Sujet: « L'enfer même a ses lois. » Quotidien d'Essnälth, prisonnier de Dastaël. Dim 13 Nov - 10:35
- Jour 1. -
« … Tu déconnes… ? … Prisonnier ? … Je te croyais meilleure que ça… C’est pas du jeu… »
Elle quitta la pièce, refermant la porte au nez d’Essnälth qui l’y avait suivie. Dans cette porte, il y avait une petite ouverture, avec des barreaux. Elle ne permettait pas de voir le sol, mais le jeune homme pouvait voir la Démoniste jusqu’aux épaules lorsqu’elle daignait passer. Il avança son visage, voulant le plaquer contre les barreaux, mais une odeur des plus violentes lui donna un haut le cœur et le fit se retourner dos contre la porte, une main devant la bouche, yeux clos. Il n’avait jamais senti cette odeur, mais il avait une idée – horrible - de ce que cela pouvait être. Il s’éloigna de la porte, son sentiment de haine envers elle renforcé. Alors quoi, elle allait le garder ici, comme un chien ? Pas question. Ess n’était qu’un clébard, rien de plus, mais la différence entre la métaphore et l’animal était la fidélité. L’animal restait, par Amour, et pour la survie. Ess, lui, sortirait très bientôt. Son regard noir balaya la pièce. Méthode, réflexion, Ess ne manquait ni de malice ni d’imagination pour parvenir à ses fins. Chaque objet était à prendre en compte. Son regard se stoppa, tandis qu’il devenait mauvais. Elle avait laissé une potion sur le feu.
Quelques longues minutes plus tard, une fumée dense, étouffante avait envahie la pièce. Essnälth était dans un coin, couché au sol, la « couverture » miteuse de son « lit » sur le nez. Il trouva juste assez d’air pour crier, un sourire carnassier au lèvres. « Un petit barbecue ? » Au centre de la pièce, tous les parchemins et papiers présents dans le laboratoire. Toutes les recettes de potions, les lettres, les livres de démonisme, d’Alchimie, d’Herboristerie, tous, brûlaient. Visiblement, elle l’avait entendu, et la fumée était parvenue jusqu’à elle, car elle entra en trombe dans la pièce, mais ne manqua pas de fermer à clé derrière elle. Bien. Elle avait le choix. Le laisser mourir dans l’incendie de son propre laboratoire, ou éteindre le feu et voir ses biens réduits en cendres.
Sujet: Re: « L'enfer même a ses lois. » Quotidien d'Essnälth, prisonnier de Dastaël. Dim 13 Nov - 11:12
- Jour 15 -
« Il y a de l’eau. » La porte qui claque, Essnälth qui se lève en trombe, pourtant à peine réveillé. Durant ces dix premiers jours, il avait remarqué une chose. Elle ne voulait pas le tuer. Elle voulait non seulement des réponses, mais également le maintenir en vie. Peut-être pour qu’il aille lui-même chercher les médaillons, ou bien par simple plaisir de le voir souffrir.
Souffrir ? Un peu. Il faut dire que, très vite, il avait demandé à pouvoir prendre une douche. Elle avait refusé, l’eau n’arrivait pas jusqu’à cette pièce, et elle ne voulait pas lui offrir ce confort. Ce qu’elle ignorait, c’est qu’avec une douche, on pouvait faire bien d’autres choses que de se laver, dans l’esprit tordu d’Essnälth. Avec de l’eau, il trouverait bien le moyen, comme avec le feu quelques temps avant, de la provoquer. Oh, il avait été « puni », pour le coup de l’incendie. A coup de malédictions d’Agonie, notamment, mais il avait survécu, et vivrait tant qu’elle le permettrait. Son objectif était simple : qu’elle ne le supporte plus, soit au point de le tuer, soit au point de libérer. Les deux lui convenaient.
Comment avait-il obtenu cette eau ? Par une simple « grève de la faim et de la soif » Il refusait d’avaler quoi que ce soit tant qu’il ne pourrait pas prendre de douche. Et son état, en seulement quelques jours, avait déjà bien changé. Il faut dire qu’avant sa capture, il était déjà maigre, souillé par la cigarette jusqu’aux os, la santé n’était pas son point fort.
Ainsi donc, elle avait consenti à faire venir l’eau jusqu’à lui. Parfait. Mais avant de penser stratégie, il voulait réellement profiter du confort d’une douche, et enfin, pouvoir se laver. C’est donc en vrac, à peine réveillé, qu’il se dirigea vers le petit renfoncement où, il l’avait déjà remarqué, il y avait une douche avant, il y a bien longtemps. Enfin une douche… C’était un genre de renfoncement minuscule, avec un pommeau vieux comme le monde sortant du mur, rongé par le calcaire et la moisissure, et un bouton. Essnälth appuya – il dû s’y reprendre à plusieurs fois, frappant même avec le poing – l’eau, du moins, les gouttelettes qui tombaient étaient tout ce qu’il y avait de plus tiède. Le flux était minable. Lui qui avait orchestré dans son esprit un dégât des eaux… Soupirant, il ôta ses vêtements, qu’il mouilla également. Portés depuis 15 jours dans cette atmosphère pourrie, ils sentaient le renard. Il y avait un « savon » dur comme la pierre, que l’eau n’adoucissait même plus. Alors qu’il se frottait lui et ses vêtements avec, il avait l’impression de se frotter à de la roche, et bientôt, sa peau était rougie. Tant pis, cela ferait bien l’affaire. Lorsqu’il fut enfin rincé, grelottant de froid, il sortit, enroula la serviette miteuse mise à sa disposition autour de son bassin, et saisit un vieux rasoir, qui faisait partie de son exigence lorsqu’il avait réclamé une meilleure hygiène. Le rasoir ne coupait pas, ou trop, par endroits. Tant bien que mal, il réussit à réorganiser son bouc et sa moustache. Il jeta un œil à ses vêtements mouillés. Il trouva un coin pour les étendre et s’en alla frapper à la porte d’à côté, derrière laquelle elle avait disparu.
« J’ai besoin de vêtements. » « Tu n’en aura pas. »
Le regard blasé, serrant la mâchoire, il soupira intérieurement. Décidemment, elle ne le connaissait vraiment pas. Ess voulait, Ess obtenait. Tous les moyens étaient bons. Il quitta la porte sans un mot, mais avec, comme toujours, son idée. Près d’une heure plus tard, elle entra dans la pièce. Elle y venait très régulièrement, bien qu’elle voulait éviter. Elle devait y travailler. Seulement, lorsqu’elle entra, son regard se posa directement sur son établis de travail, où tout avait été poussé, alors qu’Ess y était allongé sur le dos, mains derrière la nuque, nu comme un ver.
« C’est grotesque. » « J'suis d'accord. »
Le jeune homme fit exprès de se redresser, s’asseyant sur le rebord, face à elle, jambes exagérément écartées. « Tu devrais faire pareil, c’est… vivifiant. » Elle quitta la pièce. Il sourit. Une heure plus tard, il avait des vêtements, vieux, de différentes tailles, maculées de sang, mais des vêtements quand même.
Sujet: Re: « L'enfer même a ses lois. » Quotidien d'Essnälth, prisonnier de Dastaël. Dim 13 Nov - 19:14
- Jour 16 -
« Vas-tu te taire ? » « Paysages désolés qui circulent dans nos veines Chéri, tu charries, plus d'oxygène Et tu continues de parler... »
Visiblement, non. Cela faisait près de deux heures qu'Essnälth chantait, tandis que Dastaël essayait d'étudier des parchemins et cartes. Il faut dire qu'il en avait, du choix, entre le registre des Alchemists, celui des Tauren Chieftains ou d'autres groupes en vogue... A cet instant précis, il chantait une de leur propres chansons, une de celles qu'il chantait lui, avec Thaanös et Alessandrä au refrain. Le titre n'était pas du langage commun d'Azeroth, c'était un patois humain, du Sud, que l'on parlait encore de Strangleronce à Cabestan. Entre soupirs et regards noirs, la Démoniste se retenait probablement de le tuer sur place. Certes, il chantait bien, c'était l'un de ses métiers, mais l'entendre depuis deux heures, alors qu'elle essayait de se concentrer était certainement insupportable. D'autant plus qu'il choisissait les chansons les plus déjantées, et étrangement, c'était celles ou Thaanös avait le plus bossé avec lui pour les composer. L'avantage, quand on était artiste de scène, c'est qu'on en avait, de l'endurance pour chanter. Si il avait soif, il n'était pas prêt de s'arrêter, du moins, pas avant qu'elle ne craque. Elle soupira, sembla chercher quelque chose dans l'un de ses tiroirs. Elle en sortit un petit flacon bleu. Alors qu'Essnälth, assis sur la couchette, yeux fermés, était en plein délire, ses mains jouant d'une guitare invisible. Dastaël versa trois gouttes dans un verre d'eau, qui se mélangèrent aussitôt au liquide transparent. Elle le posa devant lui, sans un mot.
« Aaaah, voilà une bonne idée ! » « Tu ne crois pas si bien dire. »
Essnälth bu cul sec le liquide, le posa, inspira et reprit sa chanson. Du moins, voulu reprendre. Car à sa grande surprise, sa voix ne venait pas. Ses lèvres bougeaient en silence, alors qu'il voulait crier. Il avisa son verre, puis Dastaël, déjà de nouveau assise face à ses parchemins. Comprenant la supercherie, le jeune homme leva le poing en l'air, inspirant profondément, dents serrées et menaçant, et, dans un soupir, se laissa tomber contre le mur.
Mais Dastaël n'eut le droit qu'à une demi heure de répit, car déjà, il s'était relevé et rodait dans la pièce, probablement à la recherche d'une quelconque connerie à faire. Il murmurait des paroles inaudibles, s'assurant que sa voix était belle et bien revenue. Et elle l’était. Il s'approcha d'une étagère, sur laquelle un bric à brac sans nom était étalé sur plusieurs étages. Il observa les objets. Il alla alors chercher, tout au fond, celui qui était probablement le plus mystérieux d'entre eux – et le mieux caché. Il le saisit et l'observa. C'était un sablier magnifique en or, orné de figurines de Dragons. Mais ce qui attirait le regard était le sable à l'intérieur, qui s'écoulait à l'envers. De bas en haut. Il était d'un blanc pur, lumineux, magique. Sous le sablier était gravé en petites lettres, le mot « Caleb ». Essnälth leva les yeux vers Dastaël, sablier en main. Il attendait. Lorsqu'elle leva les yeux vers lui, sentant son regard pesant, ses yeux bondirent des siens au Sablier. Le jeune homme avait un sourire mauvais, qui laissait largement entrevoir ses intentions. Il la fixa, s'approchant doucement, s'amusant dangereusement à faire passer le Sablier d'une main à l'autre, le lançant presque. Il la sondait, analysant le moindre battement de cils, la moindre lueur dans son regard. Il vint à côté d'elle. Elle le fixait, sans laisser paraître une quelconque expression. Mmmh, cet objet était bien beau, mais avait-il plus de valeur que ça à ses yeux ? Il sentait qu'elle était mal à l'aise, elle était incapable de mentir. Mais par fierté, elle soutenait son regard, et, par peur peut-être, n'osait bouger.
Ils se défiaient tout deux du regard. Essnälth pencha légèrement la tête sur le côté tandis que son sourire s'étirait devant son malaise. D'un geste brutal, ses yeux plongés dans ceux de la Démoniste, il éclata le Sablier contre le bord de l'établis sans même le regarder, brisant le verre en un fracas. Le Sable tomba au sol, perdant sa lueur magique, sa pureté. Elle ferma les yeux. A des milliers de kilomètres, un homme jeune, aux cheveux blancs, ouvrit brutalement ses grands yeux d'Or.
Jetant le socle du Sablier à terre, comme un vulgaire mégot de cigarette, il la quitta des yeux, sourire arrogant aux lèvres, et repartit mollement vers la couchette, chantonnant doucement des paroles qui, il l'ignorait, avaient un tout autre sens à cet instant précis pour elle. « J'ai bravé le ciel, j'ai bravé le temps ; Plus rien n'a de sens à présent... ». Satisfait, assis confortablement contre le mur, il l'observa récupérer chaque grain de sable comme elle le pouvait, méticuleusement, puis quitter la pièce sans un regard pour lui, le visage fermé, dur, mais le regard meurtris. Il ne souriait plus. Jusqu'à quand allait-elle le laisser la détruire ?
Sujet: Re: « L'enfer même a ses lois. » Quotidien d'Essnälth, prisonnier de Dastaël. Dim 13 Nov - 22:21
- Jour 25 -
Noir. Les yeux d'ébène venaient de s'ouvrir sur la pénombre de la pièce. Silence. Même le chien dormait.
Mais pas lui.
Il n'y avait plus d'arrogance, plus de fierté, plus de provocation. Juste de la haine. Il avait tourné en rond toute la journée, tourné, tourné, encore et encore. Il n'avait même pas trouvé de quoi se divertir en faisant perdre patience à la Démoniste. Il s'était levé de très mauvaise humeur, après un doux rêve dans les bras d'Azuka et Alessandrä, il s'était éveillé dans ce laboratoire pourri, avec cette odeur pourrie et cette femme pourrie. Tout ici le répugnait. La mousse au sol, la roche, les potions, les parchemins, le bois, elle. Tout. Et surtout, plus que tout, l'ennui. Depuis qu'il avait quitté son père, il était libre, jamais personne ne lui imposait de contraintes. Et voilà qu'il était là, à tourner en rond comme ce vieux clébard pourri lui aussi. vingt-cinq jours. vingt-cinq jours dans cette atmosphère atroce, cette puanteur, à ne rien faire de ses journées, enfermé dans une petite pièce. vingt-cinq jours à ne pas voir la lumière du jour. vingt-cinq jour à ne voir que cette femme. vingt-cinq jours à ne pas fumer. vingt-cinq jours à avoir froid. Tout était sale. Tout était vide, froid, sans âme. Y compris elle. Il n'en pouvait plus. La voir lui devenait insupportable. Certes, son but était de la pousser à bout, mais cette nuit, c'était lui qui y était, probablement influencé par toute cette atmosphère macabre. L'esprit noir, fais de pensées plus sombres les unes que les autres, il ne parvenait à fermer l’œil. Elle, au contraire, était assoupie à l'autre bout de la pièce depuis quelques heures. Rien que son souffle, qu'il entendait d'ici, s’insupportait. Il se leva, serrant la mâchoire, retenant de violentes pulsions. Certes, il était patient. Très. Mais une fois arrivé à sa limite, il devenait impulsif et violent. Il se contenait à grande peine.
Il se dirigea vers un meuble bas, où plusieurs coffret étaient verrouillés. Tout les soirs, avant de se coucher, elle déposait quelque chose dans l'un d'eux, avant de le verrouiller grâce à une clé qu'elle glissait sous son coussin. Le même rituel, tout les soirs. Ess savait ce qu'il voulait, et comment il allait l'obtenir, ainsi que ce qu'il en ferait. Il avança vers la Démoniste, étendue. Silencieusement, il s’accroupit devant elle. A tout instant, elle pouvait se réveiller, et pourtant, il traînait. Immobile, le regard noir, mâchoire serrée, il la fixait. Son visage, endormi, inconscient. Et puis ses courbes, qui se dessinaient plus gracieusement que jamais sous le drap. Il approcha doucement son visage du sien. Il ne la quittait pas des yeux, ne respirait même pas. Son visage était si blanc dans cette pénombre, il semblait briller. Elle était belle. Avec un rictus méprisant et un regard mauvais, il se releva, clé en main. Faisant demi tour, il alla jusqu'au coffret et l'ouvrit sans peine. Sa dague. La dague qu'elle portait tout les jours à la ceinture depuis leur rencontre. Il s'en empara. Ses yeux Noir glissèrent sur elle. Le silence. La haine.
Il enfonça la dague, De son autre main, vint l'enfoncer plus encore avec la paume.
La serrure se brisa.
Se relevant, il jeta un œil à Dastaël, toujours endormie, à l'autre bout de la pièce. Il venait d'ouvrir la fameuse porte qui contenait une petite ouverture, et menait à une pièce qui lui était, jusqu'ici, inaccessible. Quelque chose troublait cependant Ess. Elle ne s'était jamais caché en glissant la clé sous le coussin, ou en mettant la dague dans le coffret. Comme si elle se fichait qu'il ne s'en saisisse. Peu importe. La serrure avait sauté, il pouvait accéder à l'autre pièce et, sûrement, aux suivantes, jusqu'à trouver la liberté. Il inspira profondément et poussa la porte.
Un violent haut le cœur le prit, tandis qu'il se jetait au dehors de la pièce, contre le mur, le dos de sa main sur sa bouche, l'autre lui tenant le ventre qui semblait imploser. Ses yeux étaient horrifiés, sa gorge nouée, son estomac retourné. Dans la pièce, des cadavres humains s'entassaient, il y avait du sang partout, des membres éparpillés. De la chair, des os, des adultes, des enfants. Ess étouffa un nouveau haut le cœur. Tout l’écœura alors. Le sol, les meubles, ses propres mains, qui avaient touché son coffre, la poignée... Il dormait juste à côté de... ça... Ses yeux brillaient dans l'obscurité, fixés sur un point, face à lui, qu'il ne voyait même pas. Il se rendit compte qu'il tremblait. Il déglutit difficilement. La sortie était de l'autre côté... il devait sortir de cet Enfer. A contrecœur, il risqua un nouveau regard à l'intérieur, s'obligeant à ne regarder que la porte qu'il apercevait au loin. Il l'avait repérée. Mais son regard dévia vers le sol, et tout ces corps, ce sang, ces yeux horrifiés ensanglantés, ces bouches ouvertes, immobiles dans leur cri d'horreur. Il laissa tomber la dague et ne pu que faire demi tour, traversant le laboratoire en grandes enjambées pour aller aux toilettes, dans lesquels il vomit instantanément, les yeux humides, tremblant de tout son corps dans l'obscurité. Se traînant vers le vieux lavabo, il posa ses bras dessus, penché en avant, se rinçant la bouche, les mains, les bras, frénétiquement, comme si lui même portait le sang de ces cadavres. Il s'agrippait les cheveux, serrait la mâchoire, lançait des regards inquiets vers la porte, se lavait encore, se forçant de rester silencieux pour ne pas la réveiller.
Elle.
Accoudé au lavabo, il fixait son dos qui s'offrait à lui, et peu à peu, le dégoût et la haine remplacèrent l'horreur. Elle était un monstre. C'était inhumain. Son regard se fit assassin tandis que, d'un pas décidé, il refit quelques pas vers la fameuse porte, la referma, et se baissa pour ramasser la dague. Ses yeux Noir se fixèrent sur la Démoniste qui, visiblement, dormait toujours. Ou pas. Il n'en savait rien. Peu importe. Il savait ce qu'il devait faire. Il devait le faire maintenant.
Il s'approcha de nouveau d'elle. Elle était toujours allongée sur le côté, dos à lui. Il la contourna. Sa main, qui tenait la dague, tremblait. La pointe de la lame vint effleurer la gorge de l'Elfe. Ses yeux restaient clos. Il tremblait, les yeux toujours humides. Il était sale. Il était fatigué, non, épuisé, écœuré, à bout de souffle. Ses lèvres étaient déformées par un rictus de dégoût. Et il attendait. Il pouvait. Elle ne bougeait pas, elle n'avait même pas conscience qu'elle pouvait mourir d'un instant à l'autre. Il passait la dague d'une main à l'autre, tremblant, comme si il ne savait pas exactement comment s'y prendre, comment la tenir, comment trancher. Il n'était pas un tueur, il ne l'avait jamais été. Une larme coula sur sa joue. L'épuisement, la faim, la soif, le dégoût, la rage de ne pas parvenir à égorger ce Monstre. Il déplaça la lame plus haut, plus bas, réajusta la pointe, changea de main, encore. Il inspira profondément, tenant la dague à deux mains, la pointant un peu plus sur son cou. Il serra la mâchoire. Son regard s'intensifia.
« Si tu ne t'es pas levé pour me tuer, retournes te coucher. » « La ferme. » « Tu n'es pas un tueur. » « LA FERME. »
Tremblant toujours plus, il essaya de se reconcentrer. Elle avait toujours les yeux clos. Il hésita.
« Et merde. »
Il jeta la dague, sa gorge se nouant un peu plus encore. Il se redressa, une main agrippant ses cheveux, comme pour les arracher, tandis qu'il fermait les yeux avec force, laissant couler une autre larme. Le poing serré, en silence, ravalant péniblement sa rage, il retourna s'écrouler sur son lit. Elle ouvrit les yeux, mais resta immobile. Le sommeil ne vint pas les emporter pendant de longues heures silencieuses.
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Sujet: Re: « L'enfer même a ses lois. » Quotidien d'Essnälth, prisonnier de Dastaël.
« L'enfer même a ses lois. » Quotidien d'Essnälth, prisonnier de Dastaël.
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