Cabestan, quelques jours plus tôt

Le Cochonnet déshydraté. Ses clients ivres, sa salle commune envahie par la fumée, ses murs moisis... Sûrement le bar le plus mal famé de Cabestan. Mais aussi celui que préférait Alessandrä pour ses virées nocturnes.
Le patron n'était pas très regardant, et Aless pouvait aisément vendre et acheter toutes sortes de marchandises plus ou moins légales. En plus de ça la boisson n'était pas chère, et l'humaine pouvait facilement trouver quelques adversaires pour une partie de dés.
C'était d'ailleurs pour ça qu'elle était là ce soir. Le Léviathan était à quai depuis pratiquement une semaine, et Aless en avait profité pour boire tous les soirs jusqu'à être totalement saoule. Le bilan à la fin de la semaine était évidemment qu'Aless n'avait plus un rond.

<< Hey tu vas nous faire attendre encore longtemps comme ça? >>

<< Hum? Oh oui désolée. >>

Alessandrä empoigna les deux dés et les jeta sur la piste prévue à cet effet. Trois et deux. Plutôt faible, mais suffisamment élevé pour battre le score de son adversaire.

<< Désolée. >>

Désolée elle ne l'était pas du tout, et elle empocha aussitôt ses gains. La jeune fille but une nouvelle gorgée de sa bière amère. Elle sentait l'alcool lui monter à la tête, et elle aurait du arrêter de jouer, pourtant elle s'exclama:

<< Alors plus personne pour m'affronter? Alleeeeeez quoi, me dites pas que vous avez peur! >>

Un marin à la mine patibulaire s'assit en face d'elle. Alessandrä afficha une moue boudeuse. L'homme n'avait pas l'air très riche et ne lui apporterait qu'un maigre gain.

<< Aaaah enfin quelqu'un qui ose défier la grande Alessand... >>

<< Tais toi. Je mise ceci. >>

L'homme sortit de sa poche ce qui ressemblait à un billet de loterie.

<< Ça c'est une place pour participer au grand tournoi dans les Tranchantes. Il parait qu'y a un joli paquet d'or à gagner. >>

De l'or. Ce seul mot suffisait à éveiller chez Alessandrä une furieuse envie de gagner ce ticket.

<< Je suis prêt à le miser si toi tu mets en jeu ce joli médaillon qui se balance à ton cou. >>

Le médaillon en question elle l'avait volé à une gnome il y a quelques temps. Il représentait un crâne au milieu d'un pentacle, le style de babiole sans valeur qu'on pourrait trouver dans n'importe quelle boutique de souvenirs. Pourtant Aless aimait l'accrocher fièrement autour de son cou, c'était le genre de truc qui 'faisait bien pirate' et qui lui donnait une allure folle.

<< Alors? >>

Le pari était risqué. Mais Alessandrä avait toujours eu beaucoup de veine, et elle était convaincue qu'on entretenait sa chance en la provoquant. Elle déposa donc son médaillon au centre de la table.

<< Ça marche. >>

L'homme prit les dés et les lança vigoureusement. Un 6 et un 5.

<< Ah on fait moins la maligne hein? >>

Aless grimaça. Elle saisit les dés et les jeta sur la piste. Elle avait beau avoir confiance en sa chance ce coup ci était totalement impossible à réaliser. Le premier dé s'arrêta. Un six. Le deuxième continuait quant à lui sa folle course avant de stopper sur une des parois de la piste. Il oscilla encore de longs instants avant de s'arrêter, lui aussi, sur un 6.
La jeune fille soupira longuement, soulagée, puis termina sa bière d'un trait. L'homme lui n'était pas aussi heureux qu'elle. Il se leva d'un bond, et avait l'air très en colère.

<< Quoi? C'est impossible ça! Espèce de sale tricheuse! >>

L'alcool aidant, Aless se leva à son tour, et, au lieu d'essayer de calmer le jeu, provoqua encore plus l'homme.

<< Tricheuse moi? Argard'te ti, mongol! >>

L'homme était maintenant rouge comme une tomate et fulminait.

<< Sale petite... T'as vu comment qu't'es habillée? Même un barracuda serait plus excitant! >>

<< Va léquer tin verre! >>

Son adversaire envoya alors son poing dans sa direction. Aless esquiva l'attaque maladroite sans difficulté, et riposta aussitôt avec un coup de pied direct dans l'estomac de l'homme. Elle sentait l'adrénaline parcourir son corps. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas participé à une bagarre et celle-ci était la bienvenue.
Le marin se releva tant bien que mal et chargea Aless. Il n'était pas très malin et elle n'eut aucun mal à l'éviter une nouvelle fois. Elle en profita pour lui envoyer un direct dans la mâchoire et pour le mettre à terre en lui fauchant les jambes. Elle se dirigea ensuite vers sa table pour reprendre ce qui lui appartenait et constata avec stupéfaction que son billet pour le tournoi avait disparu. Elle sortit donc du bar, furieuse que quelqu'un ait pu lui voler.



Les Tranchantes

Aless se tenait en équilibre sur l'une des longues arrêtes rocheuses de la région, observant avec attention l'arène qui se tenait en contrebas. Il y avait visiblement 2 entrées: l'une pour les spectateurs et l'autre pour les participants. Malheureusement celle-ci était surveillée, un garde vérifiait les billets de tous ceux qui rentraient.

<< Aaah merde, je pourrai jamais rentrer... >>

Elle soupira avant de s'affaler contre la roche. Soudain une idée lui vint à l'esprit. Celle-ci n'était pas forcément la meilleure qui puisse être, mais c'était la seule qu'elle avait eu. Elle descendit alors de son perchoir et se dirigea vers l'arène, et plus particulièrement vers le garde qui contrôlait l'entrée.

Prenant une moue aussi désolée que possible elle l'interpela:

<< Excusez moi mais... il semblerait que j'ai oublié mon billet d'entrée, est ce que c'est grave? >>

Le garde hésita quelques secondes et répondit:

<< Je suis désolée madame, mais le règlement nous interdit de laisser rentrer quelqu'un qui n'aurait pas de billet. >>

Aless continua à jouer la comédie, sûre d'elle.

<< Oooooh s'il vous plait... C'est trop bête je l'ai oublié sur la table! Enfin, je comprends que ce soit le réglement, désolée de vous avoir dérangé... >>

Aless commençait à faire semblant de partir quand l'humain la rattrapa.

<< Euh eh bien... je peux peut être faire une petite entorse au règlement pour une aussi jolie fille que vous... >>

Elle s'élança alors en courant vers l'entrée, tandis qu'elle remerciait le garde d'un signe de la main.

Elle entra dans l'arène en effectuant moultes acrobaties, et fut aussitôt remerciée par de vifs applaudissements du public. Elle continua ainsi jusqu'au centre de l'arène, où un autre personne attendait déjà, et sourit. Personne ne pouvait lui résister.

Exodar, il y a deux semaines


« Je refuse. »

Deux hommes se tenaient face à face, sans esquissaient le moindre mouvement malgré un vent violent et la pluie qui tombaient, ils se regardaient et aucun son ne sortait de leurs bouches. Après cette remarque, l’un d’eux avait l’air de ne pas aimer du tout cette réponse mais en même temps, il savait qu’avec la Lame damnée, il devait s’attendre à tous. En poussant un grand soupir, l’homme posa une simple question :

« Pourquoi ?
_ Ce mec me fait marrer, j’vais pas l’buter ! »

Répondit-il avec un petit rire. Il fixait toujours l’homme mais celui-ci détourna le regard et en croisant ses bras, se tourna quelques secondes afin de réfléchir un court instant. Il se retourna et chercha du regard la Lame damnée, sans succès. Il avait disparu, l’homme poussa un nouveau soupir.

Aerengil se trouvait déjà loin de l’endroit du rendez-vous, il n’avait plus rien à faire là bas, cela ne servait à rien de rester. Il rentrait donc à la Taverne où il logeait, en pleine nuit, il n’avait aucune difficulté à se déplaçait sans se faire remarquer et ouvrir sa fenêtre pour entrer ne devrait pas être une difficulté. Quelques minutes plus tard, il était assis sur une chaise, torse nu et avec une faible lumière d’une bougie qui n’éclairait pas toute la pièce, il regardait sa bourse où il déposait tout l’argent qu’il avait gagné. Un léger sourire apparaissait sur le visage de l’assassin, sa bourse était complètement vide, il n’avait plus un rond.

« Quel con… »

Dit-il avec un petit soupir, il allait être obligé d’accepter le contrat et de tuer ce comique qui faisait rire l’humain. Son seul tort fut de cracher sur la gueule de son employeur, depuis, celui-ci veut sa mort et il s’était adressé à l’assassin pour exécuter cette mission. Il avait refusé pour une bêtise, maintenant, il avait plus qu’à espérer que son employeur n’avait pas trouver quelqu’un d’autre. Il se leva pour aller s’allonger sur son lit et s’endormir.

Le lendemain matin, il se leva alors que le soleil venait à peine de se lever, Aerengil n’était pas un grand dormeur. Il sortit de la Taverne afin de marcher dans les rues de la cité, si l’on ouvrait bien les oreilles, on pouvait entendre des choses très intéressantes et des informations très utiles. Ce jour-là, il se faisait vraiment chier, aucune bonne conversation à épier ni rien, les poulpes ne sont pas vraiment un peuple intéressant, à part quelques exceptions bien sûr. Il s’arrêta devant une fiche coller sur un mur, l’affiche parlait d’un tournoi pour la paix inter-faction et les participants recevaient une belle récompense. Seul problème, il fallait être gagnant d’un concours pour y participer, ou alors…

Forêt d’elwymn, trois jours plus tard

« Et le grand vainqueur de ce concours est : Melkur ! Voici votre billet pour participer au tournoi et une bouteille de vin que vous aimerez sûrement déguster. Merci à tous d’avoir participé et… »

Le gagnant de ce tournoi était un grand Elfe de la nuit avec des bras aussi gros que des troncs d’arbres, ses ennemis ne faisaient pas long feu tellement la rapidité ainsi que la force de ses coups étaient puissants. Participer à un grand tournoi comme ça devait être une fierté pour ce guerrier.

Après une vingtaine de minutes, l’Elfe de la nuit partit enfin de la clairière où les combats avaient été fait. Il allait vers la capitale de l’alliance, billet dans la poche et bouteille à la main. Aerengil le suivait en usant de tout son talent pour être certain de ne pas se faire repérer. Ils entraient dans la cité et le guerrier ne se doutait pas que quelqu’un le suivait, sa maison n’était pas très loin et l’Elfe y entra. L’Humain attendit dehors, adossé contre un mur, il attendait une heure précise : 23h30. Il attendait donc, son regard fixant le vide.

23h30, Aerengil s’avança vers la maison et ouvrit la porte afin de rentrer. Un Elfe se trouvait allongé sur le sol, avec une bouteille de vin à moitié pleine dans la main, l’Humain s’approcha afin de voir si son cœur battait toujours, négatif. Le poison avait bien fonctionné. Il ramassa le billet et sortit de la maison.

Les Tranchantes

« Désolé monsieur, seul les participants peuvent rentrer ici. »

Aerengil montra son billet et le garde le laissa passer. Il ne portait pas sa tenue d’assassin, c’était trop dangereux de venir faire un tournoi en sachant le nombre de personnes importantes qui se trouvaient dans les tribunes et qui voulaient la mort de la Lame damnée. Il entra dans l’arène, invisible, deux femmes se trouvaient déjà dans l’arène, une Kaldorei et une Humaine.

Il s’avança vers les deux femmes et enleva son invisibilité, il salua l’Humaine :

« Salut Aless »