|
| | Auteur | Message |
---|
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
| Sujet: I. De profundis clamavi Ven 11 Nov - 17:47 | |
| Il était malade, ce chien, qui traînait sa misère douloureuse dans sa lourde patte arrière. Il avait la gueule béante, le poil hirsute, le regard vaseux. Ses cotes se dessinaient, durement, sur sa peau, son jappement grésillait, comme s'il allait s'éteindre dans sa gueule, bien qu'il affichait toujours cet air imbécile et ahuri, comme s'il était heureux d'avoir trouvé dans cet endroit qui puait le macchabée un maître, dût-il être aussi mauvais que Dastaël, et une paillasse sur laquelle dormir. Dans les profondeurs de Fossoyeuse, elle étouffait sa rage, comme une bougie sous verre. Elle mordait sa peine et se débattait de sa douleur, sans un regard pour le prisonnier, tapis là, quelque part. Que fallait-il donner de plus pour combler le sempiternel échec qui venait encore de tomber ? Cent fois, l'elfe avait touché la vie du bout de son doigt, alors que lui manquait t'il pour réussir ? Des sacrifices ? Combien en avait-elle sacrifié, innocents comme coupables ? Elle avait retourné Azeroth pour trouver ce qu'il lui manquait, sans jamais mettre la main dessus. Et jamais Azeroth ne lui avait donné satisfaction. Dehors, la nuit avait recouvert le monde. Ici, c'était l'Enfer éclairé.
A la levée de l'aube, elle irait creuser ses premières tombes, avec ses mains. Il y avait des cadavres dont elle ne pouvait désormais plus rien faire, et elle n'était pas encore assez cruelle pour les donner en pâture à quelques estomacs morts mais affamés de Fossoyeuse. Sans un bruit, elle s'était avancée vers son bureau, où éparses se trouvaient les fioles renversées, les liquides qui s'amalgamaient sur des parchemins trempées à l'encre diluée, des plumes et des crânes de bêtes brisés, de l'encens et des cristaux, et l'environnement sentait la sorcellerie, la mort, la moisissure et la vétusté. De ses sanglots noyés, Dastaël ne pu que ciller. Doucement, sans un bruit, sans une larme. A la place, il n'y avait que le sang qui teintait son visage marmoréen. Le sang et une douleur femelle comme une opercule opaque devant ses yeux déjà morts.
« Mogrim. » héla t-elle le clébard, qui, couinant, se releva, clopin-clopant jusqu'à sa maîtresse. Celle ci, de sa sacoche de cuir râpé et terreux, en sortie un morceau de papier craft odorant et dégoulinant de sang marron. Le chien jappa, reniflant et léchant le liquide qui coulait entre les doigts de l'elfe jusqu'à s'écraser sur le sol. Se recroquevillant, elle défit l'emballage et exposa la chair noire et sanguinolente, qui fut au goût de la bête néanmoins. Pendant quelques instants, elle regardait son pelage sombre, le bruit de la côte qui craquait sous ses crocs usés, son grognement de contentement. Ça puait la défaite, et elle respirait à peine, lorsqu'elle leva son regard, enfin, sur l'humain. Au fond de la pièce, il se confondait, maigre, à l'atmosphère. Mais lui n'était pas brisé, ou pas de la même manière. Des ombres sous ses yeux dessinaient ses cernes. La démoniste observait, sans ciller, sans être gênée par son regard qui la détaillait. Un loup pensait elle, avant d'enfouir derechef sa main dans son sac. Elle en avait sorti une bouteille poussiéreuse et dont l'effluve de raisin et d'alcool contrastait, agréable, avec l'embaumement de la pièce. C'était peu pour soulager sa captivité, mais le geste avait été, à son égard, une grande exception. Il ne lui dirait pas le noms de ceux qui possédaient les médaillons, et depuis des semaines ils en étaient restés là, idiots dans leur mutisme, bien que Essnälth s'employait à la faire réagir, et à la tourmenter. Si d'apparence elle restait solidement de marbre face à chacune de ses provocations, elle sentait une haine vindicative et brûlante lui tordre son bon sens; à cela s'ajoutait d'autres choses, et des choses bien plus terribles, bien plus noires que la colère latente quand il tentait de la piétiner. Doucement, elle déposa, face à lui, la bouteille de vin. Accroupie, elle le regarda un instant, silencieuse. Il avait une mâchoire carrée, des yeux d'encres, du poil qui lui charbonnait le visage halé. Il était sombre, comme un démon. L'elfe, après son étude détaillée, se releva en défroissant sa robe claire et maculée de sang. Oui, mieux valait ne pas trop s'attarder à sa contemplation, car elle jurerait qu'il assimilait chacun de ses gestes jusqu'au moment propice, celui qui ne saurait du reste, tarder à arriver. L'instant où, d'un coup sec et sans remords, il viendrait la détruire.
|
| | |
Personnalité
Feuille de personnage Race: Humain Classe: Aucune Statut et/ou Métier(s): Musicien (guitariste), Trafiquant, Prestidigitateur.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Ven 11 Nov - 17:59 | |
| Essnälth était allongé depuis des heures, mains croisés derrière la tête. Pas de cigarette, il n’y avait pas le droit. Mais le manque se faisait déjà sentir. Il faut dire qu’il fumait tellement, enchainant presque cigarette sur cigarette. Déglutissant, mâchoire serrée, il fixait le plafond, fait de pierre. De la mousse la recouvrait ci et là. Il le regardait sans vraiment le voir. Il attendait.
Qu’attendait-il ? Qu’elle perde patience. Essnälth resterait des heures ici, des jours, des semaines si il le fallait, mais il ne lui donnerai pas satisfaction. Elle voulait les médaillons, elle voulait qu’il l’y conduise, il refusait. Qu’elle le torture, il ne parlerait pas, elle le savait. Qu’elle le tue, il n’en avait que faire. Elle l’avait bien compris. Allongé sur son « lit » de fortune, l'humain leva machinalement les yeux vers celle qui le maintenait captif depuis plus d'un mois, lorsqu’elle fit son entrée. Son regard était las: comme d'habitude, elle allait se mettre à ses petites recherches en l'ignorant ou en lui lançant des remarques glaciales. Il se surprit pourtant à rester là, à l'observer. Comme souvent, il analysait ses moindres faits et gestes dans son dos. Dastaël était son ennemie, elle était venue lui déclarer la guerre. Soit, il se battrait avec ses armes : la patience, la provocation, et tout ce qui faisait de lui un être insupportable lorsqu’il s’y mettait. Patient, il attendrait, et en attendant, l’étudierait. Le jeune homme était méthodique, et bien qu’il adore les jeux de hasard, dans sa vie, rien n’était laissé à ce dernier. Mensonge, manipulation, méthode, stratégie, réflexion. Il savait ce qu’il faisait, et contrôlait ce qui se passait.
Mais face à elle, il avait perdu un certain contrôle, surtout avec cette capture inattendue. Soit, le jeu n’en serait que plus intéressant. Le jeune homme l’observait en silence, sans bouger d’un pouce. Il n’y avait ni haine ni provocation dans son regard, juste de la méthode. Vêtue d’une robe aussi simple que d’habitude, sans forme, sans ajouts, sans accessoires, elle était déjà dos à lui, s’affairant à son travail, sans s’occuper du parasite qu’il était.
Elle se baissa alors, Ess ne prit pas la peine d’éviter de regarder son postérieur s’offrant à sa vue. Elle sortit de sa besace un morceau de chair cru, tandis que le clebard, compagnon de fortune d’Essnälth, s’approchait déjà. L'humain considéra le morceau de viande qui accueillait les crocs du clebard avec une grimace. Il n'osait pas imaginer de quel genre d'être il était extrait. Préférant porter son regard ailleurs, il le posa de nouveau sur l'Elfe. Cette dernière le fixait, aussi impassible que d'habitude. Ce n'est qu'à cet instant qu'il remarqua le sang qui perlait sur sa joue. Sans un mot pourtant, il la regarda approcher avec un second paquet. Quoi, elle lui apportait aussi un morceau de viande fraiche ? Le regard d’Essnälth se fit plus tranchant. Mais à cet instant, elle posa devant lui une bouteille. Un sourire franc s'étendit largement sur les lèvres de l'humain, chassant aussitôt tout mépris, tandis que, déjà, elle faisait demi-tour.
« Je vais bientôt devenir un invité de prestige... » Railla t-il. « Peut-être. »
Légèrement amusé, il se dépêcha de se saisir de la bouteille avant qu'elle ne change d'avis, sa patience, contrairement à lui, avait des limites. En tout cas, elle avait apparemment compris une chose sur Essnälth: il vivrait plus longtemps avec de l'alcool qu'avec des morceaux de viande.
Ess se saisit de son verre, qu'il avait depuis le premier jour, et le racla contre le goulot de la bouteille. Habilement, il réussit à en faire sauter le bouchon. Question d’habitude. Il leva alors un regard un brin provocateur vers l'Elfe et lâcha, avec un léger dédain, mais également une pointe de provocation :
« Je t'offre un verre ?»
Evidemment, c’était une « boutade », Dastaël n’accepterait probablement pas de boire de l’alcool en compagnie de son prisonnier, encore moins si il s’agissait du détestable Essnälth, son nouvel ennemi.
Dernière édition par Essnälth le Ven 11 Nov - 21:58, édité 1 fois |
| | |
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Ven 11 Nov - 19:41 | |
| Peut-être. Avait-elle soufflé pour elle même à sa première raillerie. Posant son regard sur le capharnaüm, sur Mogrim, sur Essnälth, Dastaël ne savait où se poser, que faire. Pour peu, elle aurait tremblé. Sans s'occuper de l'homme néanmoins, elle entreprit de rassembler des pierres, qu'elle abandonna aussitôt, serrant son buste menu entre ses bras. L'elfe cru perdre pied, une bonne fois pour toute. Il n'y avait plus rien, hormis l'échec sempiternel. La mort qui la narguait. Après quoi courrait la démoniste ? Il lui semblait, parfois, que le plus terrible était qu’elle ne se souvenait même pas à quoi ressemblait les prémices de sa motivation. Pourquoi relever les morts ? C’était un contraste incompréhensible lorsque l’on s’affairait à tue et à mépriser tout semblant de vie. Mais Dastaël ne s’était jamais arrêté au simple statut d’invocateur. Si les Hommes ne l’intéressaient pas, elle vouait un amour terrible pour le savoir et la connaissance : tromper la mort et la garder sous sa coupe étaient en soi le paroxysme même de pouvoir. Mais rien à faire ; son cœur ne s’emballait pas, et elle son esprit s’assoupissait même parfois, sur la défaite ; parce qu’elle avait oublié ce pourquoi elle se tuait. C’était un but à atteindre, simplement : il ne fallait pas poser plus de question que nécessaire. Elle attendait dans cette orgie d’odeurs et de sangs, de putréfaction bercée par les pleurs sauvages et le cri animal de la douleur. Tournant lentement ses yeux vers le brun, elle le jugea du regard quelques instants.
« D'accord. »
Et la voilà qu’elle s’avançait, la boite de métal décorée dans sa main anguleuse, alors que pour la première fois on accordait son visage au plaisir ; ô Dastaël qui apporte du vin et du tabac, dans sa robe sale et ses cheveux emmêlés. C’était comme un Munch couplé à du Tarantino, dans l’absurde et l’effroi de la scène. Il s’était poussé, pour lui faire une place à ses côtés, et elle l’avait regardé, un sourcil haussé. Dastaël restait quand même fidèle à elle même, s'asseyant doucement face au jeune homme. Au préalable, elle avait saisit un verre de cristal grossier qu'elle déposa devant lui, attendant patiemment qu'il ne daigne la servir. Sans cesser de le dévisager, sans gêne, elle observait ses moindres faits et gestes, comme s'il s'apprêtait à lui sauter à la gorge, comme il en avait eu tant de fois l'occasion. Toussant lorsque la fumée vint lui chatouiller le nez, la jeune femme plissa les yeux, fronçant les sourcils sur un air peu affable. Et ils s’observaient. Des chiens en cages. Comme on dirait. Elle sentait la pierre lui égratigner la paume de sa main, qu’elle avait posée à plat pour mieux se tenir, croisant ses jambes afin de la soutenir. L’alcool avait rougie, épais, le verre qu’elle tenait entre ses doigts comme des serres d’oiseaux, alors qu’il s’allongeait, s’installant plus ou moins confortablement sur les couvertures et le maigre matelas de fortune.
« Ne me dis pas que tu n'as jamais gouté à un tel plaisir ? » lâcha t-il alors qu’elle louchait sur le bâton de mort lente portatif. C’est sans répondre qu’elle chassa d’un geste la main de l’homme. Non, elle n'avait jamais porté ce genre de chose à ses lèvres et du reste, n'en voulait pas. L'odeur était bien assez désagréable. Au lieu de sa, Dastaël s'empara de sa coupe, la saisissant entre ses doigts anguleux.
« Tes plaisirs ne sont pas les miens. » souffla t-elle alors. La situation était étrange. Pas désagréable, mais trop peu convenable. Elle ne partageait rien de son quotidien, jamais. Avec personne... et encore moins avec un humain. Mais Essnälth n’était pas humain. Quant à savoir sa véritable nature, elle y travaillait encore.
|
| | |
Personnalité
Feuille de personnage Race: Humain Classe: Aucune Statut et/ou Métier(s): Musicien (guitariste), Trafiquant, Prestidigitateur.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Ven 11 Nov - 20:53 | |
| « D’accord. »
Ess interrompit son geste, le liquide rougeâtre se précipitant à nouveau dans la bouteille de verre, retardant son échappée. Si une chose était certaine, c'est qu'il ne s'attendait pas à cette réponse. Bien qu’agréablement surpris, il en fut également perturbé : Il avait beau fanfaronner, elle restait imprévisible. Pendant tout ce temps, elle avait été glaciale, les conversations qu’ils avaient étaient plus des monologues de la part d’Ess ; quant aux instants sympathiques en sa compagnie, il n’en avait simplement jamais connu.
Il la fixait, se surprenant à ressentir un faible sentiment d'inquiétude à son égard. Il était vrai qu’elle avait l’air différent. Comme tourmentée, du moins, plus que d’habitude.Néanmoins, le brun n'en perdit pas le nord, et en profita pour quémander son paquet de cigarettes, qu'il n'avait pu toucher depuis son arrivée. Autant le dire, c'était peut-être ce qui le manque qui le faisait le plus souffrir. La démoniste devait vraiment être dans un état particulier, car pour la première fois, elle consentie à ouvrir son coffret pour donner au jeune homme sa drogue et de quoi la fumer. Ess s'assit en tailleur sur la couchette, laissant éventuellement une place à la jeune femme, tout en ne cessant de la fixer tandis qu'enfin, ses poumons s'emplissaient de nouveau de ce divin poison. Mais il ne pouvait s’empêcher de la regarder avec une certaine méfiance. Se fichait-elle de lui ? A moins qu’elle n’ait une faiblesse. Dans ce cas, il se devait de l’exploiter.
Elle était calme, mais tout aussi méfiante que lui, voir plus, et il y avait de quoi. Elle paraissait si faible parfois, si terrible en d’autres moments. Elle était très particulière. Trop. En cet instant, on aurait dit un petit animal, craintif, qui n’osait pas bouger ou prendre trop de place. Parfait. Alors il serait son prédateur. Ess servit la coupe, lorsque la Démoniste se mit à tousser, respirant la fumée de sa cigarette. Il leva alors les yeux vers elle, légèrement amusé, alors que le vin s’échappait enfin, emplissant le verre de son hôte. S'installant plus confortablement dans une position semi allongée, prenant toute la place qu’elle semblait lui céder, imposant, sûr de lui, il lâcha : « Ne me dis pas que tu n'a jamais gouté à un tel plaisir ? » Et, taquin mais visiblement curieux, il lui tendit le petit bâtonnet qui venait tout juste de quitter ses lèvres. Provocation. Il devait déstabiliser sa proie. Et c’était probablement ce qu’il savait le mieux faire. Mais la Démoniste n’était pas aussi fragile qu’elle semblait l’être, et elle ne se laisserait pas déstabiliser si facilement. Méprisante, elle dégagea sa main, pour s’emparer de sa coupe.
« Tes plaisirs ne sont pas les miens. » « Je serais curieux de savoir quels sont les tiens... »
Pas de curiosité, mais un mépris certain. Dastaël était en fait son opposée, malgré qu’ils soient semblables dans la noirceur de leur âme. Elle ne répondait à aucun désir, ne prenait aucun plaisir, ne se divertissait pas. Du moins, c’était l’image qu’il avait d’elle. C'est vrai, après tout, quels étaient ses plaisirs ? Découper des cadavres, faire des potions ? N'avait-elle jamais de plaisirs plus... humains ? C'était impossible. Elle avait beau être macabre, elle restait vivante. Et Ess était persuadé que tous les êtres vivants avaient besoin de certains plaisirs. Avec qui pouvait-elle bien partager les siens... ? La regardant entre suspicions et interrogations, Ess avait, sans s'en rendre compte, penché légèrement la tête, absorbé par ses pensées. Lui, contrairement à elle, vivait sa vie pleinement, répondant au moindre de ses instincts primaires. Mais cette réflexion, et le fait qu’elle ait accepté ce verre alors qu’il ne s’y attendait pas le moins du monde, lui firent prendre conscience que, finalement, il ne savait peut-être rien d’elle. Il devait remédier à cela. Instinctif, manipulateur, stratège et menteur, il lâcha :
« Je pense que je te connais de mieux en mieux. » La réaction de l'Elfe fut celle qu'il avait prévu. Lui coupant presque la parole ainsi que son scepticisme, il poursuivit,« On a qu'a vérifier. Je te propose un jeu. Je vais émettre des suppositions sur toi. Si j'ai juste, tu bois. Si j'ai faux, je bois. Au bout de cinq, c'est à ton tour. » Tirant de nouveau sur sa cigarette, il acheva, assommant son silence : « Craindrais-tu que je n'en sache déjà trop sur toi ? » Elle haussa un sourcil. Il afficha ostensiblement un sourire et un regard des plus mauvais, brillant d'arrogance.
|
| | |
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Ven 11 Nov - 23:45 | |
| Elle le regardait. Elle le détaillait, l'observait, l'analysait. Il avait un grain de peau sombre. Mal rasé, négligé, une petite cicatrice sur la joue, des cheveux fins qui défiaient elle ne savait comment les lois de la pesanteur. Et il avait cette moue narquoise qui naissait au coin de ses lèvres quand une idée lui venait. Il en avait eut, des idées, depuis qu'elle partageait son quotidien avec lui. Dastaël les avait toujours ignorées. Si elle le dévisageait, il ne se privait pas de la soutenir en faisant également de même. Que cherchait ’il ? Surement des failles et nuls doutes qu’il en trouverait, tôt ou tard. Peut-être même était-ce déjà fait. S’il attendait le moment propice pour lui planter un poignard dans le dos, alors qu’il agisse maintenant, car c’était l’heure. Dans son intime faiblesse, la démoniste marquait un pas de plus. Il y avait sa motivation, qui était passée au dessous de zéro et que l’homme piétinait sans pitié. Elle n’en avait jamais eu beaucoup, mais celle-ci avait été tuée dans l’œuf depuis un moment. Il contribuait à ses échecs, et l’elfe sentait que l’on cognait sa conscience lorsqu’il était à proximité, lorsqu’il vrillait un regard sur son corps, lorsqu’il lui adressait la parole. Elle était faible. Dji’ean lui avait fait remarquer. Sans cesse. Tuez-le. Répétait-il. Tuez-le. Il ne fait que vous gêner. Tuez-le, avant qu’il ne soit trop tard. Trop tard ? Il était déjà trop tard, et c’est ce que le démon ignorait, parce qu’au moment même où elle s’était assise, là, en face de lui, et qu’ils s’étaient observés, elle avait eu sa réponse. Il n’est plus temps, Dji’ean, et ceci signe ta fin comme la mienne.
La connaitre de mieux en mieux... haussant un sourcil circonspect, la jeune femme releva le menton. La suite vint agrandir son air méfiant, pourtant... « Autant que je n'ai peur de toi. » souffla t-elle «Tu dormiras plus facilement, saoul. » Un rictus, sur son visage blanc. Elle avait fait en sorte que Essnälth ne la connaisse pas, justement. Pas de paroles. Pas de loisirs. Pas d’histoires à raconter, pas de sourire à s’échanger. Il n’était pas là pour ça. Ce n’est pas ce qu’ils désiraient : ils voulaient s’annihiler, l’un l’autre, et la victoire pourtant n’était promise qu’à un seul. Quant à Dastaël, elle ne désirait ni victoire ni satisfaction. Il n’y avait qu’une chose qui l’intéressait. Un intérêt grandissant, véritable et non factice, un intérêt qui ne devait pas aboutir. Jamais.
Il riait presque. La jeune femme cilla, alors qu'il portait le verre à ses lèvres et glissait ses mains sur ses genoux en se redressant, position assise. Son sourire sardonique ne l'atteignait pas. La fumée de cigarette, si : elle se recula légèrement, plissant le nez et toussant, derechef.
« Pour commencer... Tu as aimé un homme, autrefois. Il t'a faite souffrir. Beaucoup. Depuis, tu refuses d'ouvrir de nouveau ton coeur. »
L'éclat de ses yeux, comme du verre noir. Il lui saignait la conscience. Dastaël aurait convulsé, en entendant les premiers mots. « Bois. » souffla t-elle simplement, soulagée. Oui, il y avait eu un homme, après la destruction par Arthas. Non, il ne l'avait pas fait souffrir. Il était mort, par sa main : son sacrifice avait fait d'elle une démoniste, puisque son âme était directement revenue à Dji'ean. Longtemps, elle avait regretté le geste qui l'avait forcé à quitter Lune d'Argent sans jamais devoir y remettre les pieds. Les Yeux-Éteints qu'on l'avait appelé, là bas. Le surnom était resté, même auprès de la Dame Noire. Son regard, de nouveau, s'accrocha à celui de Ess. Puisse t'il ne pas trop en trouver, dans ses paroles, car l'elfe n'était pas sujet à mentir. Elle chérissait la vérité. Puisse t'il ne pas la déstabiliser, tout en sachant pertinement que cela arrivait. Il y parviendrait. Essnälth parvenait toujours à ses fins, combien de fois fallait-il le lui prouver ?
|
| | |
Personnalité
Feuille de personnage Race: Humain Classe: Aucune Statut et/ou Métier(s): Musicien (guitariste), Trafiquant, Prestidigitateur.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Ven 11 Nov - 23:59 | |
| « Autant que je n'ai peur de toi. » « Oh non, tu vas me vexer… » « Tu dormiras plus facilement, saoul.» « Tu le seras bien avant moi. »
Quoi qu’il en soit, ses répliques, même méprisantes, marquaient le fait qu’elle acceptait de jouer. Et oui, il commençait à comprendre son langage, dans lequel tout n’était que détours, métaphores, images. Elle ne répondait jamais de façon claire. Il s'assit alors de nouveau en tailleur, joignant ses mains sur ses chevilles nues, tenant toujours entre deux doigts son petit bâtonnet fumant. Il la fixa un moment, sourire aux lèvres. Un sourire mauvais, assurément. Ses yeux quant à eux plissés, scrutaient les iris grisâtres de la jeune femme. Ses yeux eux-mêmes étaient étranges, anormaux, particuliers. Elle n’aurait pas dû accepter le jeu. Il était temps de dévoiler ce qu'il soupçonnait depuis un moment.
« Pour commencer... Tu as aimé un homme, autrefois. Il t'a faite souffrir. Beaucoup. Depuis, tu refuses d'ouvrir de nouveau ton cœur. » Facile. Toutes les femmes aussi froides et méprisantes qu’elle avaient eu une peine de cœur semblable à celle qu’il avait décrite. Ses yeux brillaient étrangement, d'un éclat vif. Ardent. Le désir brulant d'en savoir, enfin, plus sur elle. La possibilité de mieux connaître son ennemie, pour mieux l'écraser au moment venu. Elle avait fait une erreur, il ne fallait jamais entrer dans le jeu de provocations d’Essnälth.
Aussi, contrarié, Ess serra la mâchoire et se redressa légèrement lorsqu’elle lui ordonna de boire, semblant n’en tirer aucune satisfaction cependant. Sourcils froncés, il fixa un instant la Démoniste, et porta le verre à ses lèvres. Il y avait un homme, il en était certain. Seul un énorme chagrin d'amour pouvait rendre une personne si froide. A moins que, comme lui, elle ait des antécédents familiaux l'ayant poussé à ne s'attacher à personne... même si Ess manifestait ce fait autrement. Antécédents familiaux... Ess reposa le verre, tira une nouvelle taffe, et s'aventura, moins certain que la première fois. « C'est à cause d'un crime commis que tu as dû quitter les tiens. » Facile, encore une fois, Essnälth n’était pas dupe, il savait que dans la pièce d’à côté, il y avait des cadavres pour il ne savait quelle raison, et il avait bien vu la Démoniste à l’œuvre sur le navire pirate, alors que la Succube décimait tout l’équipage.
Il y eut un instant. Un silence. Un regard froid. Puis lentement, elle leva son verre jusqu’à ses lèvres, aussi charnues que le permettait son visage si fin. Un sourire satisfait et orgueilleux se dessina sous la moustache du musicien, tandis que s'échappaient de son nez des torrents de fumée. Il aimait cet instant. Cette complicité haineuse, cette entente amère. Il se délecta de la voir boire, fier de sa supposition. Ainsi donc, elle avait quitté les siens à cause d'un meurtre... Peut-être pouvait-il faire le lien avec sa première supposition. Ce devait être un crime horrible, pour qu'elle vienne se terrer dans ce trou, abandonnant une magnifique région Elfique. Orgueilleux, élancé par sa supposition confirmée, il continua, alors qu’elle venait à peine de lâcher son verre. « C'était un crime passionnel. » Son regard s’intensifia. Si il arrivait à percer l'éventuel secret de son cœur, il aurait l'arme parfaite contre elle. Elle n’était qu’une femme, après tout.
|
| | |
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Sam 12 Nov - 14:13 | |
| J'implore ta pitié, Toi, l'unique que j'aime, Du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé. C'est un univers morne à l'horizon plombé, Où nagent dans la nuit l'horreur et le blasphème;
Un sourire, très faible, mais présent, vint alléger son expression. Il était édenté, sans joie, sans satisfaction, comme mort et figé : le sourire d'une statue. Sans vie. « Bois. » Un crime passionnel ? Non. Un crime fou, incensé, un crime contre nature, contre tout ce qu'il y avait de vivant - et même, de mort - sur cette terre, un crime qui avait rendu possible qu'un être fait de rien, hormis de haine vénéneuse, pose pied à terre. Le crime de l'être chéri pour son propre intérêt, Dastaël n'avait pas hésité, un seul instant. Elle n'avait pas cillé devant son regard remplie d'effroi, elle ne s'était pas posée de question quand il implorait le salut envers tout ce qu'ils avaient vécus, car il n'avait pas remis en cause les sentiments réciproques qu'ils avaient éprouvés. L'elfe l'avait aimé comme nul autre, adoré, passionnément comme il était possible. Personne ne le lui avait arraché, elle n'avait eu besoin d'aucune aide pour s'enterrer dans le triste Enfer qu'elle avait crée, et désormais elle ne se souvenait même plus de ce à quoi il ressemblait, sachant seulement qu'aucune chose en Azeroth ne saurait combler le vide de son absence. Aucune créature vivante ou morte. Il avait apaisé la conscience déjà tant meurtri; mais Dastaël ne pouvait vivre en paix, elle ne l'avait jamais su. Et il était mort. La démoniste releva le menton, entrouvrit ses lèvres en observant la fumée grise comme ses yeux permettaient de voir. Un applat de blanc qui salissait les courbes du visage de son captif. Plus que deux questions, plus que deux et elle serait débarrassée pendant un temps de ces idioties. La complicité naissante qu'il y avait entre eux était à faire pleurer les bons samaritains. Une fraternité ? Plaisante idée. Un conflit entre maitresse et amant ? Ils n'étaient rien de plus que deux êtres qui, à défaut d'avoir su se courber à la bonne conscience commune qu'imposait leur peuple, s'était forgé un monde, terrible, qui n'appartenait qu'à eux, et qu'ils ne pouvaient partager. Essnälth et Dastaël étaient semblables dans leur manière de faire. Ils étaient Roi et Reine, mais aucune entente ni allégeance n'était possible sur le siège de Chaos. Marche ou crève était l'adage qui s'imprimait le mieux à leurs regards explicites.
« Tu as aimé un homme... qui n'est plus là... et depuis, tu n'ouvres plus ton coeur. »
Un battement de ses longs cils noirs, comme une ombre sur ses pommettes. Dastaël fit tourner l'alcool dans le verre, laissant les résidus de raisins se coller aux rebords. Elle hésitait. Dans la forme, l'homme n'avait pas tord. Elle avait aimé; un jour. Il était mort. Elle ne s'était jamais intéressée à quelqu'un d'autre, comme elle ne s'était plus jamais intéressée à la vie. Ce n'était pas à cause de lui, ni pour lui qu'elle s'était fermée. Un exil, un mode de vie, une corruption, la pression de Dji'ean, constante, savoir que ses yeux, chaque minutes et chaque secondes étaient posés sur elle. Et la mort parmi laquelle elle vivait. Une Mort qui était devenue banale, insignifiante et anodine. Tellement qu'elle voulait la contourner. La trahir. Redonner Vie à la Mort. C'était possible, après tout. Sylvanas.. Arthas l'avaient tout deux bien fait. Mais ce n'était que l'ersatz d'une vie. Une vie de chair pourrie et de peste. Sans un mot, elle consentie à porter le verre à ses lèvres. Oui, quelque part il n'avait pas tout à fait tord. Mogrim vint japper contre son maître, le nouveau, celui qui avait le temps de jouer et lui donner ce qu'il attendait : de l'affection. Dastaël le nourrissait, lui avait donné un nom qui convenait à son air de paria, mais aucune caresse n'était accordée. Son regard vint se poser sur la bête, lent et triste. Elle aimait bien Mogrim, sa compagnie, son air imbécile. Sa fidélité. Il l'avait suivi dès le début, et ne l'avait jamais plus quitté. Ils s'entendaient bien, alors pour changer de maître ? Inexpressive, Dastaël vint reposer son regard sur le brun, attendant la nouvelle question. Elle aurait tant voulu le détruire, et qu'ils en finissent, écouter Dji'ean qui répétait, inlassablement : tuez-le. Vous n'aviez pas hésité à l'époque. Tuez-le. Tuez-le. Mais il savait où était les médaillons. Oh, Dji'ean, tu connais ton maître, tu sais que rien n'est laissé au hasard, tu sais de quel bois il était fait. Oui, il savait. Et d'un côté, comme pouvait il appréhender tous les changements possible d'un être de chair et de sang ?
|
| | |
Personnalité
Feuille de personnage Race: Humain Classe: Aucune Statut et/ou Métier(s): Musicien (guitariste), Trafiquant, Prestidigitateur.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Sam 12 Nov - 20:03 | |
| Non, ce n'était pas un crime passionnel, apparemment. Le jeune home se mordit l’intérieur de la joue, fronçant les sourcils, se reculant de nouveau. Il ne cachait pas son incompréhension, ni son agacement. Il tournait autour du pot, sans parvenir à voir ce qu’il contenait. Il hésita un instant, voulant lui rappeler les règles du jeu, mais il était évident qu’elle les avait très bien comprises, et il ne savait pourquoi, il sentait qu’elle n’était pas du genre à mentir. Elle avait bien bu une fois. Il porta le liquide à ses lèvres, sans la quitter des yeux. Ces derniers vinrent se poser sur ses lèvres, entrouvertes, légèrement rougies par le vin qui les avait caressées. Il détourna le regard. Plus que deux questions. Considérant qu'il voulait aller trop vite, il décida d'amputer sa première question, afin de revenir sur sa première piste. Il venait de comprendre : il faudrait jouer sur le temps. A force de questions et d'alcool, il trouverait son secret, car secret il y avait. « Tu as aimé un homme... qui n'est plus là... et depuis, tu n'ouvres plus ton coeur.» La question paraissait être la même qu'au début, mais Ess avait ôté l'un des détails. Un détail qui changerait peut-être sa vision des choses.
Elle hésita. Le jeune homme la fixait. Visiblement, il s’approchait du but, mais peut-être la question était-elle mal formulée. Après un instant, elle porta enfin le verre entre ses lèvres, tandis qu’un léger sourire fier se pointait sur le visage de l’artiste. Une nouvelle fois, il ne put s’empêcher de les regarder lorsque le verre les quittait, et, agacé par ses propres pensées, pourtant habituelles, détourna encore le regard. Il fixait alors son propre verre, caressant la tête du clébard, absent. De nouveau, il leva les yeux vers elle, et lentement, la détailla. Son visage fin, anguleux, ses yeux sans couleur. Sa peau blanche comme la mort. Ses cheveux, étranges, qui semblaient s'éclaircir de jour en jour pour une raison qu'il ignorait. C'est à peine audibles que les mots s'échappèrent de ses lèvres, alors qu’il la fixait toujours. « Tu crains quelqu'un actuellement...»
Une gorgée. Cette fois, lorsqu'elle porta le verre à ses lèvres, il n'eut aucun sourire, mais un regard intense. Cette information était capitale, et si la question avait été posée plus ou moins au hasard, comme un espoir plus qu’une curiosité, il était heureux de l'avoir énoncée. Il aspira avec force la fumée, qu'il sentit glisser jusqu’à ses poumons. Ses yeux d’ébène observaient les siens, sautant de l’un à l’autre. Elle semblait agacée. Il y avait de quoi. Ainsi donc, elle craignait quelqu’un… Essnälth se doutait que ce n’était pas lui. Non, en effet, elle ne le craignait pas, et elle avait tort. Elle avait tort, car il en avait, des armes. Et assez de haine envers elle pour les utiliser toutes. D’abord, il y avait la Provocation. Par ses mots, par ses gestes, ses attitudes, Ess lui avait déjà fait perdre patience plus d’une fois. Ensuite, il y avait sa malice, son intelligence. Il avait largement de quoi obtenir ce qu’il voulait grâce à sa fourberie et ses mensonges. Enfin, et c’était son arme la plus redoutable, il avait la Séduction. Une nouvelle fois, il se perdit à l’observation des lèvres charnues de la jeune femme, tandis qu’elle, réfléchissait à sa première question. Qu’allait-elle bien pouvoir lui demander… Des renseignements, indirects, sur les médaillons ? Elle risquait d’en avoir pour un moment, et n’obtiendrai pas grand-chose… ce n’était pas la bonne stratégie à adopter, il était curieux de voir si elle allait tomber dans ce piège ou non. Dans tous les cas, il était réellement surpris qu’elle accepte, d’une, de « jouer » avec lui, de deux, de jouer à ce jeu là… Car répondre à ses questions étaient une chose, mais qu’elle daigne lui poser des questions sur sa vie en était une autre… Etait-elle devenue curieuse au point de vouloir savoir quelques éléments sur lui ? A moins que, comme lui, elle ne cherche simplement des éléments intéressants pour pouvoir mieux l’écraser… Oh, non, cela, c’était du pur Essnälth. Alors, qu’avait-elle derrière la tête ? Patient, arrogant, il attendait, l’allure sûre de lui, portant la cigarette à ses lèvres. Il était certain qu’elle était très loin de le connaître. Mieux, il savait qu’il en savait plus sur elle qu’elle sur lui. Prétention ? Non, logique. Quoi que.
|
| | |
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Mar 15 Nov - 0:10 | |
| Au chant des violons, aux flammes des bougies, Espères-tu chasser ton cauchemar moqueur, Et viens-tu demander au torrent des orgies De rafraîchir l'enfer allumé dans ton cœur ?
Elle avait reposé le verre contre ses cuisses à demi nues, les cheveux dansant sur ses épaules, coulant sur sa poitrine à peine cachée par la robe si crasseuse qu'on en venait presque à voir au travers. Le visage baissé, Dastaël ne fit que lever les yeux vers l'homme qui lui tenait tête. Un long sourire édenté se figea sur son visage blanc alors qu'elle coulait sur lui un regard ambitieux. Elle était prise à son piège comme il avait été empêtré dans sa toile. Quelque part, la Démoniste le savait : il avait eut tant d’aperçus des horreurs dont elle était capable qu'il aurait dû lui trancher la gorge depuis longtemps ; du reste, elle lui avait laissé l'occasion à mainte reprise. Il ne l'avait pas fait. Certaines raisons restaient dans l'ombre, mais l'une d'elle ne lui était pas étrangère parce que commune à chacun d'eux. Mogrim jappa, le museau sur les genoux osseux du brun. Dastaël n'était pas curieuse. Elle ne l'avait jamais été, alors pourquoi l'être envers ce bout d'humain qui n'avait même pas la moitié de son âge ? Un oisillon qui frétillait entre ses mains, voilà ce qu'il était. Un oisillon presque tombé du nid. Que pouvait bien lui inspirer sa vie, ses sentiments, ses pensées ? Rien, absolument rien. Parce que s'il n'était pas aussi insipide que sa race - qu'elle abhorrait, il n'en restait pas moins pourri jusqu'à la moelle, comme l'était le clébard qui reposait à ses côtés. Machinalement, l'elfe vint lisser un pli de sa robe. Après quelques instants de silence, où seul le lent écho de pas que les morts faisaient trainer sur le pavé s'entendait, le lavabo mal refermé qui coulait ploc. ploc, lentement, comme les aiguilles d'une horloge. Encore. Ploc. Regards. Inspiration. Ploc. Le vin qui stagne contre le verre.
« Le moment venu, tu m'écraseras. Parce que tu me hais. »
Ploc.
Il y eut un rire amer qui trancha le silence. Rauque et entaché pour une voix calleuse. Tu fumes de trop. Elle le regardait tandis qu'il portait son verre à ses lèvres sèches. Un goutte termina son trajet dans la commissure de sa lèvre, aussitôt ravalé par sa langue. Le geste était ralenti, dans son cerveau qui tournait en alternatif. Lentement, puis rapidement. La démoniste analysait sans jamais perdre une miette. Elle n'était pas surprise par la révélation, qui n'en était pas une du reste. Ses regards lui disaient bien assez de choses pour qu'elle se soit rendu compte de toute la haine latente qu'il éprouvait. Quant à elle... Dastaël tenait encore, dans une boite d'étain, d'or et d'argent les morceaux du Sablier que Caleb lui avait confié. Essnälth pouvait s'en prendre à elle. Autant qu'il le voulait et autant qu'il lui était possible, jusqu'à ce que ce soit son tour d'étaler ses cartes. Mais s'en prendre au dragon ne faisait plus parti du jeu. Il venait jeter l'huile sur le feu. Jouer franc jeu et n'en gagner pas moins coupablement. voilà l'adage qu'elle s'était promis de respecter. Mais il n'y avait plus de grande phrase, plus maintenant. Caleb blessé par sa faute, et elle le lui rendrait au centuple. Alors qu'il la déteste : qu'il la déteste assez pour que tous les mauvais coups à venir soient légitimes. Et s'il lui fallait écraser son entourage, un par un, comme on arracherait les ailes d'un moustique pour le broyer entre les doigts, alors elle le ferait. Dans son encéphale résonnait la voix de Dji'ean qui ne faisait que répéter tuez-le, inlassablement et comme une litanie. Mais s'il devait mourir, ce ne serait pas comme ça. Pas de cette façon. Elle lui donnerait une mort à l'image de sa vie ; pathétique, mais pas ridicule. Et les badauds qui ployaient genou lorsque l'Agonie venaient les tourmenter étaient ridicules. Ridicules dans leur faiblesse. Lui n'était pas de cette catégorie là.
« Tu ne me diras pas où sont les médaillons. Ce sont tes connaissances. Tu veux les protéger. » Un instant, elle crut lire un rire dans son regard sombre, ce n'était rien de plus que de la moquerie. Ses traits étaient neutres. Elle patientait.
« Je ne cherche pas à les protéger, je cherche juste à pourrir ton existence. »
Je ne cherche pas à les protéger, je cherche juste à pourrir ton existence répéta Dastaël, du bout des lèvres, comme si elle psalmodiait un air de comptine. Voilà tout ce qu'il lui fallait savoir. Malgré tout, il lui avait fait oublier l'espace d'une pauvre demi heure cette ambiance de défaite qu'elle avait trainé. Sans un mot de plus, ses longs doigts vinrent défaire la broche d'argent de sa cape, qui lui retomba des épaules pour s'échouer à terre. Il n'y avait toujours pas de sourire de sa part. « Je ne veux plus jouer. » La démoniste avait les réponses escomptées en poche, pourquoi diable irait t-elle jusqu'au bout ? Avait-il cru un seul instant que l'elfe se serait laissée tenter par le jeu s'il ne lui rapportait rien de plus qu'un peu d'alcool dans le sang ? Sans un bruit, elle se redressa, impitoyable mais douce, laissant Mogrim pousser une longue plainte. Vaille que vaille, Dastaël s'en alla saisir la boite au Sablier entre ses mains, entamant un mélopée à voix basse, en elfique, comme si les vertus du langage pourraient atteindre la superbe créature. Peu après, elle lançait un long regard vers l'être humain. Il s'était levé; elle cilla.
|
| | |
Personnalité
Feuille de personnage Race: Humain Classe: Aucune Statut et/ou Métier(s): Musicien (guitariste), Trafiquant, Prestidigitateur.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Mar 15 Nov - 21:53 | |
| Allons bon, voilà la première question qui arrivait. En l'entendant, Ess laissa échapper un rire mauvais, arrogant, sournois. Avec un léger mouvement de tête, il lui leva son verre, comme si il lui portait un toast. « A la tienne. » Elle ne cilla même pas, comme il s'y attendait. Elle ne réagissait jamais à ses provocations, et heureusement pour elle. En revanche, si elle ne laissait rien paraître, Ess savait que chacun de ses propres gestes, paroles ou mêmes regards avaient un impact sur elle, qu'elle ne dévoilait jamais. Seulement, elle ne savait pas mentir, et de plus, Essnälth savait mieux que la plupart des gens analyser la moindre réaction d'une personne, ce qui en faisait un excellent joueur de poker – même lorsqu'il ne trichait pas. « Tu ne me diras pas où sont les médaillons. Ce sont tes connaissances. Tu veux les protéger. » « Je ne cherche pas à les protéger, je cherche juste à pourrir ton existence. » Du tac au tac. Yeux dans les yeux. Provocation, encore et encore. Elle répéta sa phrase doucement, absente, comme si elle en analysait chaque mot. « Y'a quelque chose qui t'échappe là-dedans ? »« Je ne veux plus jouer. » Il se recula légèrement, fronçant les sourcils, le regard méfiant. Elle ne voulait plus jouer ? Si elle devait encore répondre à ses questions, il aurait aisément pu comprendre cette réaction, mais elle abandonnait la partie alors qu'elle avait les cartes en main ? Se désintéressait-elle de lui à ce point ? « Tu me vexe. » Elle ne prit pas la peine de répondre. Debout, elle semblait ailleurs, tandis qu'elle avait repris en main la boite contenant le Sable qu'il avait fait couler. Il fixa la boîte un instant. Il avait eu le nez fin en brisant le sablier, elle avait l'air de vraiment y tenir. Était-ce un cadeau ? Un objet appartenant à l'homme qu'elle avait aimé ? Il resta silencieux, pensif, son regard sautant de la boite au profil de la Démoniste. L'homme qu'elle avait aimé... Il jeta son mégot et se leva. Elle posa les yeux sur lui. Ce n'était plus de la fierté qu'il affichait, mais un fort air de suspicion. Yeux plissés, tête légèrement penchée, il s'approcha d'elle, verre en main. Il marchait tout doucement, leurs regards étaient l'un dans l'autre. Ses cheveux de jais en bataille, ses yeux d'ébène, sa moustache, son bouc et sa barbe naissante, une main dans la poche, l'autre faisant doucement tourner le vin, il se mit à faire les cent pas, tournant autour d'elle, sans la quitter des yeux ne serait-ce qu'une seconde. Il lisait. Il lisait en elle. Elle était à la fois méfiante, intriguée, mal-à-l'aise, et... il s'arrêta face à elle. Ses yeux, aussi sombres qu'indéchiffrables, bondissaient entre ses yeux ternes. Il y avait une autre ligne à ce qu'il lisait. Il le savait. Il la voyait, et croyait la déchiffrer. Cela faisait un moment qu'il l'avait remarqué, il connaissait ces choses, il en avait l'habitude, il maîtrisait le sujet. Lorsqu'elle le regardait, il était fier. Son arrogance était naturelle, il était fier de lui. Elle faisait vivre le King. « Laisses moi poser une dernière question. »Doucement, il imposa son verre entre eux, contre son ventre, sans la quitter des yeux. Il y en avait, des choses, entre eux. Haine, respect, mal-être, arrogance, provocation, punition. Jeu. Elle saisit le verre. Il avait le droit de jouer sa dernière carte. Offrir un tour de plus à un excellent joueur était dangereux. Inconsciente. Il se connaissait. Il savait quel effet il faisait aux gens. Il savait qui le haïssait, qui l'admirait, qui le respectait, et qui le désirait. Et il était presque certain d'une chose, après plus d'un mois passé à vivre dans ce petit espace avec elle, jour après jour, nuit après nuit. Elle ressentait tout cela pour lui. Oui, tout. Il s'approcha un peu plus d'elle. Jamais leurs visages n'avaient été aussi proches, et pourtant, ils pouvaient l'être encore plus. Il la dévorait du regard. Essnälth savait manipuler son arme la plus redoutable, celle de la séduction. Son regard, sensuellement, glissa sur ses lèvres. Il ne pouvait se cacher qu'il les désirait. Relevant son regard d'ébène sur le sien, lentement, il fit durer l'instant, tandis qu'elle semblait pétrifiée par cette proximité, et à la fois, si glaciale. Il avait confiance en lui. Face à elle, il était brillant de sûreté. Il était fort et n'en doutait pas, même face au mépris qu'elle affichait. Elle pouvait le descendre, l'insulter, l'humilier, le faire souffrir, il savait ce qu'il en était. « Je t'attire. »Sourire. Arrogance. Impertinence. Provocation.
|
| | |
Paria
Feuille de personnage Race: Elfe de Sang Classe: Démoniste Statut et/ou Métier(s): Enchanteur - Assassin.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Ven 18 Nov - 0:23 | |
| Son regard se déposa sur lui. Sa chemise, trop grande. Ses clavicules à disposition de son regard, alors qu'il s'approchait. Dangereusement, lentement. Le vin qui tournait dans le verre, à mesure de ses pas. Son cou, ses épaules, sa mâchoire, ses lèvres, son nez. Ses yeux. Dastaël leva le menton, défiante. Elle gardait précieusement la boite entre ses mains anguleuses, contre son ventre. Lupin, Essnälth lui tournait autour, semblait l'examiner, attisant le mal-être de la démoniste. Cet homme était plus profondément mauvais que n'importe quel démon qu'elle tenait en laisse. L'elfe faisait attention au moindre de ses gestes, au rictus le plus hasardeux qui saurait naître sur ses lèvres. Elle ne cilla pas alors qu'il s'arrêtait devant elle, dans toute sa puissance, cette grandeur écrasante qu'elle admirait, pas parce que légitime, mais parce qu'il l'imposait, sans se poser de question. Il faisait naître en elle la Peur. Et ce sentiment était accueillit les bras ouverts, à l'instar de ses lèvres qui laissait échapper son souffle régulier. Ils s'observèrent, se détaillèrent, et un instant elle eu peur qu'il soit capable de la déchiffrer, d'y lire des choses qu'elle taisait, sans même savoir, réellement de quoi il était question.
« Laisse moi poser une dernière question. »
Dastaël haussa un sourcil. Elle aurait dû se douter qu'elle ne s'en sortirait pas aussi facilement, qu'il tiendrait la bride jusqu'au bout, empêtré, l'un comme l'autre, dans la toile de l'adversaire. Elle aurait dû savoir qu'il ne la laisserait pas en paix. Que voulait-il savoir de plus ? L'elfe ne pouvait qu'être soucieuse de la suite, sans comprendre et pourtant saisissant pertinemment ce qui était en train de se passer. Elle aurait pu reculer, briser le contacte du verre contre elle, l'envoyer valser, comme chaque jour, pour moi se montrer méprisante. Mais la démoniste voulait savoir. Alors, lentement, elle déposa ses doigts sur le cristal pour se saisir du récipient au contenu vermeille. Bien. Elle avait donné son accord, sans prononcer un mot.
Une tension, comme de l’électricité, elle inspira profondément. Son visage n'était qu'à quelques centimètres du sien. Elle sentait son odeur, sa chaleur, laissait son regard couler sur ses lèvres. Dastaël cilla. Son regard. Sur ses lèvres. Son souffle semblait trop brûlant pour elle, son air trop moqueur, ses intentions trop insalubres. Et son souffle, et son regard, et son air, et sa chaleur, et son visage, et clavicules. Elle tremblait.
« Je t'attire. » Dastaël sentait comme un son lugubre lui dévaler les entrailles. Mais elle ne dit rien. Son expression ne changea pas. Elle ne rougie pas, ne cilla pas. Respirant seulement, l'elfe leva le menton, plissa les yeux, patienta des secondes qui lui paraissaient des heures. Il l'attirait. Maintenant qu'il avait mis un mot dessus, cela lui paraissait comme une évidence. Une évidence qu'elle n'avouerait jamais, parce qu'elle était Dastaël, parce qu'elle ne se laisserait jamais faire, ni avoir, combien même elle se sentait vibrer de sa proximité. L'atmosphère autour d'eux s'était glacée. Elle leva sa main, alors, lentement. Ses doigts froids n'eurent aucun mal à trouver sa nuque, contre laquelle ils glissèrent, doucement. La démoniste vint effleurer ses lèvres sans les toucher, un léger sourire au coin de ses commissures. Mais c'est son oreille qu'elle visait. Leur corps s'accolaient, elle profita. Et le verre se brisa au sol. L'alcool s'éparpilla à leur pied, quand elle fermait les yeux, secouée d'un léger ricanement.
« Plus de vin. » Alors elle se décolla de l'homme et brisa le contacte. Ni oui, ni non, qu'il prenne la réponse qu'il lui plairait. Inspiration, elle tourna les talons, déposa la boite sur son bureau. Expirer; ne pas oublier la fonction vitale du mécanisme humain, qu'elle avait tendant à trop oublié à ce moment.
|
| | |
Personnalité
Feuille de personnage Race: Humain Classe: Aucune Statut et/ou Métier(s): Musicien (guitariste), Trafiquant, Prestidigitateur.
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi Dim 20 Nov - 18:35 | |
| Pas de réaction. Le silence, l'immobilité. Et pourtant. Pourtant il savait que quelque chose se passait en elle. Il y avait forcément quelque chose. Le robinet continuait de couler à gouttes atrocement régulières. Un rythme. Comme celui du coeur d'Essnälth, qu'il pouvait sentir, comme la tension qu'il y avait en et tout autour d'eux. Oui, tension était le mot parfait. Elle ne bougeait pas, le fixait avec mépris. Il ne faisait qu'attendre une quelconque réaction, puant l'arrogance. Yeux dans les yeux, il aimait qu'elle ne baisse pas les siens, mieux, qu'elle lève la tête, comme un désir de le regarder de haut, ne le laissant absolument pas l'occasion de piétiner sa fierté, malgrès sa position délicate. Car elle l'était. Cette hésitation ne conçernait pas la réponse - à savoir oui ou non – mais bien la façon de répondre. Elle ne pouvait boire simplement. Elle ne pouvait, si facilement, lui donner raison sur un tel sujet, et risquer que sa fierté ne s'accroisse encore, alors qu'elle atteignait déja des sommets qui devraient la mettre hors d'elle si elle n'était pas si stoïque.
Alors, doucement, elle glissa sa main sur sa nuque, provoquant un violent frisson dans le corps de l'humain tandis que,malgrès son sourire arrogant, ses yeux s'éclairairent d'une lueur de panique. Elle le touchait ? Elle brisait leur barrière ? Ses lèvres charnues vinrent presque au contact de celles d'Essnälth qui, sans qu'il ne le veuille, s'entrouvrirent légèrement. Un appel d'air. Un besoin de respirer. Une volonté de souiller ses sombres lèvres. Mais elle dévia vers son oreille, sa joue frôlant la sienne. Le cœur du Mortel se serra : elle n'avait pas le droit. Elle n'avait pas le droit de le provoquer, qui plus est avec ses manière à lui. Il serra le poing et la mâchoire alors que le verre se brisait au sol, répandant l'alcool sur la robe, le pantalon, les pieds nus de l'Humain, tandis qu'elle parlait, enfin. Sous ses mots et ce ricanement léger, il cru exploser. Il aurait aimé la tuer, à cet instant, pour n'avoir pas porté la coupe à sa langue.
Guidé par sa haine plus que par une quelconque attirance, il voulait s'écarter, forçait en arrière pour reculer son visage du sien. Elle le provoquait, il voulait fuir. Il ne se reconnaissait pas dans cette faiblesse. Ses dents serrées à s'en faire exploser la mâchoire, il resta immobile lorsqu'elle lâcha prise. Il ne savait expliquer pourquoi cette haine l'envahissait alors qu'il était certain que ce refus de répondre, de sa part, était une façon de ne pas lui donner raison. Il la regarda s'éloigner de lui, fuir son regard. Un sourire carnassier, qui avait tout du sadisme, déchira les lèvres d'Essnälth. Provoquer pour mieux se défendre.« Je lui ressemble, pas vrai ? » La phrase était sortie seule, impulsive. Il était rare qu'Essnälth ne cède à l'impulsivité, c'était synonyme de panique, car il était un homme qui réfléchissait et calculait tout. « Non. Tu n'as rien de lui. »
« Menteuse. » Affirma t-il lentement, dans un rictus, le regard mauvais, la prétention étirant légèrement les commissures de ses lèvres asséchées.
{ Je sais, 514 mots sur 500 mini, c'est mesquin ~ <3 } |
| | |
| Sujet: Re: I. De profundis clamavi | |
| |
| | | |
Page 1 sur 1 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|