derrière lui, d’un air las :
« Qu'est-ce que je fais de toi, désormais ? » « Oh, torture, étouffement, noyade… J’suis convaincu qu’tu manques pas d’idée de c’côté… »
Railla t-il tout en serrant la mâchoire, agacé d’être en position de faiblesse, de nouveau, face à elle. Il était à sa merci, et avait horreur de ça. Mais alors que son regard se perdait sur la palissade de bois face à lui, il sentit soudain une présence dérangeante juste derrière lui, comme un souffle lugubre glissant sur sa nuque, et effleurant son oreille. Il frissonna exagérément, secouant son corps entier avec un léger « brrrr ». Une façon de dire qu’il commençait à en avoir assez de ce contact aussi surprenant qu’inquietant.
« Tu n'as aucune idée de ce que tu as fait. » « Hey, je sais toujours ce que je fmmmh… ! »
Etouffé par la main froide et cagneuse qui venait obstruer son nez et sa bouche, Ess écarquilla les yeux tout en les déplaçant sur le côté, le regard assassin. Quoi, elle allait le tuer ? Comme ça, là ? Ess savait qu’il ne méritait pas une mort spectaculaire, mais mourir de sa main à elle, merde, c’était une sacré défaite. Mais alors qu’il se laissait presque faire, résigné, il sentit de nouveau une brulure au niveau du poignet, qui le fit s’agiter comme un petit poisson prisonnier d’un filet de pêche. Oep, en plus de l’étouffer, elle était en train de faire une joyeuse sardinade dans les cales d’un bateau pirate. Mais lorsqu’enfin, la sinistre Elfe consentit à lui offrir une bouffée d’air, Ess pu constater que la force qui entravait ses poignets n’était plus là. Ecartant ses bras il fut surpris de cette soudaine liberté, qui de plus est , lui avait été offerte par Elle. Ce qui ne l’empêcha pas toutefois de la gratifier d’un regard mauvais, boudeur, tandis qu’il se hâtait de défaire les liens qui lui enlaçaient le torse, rougit par le cordage, et les chevilles, qui l’étaient tout autant. Aussitôt, il tâta ses poches et marmonna une plainte inaudible. On lui avait évidemment tout dérobé.
« Aide moi à retrouver les médaillons. »
Haussant exagérément un sourcil, il leva la tête vers elle, tandis qu’un très large sourire narquois venait perturber ses lèvres habituellement pincées.
« Aide moi, et je te garanti que tu sortiras d'ici vivant, en possession de tout ce qui pourrait se trouver sur ce navire et que tu désires. »
Ess posa les mains au sol et, doucement, pris appui sur elles pour se relever. Il s’approcha alors doucement de l’Elfe qui, impériale, ne cilla pas une seconde tandis que le mépris prenait place sur son visage au fur et à mesure que celui d’Ess devenait provocant. Il se mit alors à tourner doucement autour d’elle, sans la lâcher du regard.
« Tu me garantis… Mais ta parole ne vaut rien… Voyons, on sait tous les deux qu’à la seconde ou on sera libres, avec les médaillons, tu me tueras. Pas vrai ? » – Dit-il avec un regard insistant alors qu’il arrivait de nouveau face à elle, mais ne lui laissa cependant pas le temps de répondre et poursuivit son tour, pour aller se positionner derrière elle – « Mais tu ne le feras pas, simplement parce-que je peux te fournir encore deux médaillons supplémentaires… »
Ess se délecta alors de la réaction de Dastaël à ces paroles. Assurément, elle ignorait cette information. Qu’elle le croit ou non, le doute était là, et laisserait la vie sauve à Ess, pour un moment du moins.
« J’ai besoin de toi pour sortir d’ici, et tu as besoin de moi pour la suite... J’crois qu’on va devoir passer un bout de temps ensemble… Avoues que tu adores ça.»
Et sans attendre de réponse, Ess se dirigea vers un coin de la pièce, dans l’ombre. Il croisa les bras et s’appuya dos au mur. Il lâcha ensuite, comme si il ne s’agissait que d’une formalité :
« Bon, il est évident que je suis bien plus malin que toi, alors il va falloir que tu suives mes ordres, autrement on meurt tout les deux ici, ça m’est égal personnellement.»
Devant l’agacement qu’il pu déceler en elle, il conclu qu’elle était prête à suivre son plan. Satisfait et narquois au possible, il expliqua son plan, sans la quitter des yeux, se délectant du fait qu’elle devait désormais lui obéir. Son plan quand à lui, si il le savait efficace, ne lui plaisait qu’à moitié : En effet, il comptait sur la Succube de l’Elfe pour les sortir de là, mais Ess savait à quel point lui-même était sensible à ce démon. L’idée de se retrouver face à elle ne l’enchantait guère, mais il était certain qu’elle constituait leur meilleur ticket de sortie. Sans qu’il puisse expliquer pourquoi, l’idée ne semblait pas réjouir la démoniste. Etait-elle jalouse de son démon ? Ess eut un rictus narquois à cette pensée. Mais bien vite, son air fier disparu devant l’incantation de la démoniste, qui faisait appel à l’être le plus démoniaque aux yeux d’Essnälth. Ce dernier détourna aussitôt les yeux d’elle, il se tourna même dos à la pièce, face à la palissade de bois. Il ferma les yeux le temps de se concentrer, mais déjà, l’atmosphère semblait différente.
Un parfum exceptionnel embaumait l’air, si bien que les narines d’Ess se mirent à l’inspirer de plus en plus fort, comme un besoin vital. Piquant et sensuel à la fois. Enivrant. L’odeur pénétrait son être entier, et semblait embrumer son esprit. Ess pu sentir la température de son corps s’élever de façon flagrante. Il déglutit, yeux toujours clos, conscient de ce qui était en train de se passer. Certains hommes étaient plus sensibles que d’autres aux charmes du Démon. Les Dons Juans, les coureurs de jupons, les habitués, les esclaves de ces sensations étaient en première ligne, et Ess était parmi eux. Toujours privé de vue, tandis que ses narines se nourrissaient, affamées, de l’odeur qui régnait dans la pièce, Ess posa son avant bras contre le mur, face à lui, à hauteur de ses yeux et enfouit sa tête dans le refuge qu’il créait. Après l’odeur, c’était sa présence qu’il ressentait. Il sentit qu’elle s’approchait de lui, et déjà, de violents frissons lui brulaient le dos et la nuque. C’est alors qu’il sentit son souffle. Dans le creux de son oreille, un murmure ardent. Ess serra le poing et la mâchoire, tandis que – tout son corps – se raidissait. Ses yeux étaient désormais froncés, tandis qu’il entamait une lutte atroce pour ne pas qu’ils s’ouvrent. Il savait que si il la voyait, il ne pourrait peut-être plus se contrôler. On disait qu’un baiser d’une Succube pouvait être fatal.
« Arrête… »
Suppliant ce simple mot, échappé de sa mâchoire plus serrée que jamais, il s’adressait non pas au Démon, mais à celle qui était sensée la contrôler. Le jeune homme cru entendre vaguement une voix, mais il ne pouvait la comprendre : seuls les murmures de la Succube parvenaient à son esprit, guidant son imagination vers d’ardentes pensées.
Essnälth n »était ni un pur, ni un fidèle. Se laissant aller plus que volontiers aux plaisirs de la chair, il était la cible parfaite du Démon. Ainsi, lorsqu’il sentit un doigt brûlant glisser sur sa nuque, il ne pu se contrôler plus longtemps. Complètement envouté, dans un lieu hors du temps et de l’espace, baigné d’odeurs et de goûts aphrodisiaques, le jeune homme se retourna brusquement, saisit la Succube par les épaules et la plaqua brutalement là où lui-même était quelques secondes avant, en proie à son désir. Il se colla contre elle, lui plaquant les mains au mur pour la maintenir immobile. Pendant une seconde, leurs regards se croisèrent. Elle était diaboliquement sublime. Sa peau était mate comme celle du jeune homme, mais d’une teinte plus rougeâtre. Ses longs cheveux noirs étaient rebelles, incontrôlables, insoumis, comme une cascade invitant quiconque à plonger sur eux pour terminer dans un décolleté sans égal. Son corps parfait était recouvert de deux minuscules bouts de cuirs, destinés à attirer plus qu’à cacher quoi que ce soit. Ses lèvres charnues étaient attractive, une force semblait attirer l’univers entier sur elle. Quand à ses yeux… ils étaient le reflet de toute l’envie, le désir et la luxure qui régnait dans les Enfers les plus ardents. Ess voulait aller en Enfer. Il voulait mourir tout de suite. Il voulait qu’elle l’y emmène. Sans attendre plus d’une seconde après l’avoir immobilisée, Ess s’approcha violemment d’elle pour lui arracher un baiser, mais il ne pu qu’effleurer le paradis infernal, car une force violente venait de l’y retirer, le poussant violemment en arrière. Ecarté avec violence de la démone, Ess tomba en arrière. Dans sa chute, les couleurs revenaient peu à peu, l’atmosphère n’était plus Rouge. Le décor revenait, faisant disparaître les flammes qui l’entouraient quelques secondes auparavant. L’odeur ennivrante s’amenuisait, sans pour autant disparaître à son tour.
Ess déglutit difficilement, clignant des yeux, se forçant à fixer son regard sur le sol pour retrouver l’équilibre, et surtout, ses esprits. Du coin de l’œil, il voyait Dastaël, qui se tenait entre lui et le Démon, qu’il prit soin de ne pas regarder. Il entendit peut-être (rien n’était sûr) un échange entre la voix glacée de la démoniste et le susurrement brûlant de son Démon. Peu importe, doucement, Ess reprenait conscience de ce qu’il était, et ce qu’il faisait là. Les souvenirs lui revenaient peu à peu. Il cru alors entendre la porte de la cale s’ouvrir à la volée. Nouvel échange de paroles, et plus rien. En revanche, il sentait de nouveau l’aura du Démon devenir plus pesant, comme si elle usait de nouveau de tout ses charmes… Ess tourna la tête lentement vers la porte, et aperçu l’un des pirates, collé à la Succube qui faisait courir le long de son torse ses doigts experts. Sans réussir à contrôler la moindre parcelle de son corps, Ess se leva d’un bond et, guidé par un sentiment de jalousie plus violent que jamais, s’interposa entre le Démon et sa proie pour saisir ce dernier et le frapper. Son poing venait de s’écraser avec une rare violence sur la face du pirate. Encore un coup. Encore. Ess frappait de toute la force de son corps, avec toute la haine qu’il avait pu accumuler depuis sa naissance. Sans savoir comment, il s’était retrouvé à califourchon sur le pauvre pirate, et le frappait au visage, encore et encore. Il ne su depuis combien de temps il était en train de le frapper, mais le jeune homme n’eut de repos que lorsqu’il pu constater que l’homme, qui était sous lui, était désormais sans vie, tandis que son visage et son torse étaient méconnaissables. Car si Ess n’avait eu que l’impression de frapper, en vérité, il s’était emparé, sans même s’en rendre compte, de la dague du pirate, et l’avait lacéré de coup avec elle, à mort. C’est la vue du sang abondant qui réveilla son esprit, le sortant de l’hypnose démoniaque. Doucement, Ess prit de nouveau conscience d’où il était, et ce qu’il venait de faire. Horrifié, il se leva d’un bond et se laissa s’écrouler contre le mur du fond de la cale, loin de Dastaël et de son Démon. Sous l’emprise de ce dernier Ess venait de tuer un homme sans même s’en rendre compte, guidé par une jalousie démoniaque. Horrifié, fixant le sol, Ess s’empoigna les cheveux, déposant du sang étranger sur son front et ses mèches. Haletant, il essayait de comprendre comment il avait pu faire ça, alors que la seule et unique personne qu’il voulait voir mourir était et avait toujours été son père.
Assassin, un sentiment profond de culpabilité envahissait le jeune homme, habituellement si détaché. Ce qui était fait était fait… Mais il se rendait compte à quel point il était vulnérable au Démon. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait de lui, car son esprit était plus instable que quiconque.
« Passes devant… »
Ess était incapable de rester près d’elles. Il savait désormais que le Démon avait un pouvoir absolu sur lui, car même si elle venait de le transformer en tueur, il la désirait toujours aussi ardemment, peut-être même plus encore. Il avait accompli l’acte le plus diabolique pour elle, et se sentait capable de recommencer encore et encore, pourvu que cela lui permette de lui appartenir. Mais tant qu’un peu de conscience le guidait encore, il ne pouvait s’abandonner à un tel Enfer. Il remercia intérieurement la Démoniste lorsque, semblant comprendre ceci, elle sortit de la pièce avec sa Créature, accordant à l’humain la liberté de ne pas prendre part au massacre qui allait suivre.
Dastaël Yeux-Éteints
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Jeu 6 Oct - 13:59
Dastaël cilla sensiblement lorsqu'elle tourna son regard reptilien vers l'Humain qui, d'un pas mesuré, papillonnait autour d'elle, tenant un échappatoire qu'il ne laisserait surement pas passer. Mais si le sourire de l'homme lui tordait les entrailles, elle restait terrible dans son exceptionnelle froideur, et elle ne pris pas non plus la peine d'identifier l'effet qu'Essnälth lui faisait. Sans doute était-ce un attrait typiquement féminin de se trouver à maudire une telle nonchalance sensuelle, mais l'elfe ne connaissait plus ce mot, comme chacun de ceux qui allaient avec. Si ce qu'il lui avait révélé n'était pas seulement un misérable sursit qu'il s'était accordé, alors, elle serait condamnée à le garder en vie : trouver les pendentifs valait bien de lui laisser une chance, si tant est qu'il ne préparait pas une autre de ses surprises empoisonnées. Aussi, c'est avec un détachement clinique qu'elle sortie un fragment d'âme - le dernier - alors que son visage au préalable détaché était devenu plus tendu. Invoquer Lachlanne, peut-être était-ce la meilleure solution, comme la plus mauvaise. Si elle gardait un contrôle sur le démon, celle-ci ne fonctionnait que par ce pourquoi elle avait été crée : le plaisir charnel, encore et encore. Somme toute, cela faisait d'elle un être sommaire, dangereuse dans son ignorance des fondamentaux . Les Succubes, comme les autres êtres venant du Néant, étaient des entités calquées les unes aux autres : ils n'avaient pas d'esprits propres malgré les caractères qui différaient. Par analogie, si elle agissait selon la direction donnée par son invocateur, elle la suivrait selon ses principes.
Invoquer était une tâche délicieuse, peut-importait le résultat. Exquis, d'une puissance dévastatrice, douloureuse, qui lui coulait dans les veines, une musique glaciale, un pouvoir terrible : elle sentait le picotement au bous de ses doigts, la magie qui revenait soudainement lui donner un second souffle, un souffle qui ne durerait que quelques secondes et dont elle ressentait toute l'ivresse. Ce qui suivit en revanche fut beaucoup moins charmant : un parfum encombrant et écœurant embaumait la pièce, et Dastaël ne pu que plisser le nez alors que Lachlanne poussait un soupir de contentement, bombant sa poitrine presque entièrement dévoilée. Après un rapide coup d’œil à sa maitresse qui venait de croiser les bras, elle tourna son regard vers la présence masculine : d'ici, l'elfe pu voir son corps se raidir alors que, derechef, un souffle de ravissement franchi ses lèvres charnues. Sans faire quoique ce soit, la brune suivit des yeux le manège qui venait de monter sur ses engrenages. Les murmures adressés à l'homme, elle en saisissait tout le contenu, les comprenaient aussi bien que si elle les avait distinctement prononcés. Des mots qui venaient de l'Enfer. Et devant ses yeux morts se jouaient une évidente fatalité : Essnälth, l'orgueilleux, était impuissant et faible. Et cela ne lui procurait pas de satisfaction - sans doute était-elle simplement déçue en espérant un peu plus de décence et de maitrise : mais l'être humain venait de prouver, encore une fois, qu'il n'était rien de plus qu'un parasite dont elle ne s’embarrasserait pas plus longtemps que nécessaire. Rapidement, elle le saisit par les épaules, le jetant à terre aussi violemment que possible; rompant le charme. Son regard d'un implacable stoïcisme était vrillé à celui, brûlant, de la Succube ravie d'un tel spectacle.
« Je m'amusais ! Vous vouliez le voir.... môôôôrt ? » ricanna t-elle sans un regard pour sa proie, dans un accent dur et prononcé. Dastaël, qui ne s'occupait pas plus de lui que son démon, inclina légèrement la tête. « Pas encore.» un temps, elle crue entendre les bruits grinçant du bois qui craquait sous un poids mobile, puis elle reprit. « Ce ne sera pas ta victime ce soir. Ne t'avise pas de lui parler, de le toucher ou de t'en approcher. » Du bout des lèvres, la jeune femme souffla à la Succube tout ce qu'elle devait savoir, et tout ce qu'elle ferait dans les minutes qui suivraient. Cette dernière semblait particulièrement enjouée du programme, et rit à gorge déployé lorsque, furibonde, approchait sa première sa première pâture. De nouveau, l'ambiance se modifia étrangement, sans en affecter le démoniste, qui surveillait attentivement ce qui se passait autour d'elle sans pouvoir empêcher quoique ce soit. Pas même l'humain qui, pris d'une violente folie, attrapa le pirate déjà rougi de plaisir pour le frapper à sang. Puis à mort. Immobile, Dastaël posa ses yeux sur ses traits durcis de haine ; les siens l'étaient tout autant devant son attitude qui compromettait tout ses plans. Sans surprise, pourtant. Elle savait pertinemment l'effet que Lachlanne avait sur les hommes, ce n'était plus une stupeur de voir la jalousie aboutir au meurtre. S'approchant du flibustier, l'elfe saisit son poignet entre ses doigts anguleux, sentant le faible pouls. D'un murmure inaudible, une incantation rapide s'appropria du dernier souffle de l'Humain, emprisonnant son âme au creux de la main de l'elfe. Pendant quelques secondes, ils restèrent tous immobiles : Essnälth dans la terreur de ses propres gestes, Lachlanne dans son plaisir insalubre, Dastaël plaquée à son habituelle impassibilité.
« Viens. » intima t-elle au bout d'un temps en se relevant souplement. Un regard au brun suffisait à lui faire comprendre qu'elle ne devait pas compter sur lui pour la suite. Quant à elle, elle ne semblait pas même affectée du carnage qui suivrait, alors qu'elle emboitait le pas au démon. Personne ne les remarqua lorsque les deux femmes arrivèrent sur le pont : un rapide coup d’œil lui suffit pour savoir qu'ils se trouvaient encore près des côtes, alors que les pirates s’affairaient à préparer la frégate.
« Fais en ce qui te chante. » murmura l'elfe, alors qu'une torpeur soudaine semblait envahir le navire. Comme un souffle léger, chaud et irrésistible, Lachlanne s'avançait parmi les hommes qui s'étaient tous arrêtés, charmés par la sirène ailée. Son rire, ses œillades, sa sensualité attiraient les regards de tous et promettaient l'inoubliable. Seuls les avertis savaient que ce n'était que le commencement d'une terrible fin pour ceux qui tomberaient entre ses mains; mais il n'y avait pas d'avertis ce soir là. Aucun d'entre eux ne se souciait de la situation : la plupart était au courant qu'un de leurs prisonniers semblait être un démoniste et pourtant... un sourire acéré étira les lèvres de Dastaël, qui observait son vampire donner son premier baiser. La petite dizaine de flibustiers subjugués ne lui prêtait aucune sorte d'attention, et elle en profita pour jeter un regard circulaire autour d'elle. Où se trouvaient les autres ? Peut importait, tant qu'elle retrouvait celui qui était susceptible de lui avoir volé ce qui lui appartenait, ses médaillons. Calmement, la jeune femme grimpa les escaliers du pont qui conduisait au compartiment du capitaine, à l'intérieur duquel pouvait aisément deviner la flamme vacillante d'une bougie qui ne tarderait pas à mourir. Elle n'eut aucune difficulté à y pénétrer, trouvant l'homme convoité affalé sur un lit de fortune, entièrement habillé. Une bouteille de rhume renversée sur ses draps y avait fait fleurir le liquide, dont l'odeur se mêlait étrangement à celle du tabac. La bouche ouverte, il ronflait, transpirant et rouge, enivré jusqu'aux ongles : l'image du capitaine déclina bien vite en celle, moins prestigieuse, d'un porc gavé. Son tricorne dans une main, un fusil dans l'autre, il lui ne lui restait que sa veste galonnée à moitié déboutonnée et ses bottes hautes rapiécées. Le pauvre diable ne tiqua même pas à la présence de l'elfe, qui restait particulièrement déconcertée du spectacle, oubliant un temps l'horreur qui se déroulait à l'extérieur. Sans interroger sur les mœurs décadentes des hommes qu'elle avait rencontré ce soir-là, la démoniste entrouvrit les tiroirs des meubles pauvrement décorés, n'y trouvant que des parchemins et des cartes en tout genre, sale et illisibles. Diverses richesses coincées ça et là, elle n'y trouvait rien de mieux que de l'or contrefait, qu'elle délaissait bien vite après en avoir gavé ses poches. Exaspérée de ne rien trouver de plus que des bijoux inintéressants, Dastaël se résigna à réveiller le bougre qui, elle l'espérait, ne couinerait pas comme le porc qu'il était. Mais l'étrange argent autour de son cou attira soudainement son attention. Vérifiant qu'il était toujours assoupi, la démoniste fit couler ses doigts le long des deux chaînes pour y saisir les pendentifs échoués dans sa chemise de mousseline à jabot. Détachant minutieusement les bijoux, l'elfe fut particulièrement satisfaite d'être tombée sur un pirate aussi idiot que vénal, et lorsqu'elle enfila à son tour les deux colliers, revint sur ses pas en s'apprêtant à passer devant l'orgie malsaine qu'elle pouvait entendre sans peine dehors.
« Ooooh ehh touâââ.. vo...voleuse ! J'te conseil de lâcher c'que tu tiens...! » L'interpellée haussa un sourcil. Bien sûr, comment avait-elle pu croire que la chance lui sourirait jusqu'au bout ? S'apprêtant à lui faire clore le clapet définitivement, Dastaël se retourna derechef, s'arrêtant soudainement dans son élan. Assit au bord de son lit, le regard vitreux et le souffle court, le pirate tenait en main le lourd fusil, la visant directement. Elle ne répondit pas, observant le soûlard la menacer dangereusement. « Qu'c'tu fais à mes hommes alors qu'j'ai mouâââ même donné l'ORDRE ! de... de t'attacher. » Sans plus de cérémonie, il tira.
L'explosion ne la fit même pas sursauter que, déjà, elle s'était courbée de douleur, tenant son épaule dans laquelle la balle venait de se loger, perçant sa peau et sa chair fragile. Elle sentait l'hémoglobine rouge glisser entre ses doigts blancs, alors qu'elle relevait dans un effort surhumaine son visage crispé. L'autre riait presque de son œuvre, finissant d'écraser le peu de pitié qu'elle avait eu à son égard. Alors qu'elle sentait ses jambes trembler, sa douleur fleurir et l’ankyloser, la meilleure chose qu'elle pu faire fut de drainer la misérable vie du pirate qui s'affaiblissait de secondes en secondes, étouffant la douleur du démoniste qui se releva, blême, les doigts crispés sur le tissu troué et humide de sang. Le bandit s'écroula pour la deuxième fois de la soirée sur son lit. Mort. Rapidement, Dastaël sortie de la cabine, ne prêtant même pas attention aux deux corps ensanglantés gisant à terre des deux boucaniers qui venaient surement de s'entretuer. Silencieusement, elle intima à Lachlanne d'abréger son plaisir, alors qu'elle retournait s'engouffrer dans la cale du navire, ajustant sa cape par dessus son épaule meurtrie pour y dissimuler la plaie béante que la robe avait du mal à cacher désormais. Essnälth s'y trouvait toujours, posté au même endroit où elle l'avait laissé plus tôt. « On s'en va. » fit t-elle seulement, laissant un c'est terminé se noyer dans sa gorge. La détonation avait surement dû réveiller l'autre moitié des flibustiers, mais connaissant la Succube, elle en faisait déjà son affaire, permettant à l'Humain et à l'Elfe de filer. Sans se faire remarquer. Plongeant une main dans sa poche, elle jeta aux pieds du brun les diverses pierreries et bijoux trouvés, remontant peu après les marches de la frégate en espérant y trouver un radeau, n'importe quoi, qui la ramènerait sur le sol ferme.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Dim 9 Oct - 16:59
Ce n’est pas la réalité. C’est un rêve.
Un violent frisson parcouru l’échine du jeune homme brun. Ses mains. Tâchées d’un liquide rouge vif, tremblaient. C’était imperceptible, léger, mais lui le voyait. Il le sentait. Il la sentait. La Mort.
Ess avait beau être indifférent à beaucoup d’actes, beaucoup de situations, il n’en était pas moins humain. Et un humain qui venait de tuer, alors que ce n’était pas dans sa nature. Ess ne craignait pas sa propre mort, mais à cet instant, il était horrifié. Son regard Noir vrilla vers le corps, au sol. Il ferma les yeux et se laissa tomber contre la palissade, derrière lui. Il ferma les yeux, serrant un peu plus fort la mâchoire. Ce geste discret trahissait toujours une inquiétude, une anxiété, un trouble, que le reste de son être ne laissait pourtant jamais transparaitre.
Durant de longues minutes, Ess, la tête basculée en arrière, appuyée contre le mur, s’efforçait de retrouver ses esprits, tandis qu’au dehors, il entendait les cris de plaisir – puis de douleur – des malheureux pirates. Tous, comme lui, succombaient aux charmes de la Succube, jusqu’à succomber tout court. Véritable créature des Enfers, elle semait la Mort sur son passage de la façon la plus perverse qui soit. Ecœuré, Ess ne voulait même plus la regarder, il ne voulait même plus être à ses côtés. Quand à la Démoniste, il la haïssait désormais, encore plus. Elle avait fait de lui un tueur, l’avait poussé hors de ses limites, limites qu’il avait toujours parfaitement contrôlées. Cela faisait bien longtemps qu’il ne s’était pas sentit aussi mal. Et elle avait réussi à le mettre dans cet état. Elle était dangereuse, elle était un adversaire à sa taille, et Ess, bien qu’amusé au début, n’aimait décidément pas ça. Habituellement, il était le maître du jeu, et remportait toujours les victoires. Mais cette fois, la partie était plus difficile, et à cet instant, il n’avait aucune idée de la manière dont il allait jouer ses prochains tours.
Le silence revint bientôt. Lourd, pesant. Quand à l’Elfe, elle apparût brusquement, décréta qu’il était temps de partir, et jeta des pierres et bijoux devant Ess, comme des os au plus vulgaire des chiens. Si elle n’était pas déjà repartie, elle aurait pu frissonner devant le regard assassin du jeune homme, mais déjà, il était de nouveau seul. La simple vision de l’Elfe venait de faire ressurgir la haine en lui, haine qui effaçait la peur et l’inquiétude qu’avait engendré son meurtre. Il se leva d’un bond – ne manquant tout de même pas de ramasser les richesses – et s’apprêta à sortir de la cale lorsque quelque chose de mou se fit sentir sous son pied. Une corde. Une de celles qui les maintenait prisonniers quelques instants plus tôt. Il vit également la chaine anti-magie, dont un maillon avait été brisé par la Démoniste. Prenant un bout, puis l’autre, il fit un nœud grossier et tira dessus : la chaîne résista. Une légère lueur émana alors du fer, indiquant que, bien que grossièrement reconstruit, le lien avait de nouveau ses caractéristiques magiques. Il n’en fallu pas plus pour qu’un éclair de malice traverse les yeux de jais du junkie. L’esprit vif, un plan s’échafaudait à toute vitesse dans sa tête. Retenant un sourire narquois, il s’empara de la corde, la noua en un lasso, et l’embarqua avec lui hors de la cale. Quand à la chainette magique réparée, elle fut bien vite au fond de sa poche.
Il du réprimer une grimace de dégoût lorsqu’il s’aperçu que le sol du pont principal était couvert de sang et de cadavres. Un haut le cœur le pris alors qu’il détournait les yeux, à la recherche de celle qui était probablement, avec lui, la seule survivante. Mais alors que son regard se posait sur l’Elfe, qui avançait vers lui, dague à la ceinture, et son chapeau dans les mains, il ressentit une douleur aussi violente que soudaine tandis qu’il se courbait en arrière, laissant échapper un grognement de douleur. Il sentit bien vite le sang couler dans son dos, tandis que venait devant lui la diablesse. Munie d’un fouet, la succube le dévorait des yeux, tournant autour de lui comme autour d’une proie.
~ Qu’est-ce que j’aime cette expression de souffrance sur ton visage… <3 ~
Se pinçant l’intérieur des joues pour résister à la douleur qui lui enflammait le dos, Ess retint sa respiration. Il risqua un regard haineux sur la Succube, conscient du danger qu’il risquait. Mais à son grand étonnement, il ne replongea pas dans cette genre de transe, dans laquelle il était lorsqu’elle était apparue. Non, cette fois, le désir naquis en lui, mais mêlé à la haine, il devenait violent. Il voulait à la fois Souffrance et Plaisir. Et si l’Elfe n’était pas entrée dans son champ de vision pour déposer son chapeau sur sa tête, lui cachant la vue de la diablesse, Ess aurait probablement été frapper celle-ci. Mais cette intervention l’incita à détourner le regard – Il n’était pas sûr de rester maître de lui-même face à la Succube, et même si l’envie était là, mieux valait ne pas entrer dans son jeu. Une nouvelle fois, il vit la Démoniste s’entretenir avec sa Créature, mais Ess n’y prêta pas attention. En effet, il venait de repérer un canot de sauvetage, attaché près de la coque du navire. Sans prêter plus d’attention aux deux infâmes diablesses qui l’accompagnaient, le jeune homme s’avança vers le mécanisme et, après l’avoir observé un instant, essaya de l’activer. Ce dernier n’était pas difficile à comprendre, et aussitôt, le canot, retenu par deux cordes, tomba pour atterrir sur l’eau, près de l’échelle permettant de monter à bord.
« Allez on y va… Sans elle. »
Ess fixait l’Elfe, quand à « Elle », la Succube, elle commençait à protester, argumentant que faire des choses à trois sur un canot pouvait être une expérience fantastique. La Démoniste ne semblait pas être convaincue – Ess avait du mal à l’imaginer dans ce genre d’expériences – et, visiblement exaspérée par son propre Démon, commença à souffler des mots emplis de magie de l’ombre, afin, probablement, de renvoyer sa Créature en Enfer. Cette dernière, furieuse, fit claquer son fouet en direction d’Ess qui se protégea instinctivement le visage mais, heureusement, le Démon et son arme disparurent avant qu’il ne soit touché.
Elle n’était plus là. Ils étaient morts. Le regard d’Ess se posa à présent sur la Démoniste. Il se rendit alors compte qu’ils n’étaient plus que tous les deux, seuls. Comme toujours, l’expression et le regard du jeune homme étaient indéchiffrables, mais l’Elfe pouvait sentir qu’il était différent du regard haineux ou provoquant qu’il lui portait habituellement. Elle fronça d’ailleurs les sourcils, comme agacée de ne pouvoir lire en lui. Et puis, brutalement, il la quitta des yeux pour s’intéresser à l’échelle qui les mènerait dans le canot. Galant au possible, il passa devant, sauta dans le canot et s’installa à l’arrière, rames en mains. L’Elfe le rejoint aussitôt, brisa les cordes qui maintenaient le canot au navire, et entreprit de s’asseoir devant. Ess eut un sourire narquois en la regardant. Comment allait-elle s’installer ? Face à lui, et supporter son regard provocateur et mesquin durant toute la traversée ? Ou dos à lui, et risquer de ne pas avoir un œil sur lui pour le surveiller ? Ess mima un baiser, arrogant, ce qui décida l’Elfe à s’installer dos à lui. Sans doute pensait-elle qu’elle ne craignait rien de sa part, dans cette petite barque. Mais c’était mal le connaître. La malheureuse n’était au courant ni de la présence de la corde, sous le banc, ni de la chainette anti-magie, dans la poche du pantalon de cuir d’Ess. Ce dernier se mit à ramer, un sourire carnassier étirant ses lèvres tandis que son regard malsain fixait la nuque de l’Elfe, devant lui. La terre, au loin, était déjà en vue, la traversée ne serait pas nécessairement longue.
Pourtant, à quelques mètres de la plage, la barque s’arrêta. Certes ils n’étaient plus très loin, mais ni l’un ni l’autre n’avait encore pied. L’eau semblait même encore très profonde. Mais lorsque la Démoniste tourna la tête, pour voir ce que trafiquait son compagnon d’infortune, ce dernier se jeta sur elle. Surprise, elle n’eut pas le temps de réagir. D’une main puissante, Ess lui maintint les poignets dans le dos, tandis que l’autre main, d’un geste rapide, vint s’emparer des médaillons, qu’elle ôta de son cou. Ess recula alors soudainement jusqu’à l’opposé de la barque, libérant sa proie. Mais cette dernière, furieuse, pu alors voir l’insupportable humain tendre les médaillons au-dessus de l’eau, menaçant de les y balancer. Son regard ténébreux la fixait sans ciller.
« Un seul geste, un seul sort, et je les balance loin d’ici, alors à moins que tu aies amené ton maillot de bain, j’te conseille de la fermer et de m’obéir. »
Ess constata avec grande satisfaction qu’elle fulminait, bien qu’elle ess ayait de ne pas lui accorder le plaisir de le remarquer. Immobile, elle attendait qu’il ne poursuive, soumise – pour le moment – à la défaite.
« Bieeen. Tourne-toi. Oh ne t'inquiète pas, je suis pas si pervers que j'en ai l'air... Quoi que. »
Après un instant d’hésitation pendant lequel ses yeux gris semblaient bondir entre Ess et les médaillons, elle resta immobile. Ess imaginait que l’idée d’être dos à lui, à cet instant, ne lui plaisait guère, et elle avait raison. Cependant, elle n’eut d’autre choix que de lui obéir, et, méfiante, elle lui exposa son dos. Ess saisit alors le lasso qui était sous son banc et pris la Démoniste au piège dans celui-ci. Elle ne bougea pas au début, mais lorsqu’il s’approcha d’elle pour faire plusieurs tours avec la corde, elle plaça justement un violent coup de coude dans son ventre, lui coupant le souffle. Pendant cette seconde de faiblesse de la part de son ravisseur, la Démoniste se retourna et commença un geste de la main. Celle-ci devint rougeâtre, le feu naissait en elle, mais Ess ne lui laissa pas le temps d’incanter un quelconque sort : tenant toujours fermement les médaillons dans son poing, il se saisit des épaules de l’Elfe et la fit basculer derrière lui, dos au bois, tête contre le banc, et se positionna habilement et rapidement à califourchon sur elle. Le canot tanguait dangereusement, tandis qu’Ess maintenait fermement l’Elfe au sol d’une main, tandis que l’autre, tenant les médaillons, était armée derrière lui, prête à lancer ces derniers le plus loin possible. La démoniste, comprenant l’imminente menace, cessa immédiatement toute lutte.
Dans d’autres circonstances, et avec une autre femme, Ess aurait pu éprouver un certain plaisir à se retrouver dans une telle position, mais il haïssait tellement cette femme qu’il n’y pensait (presque) pas. Quoi que, un éclair malsain dans son regard ne pu échapper à Dastaël, encore moins lorsqu’un sourire mauvais vint étirer ses lèvres. Resserrant l’étreinte au niveau de ses cuisses, Ess porta sa main libre à sa poche, d’où il sortit la chainette anti-magie qu’il avait grossièrement réparée. Malgré l’aspect du nœud, le jeune homme avait été satisfait de sa solidité. Son sourire mauvais et goguenard s’étira, tandis qu’il agitait la chainette devant lui.
« T’a oublié ta laisse, heureusement que j’y ai pensé… »
Une laisse… Dégradant et provocant au possible, Ess, menaçant toujours de jeter les médaillons, passa la chainette autour du cou de la Démoniste. Bien qu’elle essayait de se débattre, elle ne pouvait faire grand-chose, prisonnière sous lui. Le jeune homme n’hésita pas à faire plusieurs tours afin qu’elle ne s’en défasse pas aussi facilement que la première fois. Il glissa ensuite le lasso jusqu’à ses hanches et ses avants bras, serrant bien, de manière à ce qu’elle ne puisse pas porter ses mains à son cou. Entravée de tout geste ou toute magie, l’Elfe ne pu que siffler un « pauvre idiot » qui fit rire Ess d’une voix narquoise. Considérant qu’elle n’était plus dangereuse, Ess se pencha en avant, provocant, ramenant de nouveau son visage très près du sien. Son regard noir mais taquin plongea directement dans les yeux grisâtres de l’Elfe.
« Alors bienvenue dans l’Idiocratie. »
La fin de la traversée se fit dans le silence le plus désagréable. Ess avait repris les rames et fait en sorte que Dastaël soit face à lui, juste par pur plaisir de voir son visage agacé. Lui savourait sa victoire. Mesquin, il lâchait de temps à autre des provocations auxquelles la Démoniste ne déniait répondre. Il arrivèrent bientôt sur la plage. Le canot flottait toujours, mais ici, ils auraient pied. Ess lâcha les rames et posa ses coudes sur ses genoux, puis sa main vint soutenir son menton. Il fixa la Démoniste puis soupira. Après quelques instants de silence pendant lequel ils se fixaient – elle le défiant du regard – lui la fixant de façon détachée – il lâcha :
« Tu as maintenant la preuve que je suis meilleur que toi. Je m’en sors toujours. Mieux que ça, j’aurai pu te tuer plus d’une fois, en te balançant à l’eau alors que tu es attachée, ou en disant certaines choses aux pirates. Mais je l’ai pas fais. »
Il ôta alors les médaillons de son propre cou, puis se glissa devant elle, sur les genoux, pour être à sa hauteur. Il passa les deux médaillons autour de son cou à elle, ce qui sembla étonner cette dernière. Proche d’elle, il plongea de nouveau ses yeux ténébreux dans les siens et lâcha, sans plus aucune trace de sourire :
« Je l’ai pas fais, mais si tu viens encore une seule fois me chercher des merdes… »
Son visage glissa presque le long du sien, sur le côté. Il se baissa légèrement pour atteindre le cou blanchâtre de la jeune femme. Il fit glisser ses lèvres sur sa peau, puis mordit cette dernière violemment. Il maintint sa prise un moment, aspirant sa peau avec force et haine entre ses dents. Lorsqu’il la libéra, un ovale rouge sang brillait sur sa peau, témoin de la Haine qu’il avait pour elle et du plaisir qu’il avait eu à l’affronter. Un plaisir malsain, hargneux. C’est sur ce ton qu’il acheva sa phrase, sa langue claquant comme un fouet :
« J’te crève. »
Et tandis qu’il se reculait, il ne manqua pas de l’incendier de nouveau du regard, sa puissante mâchoire serrée. Il sauta par-dessus le bord du canot, atterrissant dans une éclaboussure. Posant ses deux mains sur l’avant de l’embarcation, il lâcha d’un ton plus léger, la regardant une dernière fois :
« Au fait, c’était des conneries toute à l’heure. J’ai jamais vu d’autre médaillons qu’celui la. »
Il haussa les mains et les épaules d’un air faussement désolé et, dans un clin d’œil, poussa la barque avec force afin de l’éloigner quelque peu du sable. Avec un dernier sourire et regard taquin, il la quitta des yeux et s’enfuit rapidement vers la plage, disparaissant dans l’obscurité de la nuit.
Now I'm on the run, I'd do it all again, So catch me if you can…
Dastaël Yeux-Éteints
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth Lun 10 Oct - 13:59
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne.
Tell me would you kill to save for a life ? Tell me would you kill to prove you're right ? Crash, crash, burn, let it all burn This hurricane's chasing us all underground
Difficilement, Dastaël entreprit de descendre sur la petite embarcation, tâtant de son pied un endroit stable où elle pourrait prendre appui sans être renversée. Prenant le rebord comme point d'ancrage, elle saisit sa dague ceint à ses hanches, et coupa net le premier cordage qui les maintenait en équilibre. Une brusque secousse la fit se crisper, mais les quatre autres cordes se déroulèrent sans problème, jusqu'à ce que la coque de l'étroit bateau finisse par s'enfoncer doucement dans l'eau. La jeune elfe souffla légèrement, le nez en l'air, comme pour vérifier qu'elle avait bien évincé toute menace. Toute ? C'était sous estimer celui qui se trouvait derrière son dos. La brune tourna alors les talons pour appesantir un regard neutre à l'homme qui, goguenard, la fixait déjà de ses yeux d'encre. Elle fronça les sourcils, agacée par tant de nonchalance. Au dessus d'eux, épars, trainaient des cadavres noyés dans le sang et la terreur ; si Dastaël était désormais cuirassée de ce genre d'horreur, elle n'était pas certaine qu'Essnälth en ait l'habitude. Il se comportait pourtant avec tant de légèreté qu'elle en fut mal à l'aise; ses spéculations s'étouffèrent néanmoins bien vite alors que, sardonique, l'homme plissa ses lèvres, imitant un baiser vulgaire qui assombrit le regard du démoniste. Celle-ci se retourna en maudissant le grossier personnage, s'asseyant d'une façon chaloupée sur le minuscule banc de bois. A l’abri du regard de l'Humain, l'elfe défit sa cape, sortant par la même occasion une pierre minuscule, viride. Ses doigts vinrent dégager son épaule ensanglantée, le tissu de la robe agglutiné dans l’hémoglobine qui commençait déjà à coaguler. Brisant le fragile cristal dans ses doigts, elle couvrit sa main du liquide opaque, qu'elle porta ensuite à sa blessure. Par chance, la balle de cet imbécile de pirate n'avait pas touchée d'os et était directement ressortie, aussi les vertus de la pierre de soin ne mirent pas longtemps à agir, soulageant considérablement la brune d'une douleur qui n'avait pas fini de l'élancer. Elle en sentait les vapeurs chaudes contre sa peau, et songea brièvement au forban mort pour avoir donné cette âme. Mais le flibustier ne resta pas bien longtemps dans ses pensés, alors qu'elle sentait brûler sur sa nuque le regard d'Essnälth, dont elle pouvait sentir toute la rage vindicative qu'il éprouvait à son égard. La tension qu'apportait l'invocation de Lachlanne s'était nettement apaisée depuis qu'elle l'avait renvoyé d'où elle était venue. La succube aurait finit par tout compromettre, et si Dastaël n'était pas intervenue à temps, force était de constater que l'Humain aurait été laissé pour mort, le navire pour seul tombeau. Mais sa récente tentative d'emprisonner le brun sous son joug à l'aide de baisers vampiriques n'avait fait que durcir l'animosité de celui-ci à l'égard de la maitresse du démon; bien que celui-ci disparu, la méfiance et la colère n'en étaient pas altérées.
Dans la douleur qui commençait à s'évanouir, la jeune femme paraissait s'assoupir, pâle, se forçant toutefois à garder les yeux ouverts. L'échine courbée dans une position plus ou moins confortable, elle restait crispée sur sa blessure, tâchant de prêter une oreille attentive aux faites et gestes de l'homme qui restait étonnamment silencieux. Aussi, elle ne tarda pas à plonger dans une torpeur introspective, passant en revu ce qui venait de se passer cette nuit là. L'Humain n'avait l'air de rien comme ça, pas plus d'allure qu'un chien galeux et hargneux. Elle lui devait bien, pourtant, des qualités non négligeables dont il lui avait fait la démonstration. Il était le genre à obtenir ce qu'il voulait par le biais de machinations improvisées plus ou moins efficaces et a priori, ne reculait devant rien : si la mort ne l'effrayait pas, il en devenait dangereux, redoutable : c'était autre chose que ces pauvres diables qui, suppliants, avaient demandé grâce à l'elfe avant qu'elle ne les déchire de leurs âmes, implacable. Oui - elle branla du chef pour marquer son approbation muette - Essnälth n'avait rien à voir avec ceux que Dastaël avait tenu de tuer après les avoir correctement utilisés. Il n'était pas misérable : il survivrait. Soupirant après avoir décidé de son sort ( elle n'avait l'habitude de ce genre de dénouement ) l'elfe sursauta légèrement alors qu'elle sentait l'embarcation s'arrêter. De loin, elle voyait la frégate, immobile, devenir un navire fantôme, mais s'il lui paraissait avoir passé des heures dans la même positions, était-il possible qu'ils aient déjà atteints les côtes, sans la moindre pause ? Dans les questions qui la travaillaient, la démoniste se retourna vers le prestidigitateur, mais à peine avait-elle eu le temps d’apercevoir son visage que, déjà, il s'était jeté sur elle, empoignant ses mains pour l'entraver. Surprise, elle sentie s'arracher de son cou les chaines qui retenaient les deux médaillons, alors que son cœur ratait un battement. Paniquée, elle allait s'agitait mais la pression sur ses poignets se relâcha aussi surement qu'elle s'était faite, laissant à la jeune femme le temps de se retourner brusquement... pour voir l'Humain suspendre les bijoux au dessus de l'eau. Sans lâcher un son, le visage de Dastaël se ferma considérablement, alors qu'elle accablait son vis à vis d'un regard méprisant auquel il répondit par un sourire sardonique.
« Un seul geste, un seul sort, et je les balance loin d’ici, alors à moins que tu aies amené ton maillot de bain, j’te conseille de la fermer et de m’obéir. » immobile, l'elfe ne cilla pas. A la place, seule une haine sans équivalent faisait briller la lueur de ses yeux presque morts. Une rage si terrible que ses poings, fermement crispés sur le tissu rêche de sa robe, tremblaient. Toute l'espèce d'empathie qu'elle avait, l'espace de quelques minutes, éprouvé pour le garçon en consentant à le laisser vivre sitôt qu'ils auraient touché terre se mua au profit d'une colère retentissante doublée d'un mépris poignant. « Bieeen. Tourne-toi. Oh ne t'inquiète pas, je suis pas si pervers que j'en ai l'air... Quoi que.» un rictus déforma les lèvres de la soumise. Sans parole, sans mot, elle lui traduisait par cet imperceptible mouvement le sort qu'elle tenait en réserve pour sa personne, retentissant d'animosité à son égard. Alors, sans se départir de ses sentiments, elle se tourna, lentement, offrant son dos au vainqueur. Quoiqu'il arrive, elle devait récupérer les médaillons, dût-elle en essuyer une violente humiliation. Elle se raidit en le sentant s'approcher, mais ses muscles se décontractèrent alors qu'elle sentait une corde venir la brider. Tournant son visage vers Essnälth, Dastaël profita de sa proximité pour lui assener un violent coup de coude dans l'estomac, se relevant par la même occasion pour se défaire du cordage. Mais sitôt ses jambes dépliées, elle invoquait déjà une lumière incandescente au creux de sa main, qui lui brûlait la paume et animait un désir farouche de le voir s'étendre à ses pieds. Mort. Mais alors qu'elle s'apprêtait à lancer une incantation, l'homme la saisit violemment par les épaules, stoppant net toute magie, elle sentit son corps heurter brusquement le bois de l'embarcation, qui tanguait inévitablement. Les yeux clos et le souffle coupé par le choc, elle s'agita soudainement en sentant un poids sur son bas ventre, et son regard vint directement chercher celui du guerrier, fier de sa position. L'elfe cessa bien vite de remuer et se tint immobile, glaciale. Comme par deux fois depuis la veille, elle sentait se suspendre le temps, qui s'égrenait lentement. Son ventre qui se soulevait à mesure de son expiration s'était lui même arrêté - elle retenait son souffle, hébétée par la situation, mais il n'y avait rien de plus dans ses traits qu'une haine débordante. Tenue immobile, elle était en proie à une angoissante détresse, couplée à quelque chose de plus terrifiant encore : quelque chose qu'elle ne voulait même pas qualifier, alors qu'elle sentait l'emprise de l'homme se resserrer autour de ses hanches. Sans se cabrer, elle avala l'air soudainement, donnant de nouveau un souffle à ses poumons. Si la situation avait tout d'humiliant, la démoniste n'en laissa rien paraître, maitresse d'un stoïcisme qui lui était favorable.
La menace de voir les médaillon sombrer dans l'océan la ravisait de toute défense, alors que Essnälth fouillait tranquillement sa poche, y sortant un collier qu'elle ne connaissait que trop bien. « T’as oublié ta laisse, heureusement que j’y ai pensé…» défiante, elle leva légèrement le menton, ravalant sa colère alors que, la mâchoire serrée, elle dévoilait ses dents en une expression acérée. « Pauvre idiot. » souffla t-elle alors que, dégoutée par le contact, elle sentait les doigts du brun lui mettre ledit collier qui, aussitôt avait été déposé sur sa peau, coupait toute forme de magie. Dans un élan railleur, il se courba sur elle, réduisant la distance de leur visage. S'arrêtant derechef de respirer, Dastaël lui vrilla un regard neutre, placide, qui semblait pourtant signifier tu es écœurant alors qu'elle accompagnait ses pensées en reculant subitement, voulant sans doute s'encastrer dans le bois, s'y fondre pour que le contact ne s'établisse pas. « Alors bienvenue dans l’Idiocratie.» elle sentait son souffle sur son front, son haleine, et tout ses sens semblaient être alertés par le danger qu'il représentait. Si la position n'avait rien d'anodine, elle n'y prenait aucun plaisir, passablement dérangée dans l'intimité malsaine qu'il leur imposait. La colère lui brutalisait la langue, elle se ravisa cependant d'en dire quoique que ce soit. Alors, comme pour y répondre, Essnälth se releva, enfin, soulageant la démoniste pour quelques instants : il venait de brûler son orgueil et continuait de le torturer alors qu'il faisait peser son regard mauvais sur elle, bien qu'elle s'efforçait de ne pas céder à la colère puérile qui s'emparait d'elle, ne répondant à aucune de ses provocations. Elle pu voir la barque se rapprocher sensiblement de la plage qui les avait vue disparaitre plus tôt, mais alors que Dastaël avait tourné son visage vers les côtes qui s’étendaient devant elle, l'expression d'une bête prise au piège sur ses traits blancs, l'homme pris l'initiative de s'arrêter, déblatérant encore sur ses exploits. Ne pouvait-il pas simplement la fermer ? songea t-elle en fronçant derechef les sourcils.
Elle l'observa calmement défaire les médaillons, et, bien que surprise, ne souffla pas un mot quand il vint les lui mettre autour du cou. Une seconde fois, mais plus terrible encore, il noua une proximité électrique entre eux deux. Cette fois, pourtant, l'elfe ne pu rester stoïque face à ce qu'il lui faisait endurer. Prisonnière, elle se cabra violemment sous la morsure, tuant dans l’œuf une plainte née dans son ventre. Sa respiration se saccadait sous un désir fauve et la sexualité vulgaire qu'imposait ce geste couplé d'une douleur lancinante. Ses dents entamaient sa chaire, et la brune s'agitait comme un animal torturé : si elle avait été plus sauvage, peut-être aurait t-elle mordue la large épaule qu'elle sentait sous son menton, mais l'idée ne lui traversa pas l'esprit. Une chaleur, terrible, meurtrissante, l'irradiait complètement : tant, qu'elle en était grisée. Tant, que si son esprit hurlait qu'il s'arrête, son corps venait le réclamer. Et puis tout s'arrêta, elle reprit son air implacable, mutilée.
« J'te crève. » souffla t-il entre ses dents, aucun sourire ne venant éclairer son visage charbonneux par une barbe naissante. Dastaël, pourtant, eut un rictus acéré. « Tu devrais. Mais tu ne le feras pas. »répondit-elle d'une intonation caressante alors qu'elle reprenait le pas sur ses émotions. « Tu en es incapable, Essnälth. Tu n'es pas comme moi. » continua l'elfe avec roideur sans se départir de son expression sardonique. Aussi immoral qu'il était dans sa triviale condition humaine, Ess n'obéissait pas à des instincts primaires aussi bestiaux que de tuer de sang froid. Car le meurtre qu'il avait commit était seulement le résultat de l'emprise de la Succube sur son encéphale qui ne réfléchissait plus. Elle le regardait s'éloigner, sautant par dessus l'embarcation, pour y saisir le rebord de ses mains. A la mention des autres médaillons, elle plissa légèrement les yeux. Tu mens. Je te retrouverai. mais sa bouche restait résolument close, alors qu'il s'éloignait déjà, rapide en se noyant dans l'aube naissante. Figée, elle le regarda disparaître en sentant la barque s'éloigner du rivage de sable. Saucissonnée, Dastaël se démena, tordant ses poignets en grognant pour saisir son poignard qui était misérablement échoué au fond du bateau. Lorsque, les articulations douloureuses, elle s'empara de lame, l'elfe fit le nécessaire pour l'y faufiler sous les épais cordages, sciant dans ses mouvements imprécis pour défaire ses entraves, coupant en même temps la peau de ses avants bras qui se déchiraient sous les assauts de la dague. Cette fois, elle laissa échapper quelques gémissements plaintifs, mais oublia bien vite le sang qui roulait sur ses mains quand elle pu, enfin, plus facilement dénouer le piège que l'Humain lui avait tendu. Non sans mal, elle s'extirpa de la corde qu'elle laissa choir à ses pieds, tirant sauvagement sur le collier à s'en étouffer. Et, quand elle se releva, libre de tout mouvement, de toute magie, son regard impavide et froid se posa en direction de la plage. Des promesses violentes à l'esprit, elle sentait s'agiter dans sa poche toutes les âmes prisonnières. Je te retrouverai.
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Sujet: Re: [ Clos ] burn my shadow - Essnälth
[ Clos ] burn my shadow - Essnälth
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