Salieri, ou Le Marionnettiste.



 
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Tenkai

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Feuille de personnage
Race: Mort-Vivant
Classe: Voleur
Statut et/ou Métier(s):

Salieri, ou Le Marionnettiste. Vide
MessageSujet: Salieri, ou Le Marionnettiste.   Salieri, ou Le Marionnettiste. Icon_minitimeMer 12 Mai - 16:57

Salieri, ou Le Marionnettiste.

"Quand suis-je né ? Salieri n'a pas été engendré, pauvre ignorant. Il existe simplement un marionnetiste au fond d'une carapace de chair inutile." Salieri.

Une silhouette frêle enveloppée par une riche tunique rouge et blanche errait dans la grande chapelle illuminée par les candélabres disposés grossièrement à chaque pilier. Les bougies ne tarderaient pas à être renouvelées. L'homme aux cheveux longs raides, et chatains, s'épongea le front de son mouchoir blanc en lin; tenaillé par l'inquiétude. Des cris de femme se faisaient entendre dans une pièce non loin. Faisant les cent pas, l'homme assistait impuissant à la souffrance d'une femme qui donnait la vie, quand les cris s'arrêtèrent soudainement, laissant place aux grondements de la fureur du ciel. Un prêtre aux tempes grisonnantes attifé d'une robe de cérémonie bleue, accourra dans le hall en hurlant, ne cachant pas sa joie:

"C'est un garçon, sire Solasido ! Venez !"

Laissant tomber son mouchoir, Solasido se bouscula pour atteindre la salle ou venait d'accoucher sa femme adorée. Trois prêtresses humaines en robe blanche se tenaient autour du lit, ou était allongée une femme aux cheveux noirs à moitié nue, haletante, un bébé minuscule dans les bras.

"Fhermaï, mon chéri, c'est un garçon..."

Le mari ému, articula: "Je sais, mon amour, économise tes forces, je t'en prie..."

"Aïrin est un joli nom, celui de mon père..." dit la femme, un sourire sincère aux lèvres.

"Nous l'appellerons donc Aïrin. Ce garçon perpétuera notre tradition, je te le jure sur ma vie, Althea."

"La vraie intelligence, celle qui fait le talent, celle qui rend prodige, est innée. N'écoutez pas les idiots proclamant l'acquisition d'un quelconque talent. On naît supérieur, ou on ne naît point." Salieri.

Dès l'âge de deux ans, Aïrin apprit à lire, à la grande surprise de ses parents. Il s'agissait d'un enfant atypique, détestant les loisirs normaux de son âge. Il était extrêmement intelligent. Beaucoup trop au goût de ses parents, lorsqu'il découvrirent qu'il avait asservi littéralement nombre de ses camarades de crèche.

La famille Solasido était une dynastie noble de musiciens, jouant dans les plus grands orchestres de Lordaeron jadis, maintenant dans ceux de l'Alliance. Une formation musicale horriblement stricte attendait chaque enfant qui y naissait. Aïrin fut formé cruellement jusqu'à l'âge de 8 ans, ou il commit le pire affront qu'il pouvait jeter au visage de sa famille. Un jour, le petit garçon surdoué aux yeux noisette fit irruption dans la salle de répétition de son père, alors que celui-ci accordait son piano.

"Père, père, regarde ! C'est moi qui l'ai faite !" fit innocemment le jeune surdoué tendant un parchemin à son père.

Lorsque Fhermaï jeta un coup d'oeil au contenu de cette feuille, son teint passa à l'écarlate, et il gifla son jeune enfant. Aïrin chuta à terre, pleurant aux éclats. Jamais il n'avait été frappé. Fhermaï déchira en mille morceaux la feuille sous les pleurs de son fils, et la jeta au feu de la cheminée. Aucun regret. On pouvait distinguer sur un des morceaux de la feuille, d'innombrables notes écrites à la plume, et les mots "Clair de Lune". Il s'agissait de la première composition d'Aïrin, à 8 ans.

"Jamais plus. Ne compose jamais plus."

Composer était un affront à la famille Solasido d'Hurlevent. La jalousie du talent et de l'intelligence d'Aïrin que Fhermaï éprouvait était arrivée à son comble. Le prétexte idéal pour faire éclater sa rage. Mais Aïrin était bien trop intelligent et en avance sur son âge. La phrase qu'il prononça à son père fut d'une force telle, qu'elle ébranla tout son amour propre et son égo surdimensionné de père qui avait "droit" d'user de la violence envers son fils.

"Personne ne doit me dire ce que je dois faire, pas même toi, père. Un jour viendra ou je composerais, et tu viendras me supplier de te laisser jouer un de mes chefs-d'oeuvre."

Une autre gifle voleta sur la joue gauche d'Aïrin. Sa lèvre inférieure éclata, et du sang jallit sur le riche parquet composé de bois noir venant directement du Bois de la Pénombre. Fhermaï, éclatant de rage, prit son fils entre ses bras, et le cloitra dans un placard exigu de sa vaste demeure. Aïrin ne résista pas. Il ne comprenait pas tout ce qui lui arrivait. Son seul désir était de laisser libre cours à son talent. Dans le placard, il sortit une feuille de son pantalon ainsi que son porte-plume, et écrivit avec son propre sang coulant de sa lèvre inférieure les mots "Clair de Lune", et reproduisit sa symphonie prodigieuse dans le noir... Ainsi se déroula son enfance, entre compositions cachées, et violence gratuite de son père.

"La supériorité certaine est le pire des défauts." Salieri.

Aïrin, à ses 19 ans, avait appris à jouer de tous les instruments ancestraux de la famille Solasido: la guitare, le violon, la harpe, le clavecin, et le piano. Il était devenu chef d'un petit orchestre, jouant en secret ses compositions avec des gens de confiance. A chacune de ses compositions ou représentations découvertes, son père le rouait de coups et le bombardait d'insultes. Mais Aïrin n'en avait que faire, et lui riait au visage. Il devenait indifférent à la douleur, indifférent au comportement de son père. Presque immunisé, à la manière d'une maladie dont il accepte la présence, il continuait son oeuvre prodigieuse, dans le but de faire connaître aux yeux du monde son immense talent. Aïrin était malgré tout au bord du précipice, car sous son masque imperturbable et stoïque se cachait un jeune homme tourmenté, car son intelligence accroissait sa sensibilité et sa tristesse et exacerbait son sentiment d'injustice.

Malgré ses "réticences" paternelles inévitables, le jeune homme aux yeux noisette continuait à composer. Il comptait montrer sa dernière oeuvre au compositeur de l'orchestre d'Hurlevent, afin de lancer sa carrière, ayant enfin atteint la majorité.

Parchemin en main, Aïrin sortit de la magnifique demeure de ses parents sans crier gare. Le ciel était surchargé de nuages, mais il ne pleuvait pas... Aïrin adorait regarder le ciel, si changeant, si inspirant. Il s'agissait de la chose la plus belle existante au monde selon lui, et le mortel ne pouvait apprécier réellement sa contemplation, et ne pouvait éprouver l'extase d'être confronté à la perfection de la nature. Sauf Aïrin. On pouvait lire les mots suivants sur le parchemin qu'il tenait entre ses frèles doigts: "Au delà des capacités."

Le bureau en bois sombre ou le compositeur classait ses partitions rappelait à Aïrin le parquet sombre du salon ou il avait maintes et maintes fois déversé son sang. Il ne montra pas son trouble et toussa afin d'attirer l'attention du compositeur aux cheveux blancs, qui avait déjà pas mal vécu, vraisemblablement.

"Oui, c'est pour quoi ?"

"On dit que vous recherchez de jeunes compositeurs. C'est pour cela que je désire vous montrer une des miennes."

Le vieux compositeur prit entre ses doigts boudinés le parchemin, et afficha des yeux ecarquillés.

"Serais-tu le jeune Solasido ? Ta famille n'a pas le droit de composer."

"Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Je m'appelle Kyrie Salieri, monsieur." mentit le jeune homme aux cheveux chatains mi-longs tombant sur le visage. Il s'agissait du premier nom qui lui était venu à l'esprit, Salieri étant le patronyme d'un antique compositeur prodigieux.

"Ah, je vois..."

"Qu'en pensez-vous ?" demanda-t-il au compositeur, légèrement désarçonné par le contenu du parchemin.

"Trop... C'est justement au delà de tes capacités, jeune homme. Trop de notes. Tu ne seras pas pris. Adieu."

Ces mots solennels heurtèrent le crâne d'Aïrin comme des coups de marteau. Cet idiot ne pouvait pas apprécier son immense talent. Pour contempler la perfection, il fallait des yeux parfaits. C'est la loi de la nature. Aïrin vint à se remettre en cause totalement. La haine monta en lui. Sans un mot, il sortit de la salle, et retourna chez lui, sans même reprendre sa composition.

"Certains érudits proclament que l'intelligence serait une forme de folie, car correspondant à un défaut cérébral. Personnellement, j'interpréterais plutôt la folie comme une forme d'intelligence." Salieri.

Une affiche fastueuse se tenait devant la grande salle de concert. Aïrin n'en crut pas ses yeux quand il lut son contenu:

"Au delà des capacités. Représentation aujourd'hui de 20h00 à 00h00. Composition de Yurif Orchestron."

Yurif Orchestron. L'image du compositeur refusant son chef d'oeuvre apparut dans son esprit fugacement, laissant une trainée immonde de haine dans ses pensées. Dans la liste des musiciens figurait... Son père. Un torrent de rage envahit Aïrin. La folie monta, ainsi qu'une poussée d'intelligence. Il savait quoi faire. Seule cette opportunité s'offrait à lui, l'acueillant dans des drapés de velours, amère comme l'armoise, mais douce comme le vin chaud. Cette opportunité se nommait Punition et était la seule issue à son désir intense de vider son vase de rage qui venait de déborder.

La nuit tombait. Une brise fraiche typique du climat des Royaumes de l'Est emplit la tunique bleu nuit de Salieri. Il marchait. Il marchait, se croyant seul au monde, ne voyant que son objectif. Lorsqu'il atteint l'entrée de derrière de la salle de concert, le garde reconnut le jeune Solasido, et le laissa entrer. Salieri continua à marcher dans le chaos des musiciens en préparation et autres personnes, lorsqu'il atteint une loge. Celle d'Orchestron.

Il tâta le loquet. La porte n'était pas fermée. Presque trop facile. Salieri ouvrit la porte, et surprit Orchestron fixant la partition. SA partition.

"Oui, qui est-ce ?" fit le chef d'orchestre sans même daigner se retourner.

"La vengeance."

Salieri tourna lui même la tête d'Orchestron. Celui-ci hurla sur sa chaise, mais ses hurlements furent couverts par le vacarme causé par la préparation et l'accord des différents instruments.

"Rien ne te sauvera."

Salieri concentra son regard dans les yeux de l'homme. La fureur envahit son esprit. L'intelligence envahit son discernement. L'étincelle dans le cerveau de Salieri explosa. Le regard d'Orchestron tourna au vide. Son cerveau fut détruit par les pouvoirs innés de Salieri, hérités de sa mère, une mage maniant le givre. Le sang d'Orchestron gela. C'en était fini de lui et de ses méfaits. Salieri cracha sur sa dépouille, enfila le masque que le chef d'orchestre utilise pour ses représentations, récupéra sa partition, et marcha en direction de la salle de concert, afin de reprendre son rôle destiné.

"Ma destinée s'est tracée d'elle-même. La chance couplée à l'intelligence conduit à la perfection." Salieri.

Le crime du chef d'orchestre ne fut jamais résolu. La personnalité de Salieri prit peu à peu le dessus sur celle d'Aïrin, plus faible.

Un jour alors qu'il avait atteint vingt ans, à la sortie de son conservatoire, des hommes vêtus de noir se jetèrent sur Aïrin, lui enveloppant le visage d'un torchon d'ou s'échappait une odeur semblable à celle du chloroforme. Aïrin sombra dans l'inconscience. Les passants ne firent rien.

Une gifle le réveilla. Des paroles lui firent ouvrir les yeux.

"Nous savons qui tu es. Mais tu dois savoir aussi qui nous sommes."

Salieri, attaché sur une chaise, répondit.

"Le SI-7. Organisation secrète d'Hurlevent, spécialisée dans l'espionnage, et dans les interventions camouflées."

"Exact. Ecoutes. La chance de ta vie s'offre à toi. Nous t'avons observé longuement et déduit que tu avais une vie de petite merde. Alors que tu n'en est pas une. Tu es intelligent, et nous le savons. L'Alliance te veut. Elle veut faire de toi un homme."

"Qu'avez-vous derrière la tête ?"

"Nous voulons te transformer en stratège, quelqu'un capable de commander. Tu as le choix. Soit tu restes dans ta vie de petite merde, soit tu mènes une vie dont tu as rêvé. Tu auras ce que tu veux." fit l'homme masqué au visage triste, comme celui de certaines pièces de théâtre. Cet homme avait l'air d'être très intelligent.

"J'accepte."

Salieri était loin d'être idiot. Il fut largement tenté par cette proposition, qui l'écartera de sa vie monotone.

"Appelle-moi dès maintenant Venn. C'est mon nom de code. C'est moi qui te formerais à l'art de la stratégie, avec les autres jeunes prodiges de ton âge qui formeront l'élite des commandants de l'Alliance."

Une nouvelle vie s'offrait à Aïrin. Mais avant tout, à Salieri.

"Solipsisme est ma raison de vivre." Salieri.

"En formation triangulaire, messieurs." fit l'homme à la tunique bleu nuit, assis sur un véritable trône derrière le champ de bataille, des jumelles à la main, un éventail à l'autre. Un orchestre jouait une symphonie. Sur la partition du soliste, on pouvait lire les mots suivants: "Clair de Lune".

Le porte-drapeau leva son drapeau bleu clair. C'était le signal de la formation en triangle. Les fantassins de l'Alliance s'exécutèrent aussitôt.

"A l'attaque. Sur le flanc, en direction des chevaucheurs de loups. Je veux des vougiers pour couvrir les fantassins. En formation serrée pour eux. Beaucoup plus efficace contre la cavalerie. Nous gagnerons aujourd'hui, ils sont en infériorité numérique. Même pas besoin d'utiliser ma garde."

Le porte-drapeau agita une multitude de drapeaux et de tissus de différentes couleurs et tailles afin de rallier les troupes et de faire passer les ordres de Salieri. Un groupe d'une cinquantaine de guerriers de la Horde se détachait de l'armée et contournait le No-Man's Land pour accéder à la zone des officiers.

"Trop flagrant. Ca sera l'occasion pour ma Garde Bleue de prouver sa valeur."

Ces gardes formaient la crème de la crème de l'Alliance et étaient complémentaires. Ils disposaient d'un sort leur permettant d'écouter les pensées de Salieri afin d'agir au plus vite. Ils étaient les soldats parfaits, dévoués, et rapide pour exécuter les ordres, quels qu'ils soient. Malgré leur nombre, une dizaine seulement, ils pouvaient venir à bout de n'importe quel ennemi à n'importe quel moment. Ils constituaient la garde rapprochée des généraux issus de l'école de Venn. Chaque nouveau élève héritait de dix Gardes Bleus en récompense de son génie. Car seuls les meilleurs stratèges sortent de cette école. Les autres y restent, généralement pour y mourir. Venn d'ailleurs, regardait avec plaisir la bataille aux côtés du porte-drapeau, persuadé de la victoire de son meilleur élève.

Les guerriers de la Horde approchaient à une vitesse non négligeable. Ils semblaient déterminés à combattre jusqu'à la mort. Mais cela ne suffira pas. Il suffit d'une fraction de seconde pour que Salieri donne ses ordres télépathiquement. Les Gardes Bleus se mirent dans une formation tellement compliquée et effrayante par sa virtuosité que les guerriers de la Horde stoppèrent leur charge. Deux guerriers au bouclier avancèrent et virevoltèrent, parant les flèches provenant de la Horde à la vitesse du vent. La Formation du Scorpion s'abattit sur les pauvres Orcs, Trolls, Morts-Vivants, Taurens et Elfes de Sang. Le dard de cette formation était composé des maîtres d'armes portant une lance. La carapace du scorpion était les deux porteurs de bouclier. Son poison, les meilleurs voleurs de l'Alliance. Son corps, les autres soigneurs et combattants restants. Pas une seule armure bleue ne tomba. Les cinquante hordeux furent submergés par la puissance de cette escouade, sur le rythme de la symphonie de Salieri.

"Vous voyez, bien trop facile."

Venn applaudit, toujours vêtu de noir, et arborant son masque d'expression triste. Il s'agissait exactement de la formation à adopter. En effet, ces idiots d'hordeux étant désorganisés, une formation équilibrée ne causerait aucune perte, insistant sur les atouts de chaque membre de l'escouade. Salieri avait accédé au rang de maréchal, grâce au piston de Venn et de son école. Salieri menait la vie dont il désirait. Mais il restait toujours sous la menace d'Aïrin, qui exécrait la guerre et tout ce qui s'y rapportait. Parfois, la personnalité d'Aïrin le hante, et interrompt ses réflexions. Ses deux personnalités luttent, mais Salieri l'emporte.

"Joue pour moi." fit Salieri, regardant l'orchestre.

"Oui maître." dit un homme étrange arborant une guitare à deux manches. Cet homme n'était d'autre que... Fhermaï, et jouait pour Salieri de son plein gré. C'était sa petite vengeance. Offerte par Venn. Salieri hurla de rire en écoutant son père jouer des solos prodigieux de sa propre composition. Extase de la vengeance. Apogée du talent de Salieri.
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