Une brise fraîche parcourait chaque fibre de ma peau, me faisant sentir léger, tandis que sous moi de vastes paysages défilaient, les sommets enneigés ressemblaient à des crocs s'élevant vers le ciel, acérés et magnifiques, les forêts d'infini brin d'herbes d'où se dégageait des effluves enivrantes d'humus, de fleurs et de fruits. Au loin les plaines illuminées par un soleil radieux, traversées par un long fleuve scintillant. A l'horizon une cité d'homme se dessinait, dans les champs de petites silhouettes ressemblant à des fourmis, s'éreintant à la tâche. Elle enviait tellement ces êtres simples, capable de tant de gentillesses, de compassions, d'ingéniosités, mais aussi de haines et d'avarices. Des êtres si faible et si fort en même temps. Ils étaient pleins de contradictions, de complexités, ça en faisait des êtres parfait en tout point d'après elle. Il savait que ce n'était qu'un simple rêve, mais ça semblait si réel, il voyageait en même temps, comme si il était une partie de cet être si pure, si étrange. Bien qu'il savait tout ça impossible, tout ça ressemblait plus à des souvenirs qu'à un rêve, mais les souvenirs de qui?
"Arn..."
Arn se sentit soudainement aspiré en arrière, sombrant dans les ténèbres à nouveau. Il connaissait cette sensation de vide, de froid si intense qu'il vous transperce de part en part, la terreur l'attrapa aussitôt et les larmes commencèrent à jaillir et dévaler ses joues. Ce cauchemar, il le revivait sans cesse et l'horreur qu'il vivait rongeait son esprit petit à petit et arrivera un jour où il ne pourra plus lui échapper. Il était là, si près, sa présence pleine de haine et de cruauté.
"ARN!"
A nouveau, Arn fut aspiré pour sombrer cette fois-ci dans un brouillard de lumière aveuglant. Il se sentit engourdi, le corps en sueur emmêlé dans un drap. Le brouillard se dissipa pour laisser apparaître une pièce exigu, une seule fenêtre circulaire d'où la lumière du soleil jaillissait, un petit meuble non loin fermé et juste à côté de la tête du lit, la porte légèrement ouverte. Une silhouette se devinait derrière, une elfe de la nuit à priori. Elle semblait en conversation animé avec quelqu'un d'autre.
"... Il ne peut pas rester ici! Il est un danger pour nous, pour le monde. Il doit mourir!"
" Crois-tu vraiment à ce que tu dis? Il n'en reste pas moins une créature de ce monde, il a autant le droit que les autres de recevoir notre aide et à la bénédiction d'Elune. Et il ne semble pas encore gravement atteint, on peut surement le sauver..."
" Tais-toi! Folle!!! J'ai lu les prophétie de Medivh, tout autant que le conseil de Darnassus. Ils décideront de son sort, mais soit certain que l'on ne faillira pas une nouvelle fois! Tu sais déjà le sort qui lui est réservé, ne veux-tu pas abréger ses souffrances et protéger Azertoh en même temps? "
L'elfe de la nuit qui semblait prendre sa défense s'était tu. Tout cela sonnait comme une sinistre sentence de mort. Il n'avait pourtant aucune envie de détruire quoi que se soit, mais... Ce qu'il avait déjà fait le terrifiait et penser à la possibilité que cela puisse se reproduire lui donna envie de vomir, c'est en se fourrant le drap dans sa bouche qu'il s'empêcha de le faire. A cause de lui, sa famille était morte, il méritait de mourir, il n'avait qu'à attendre le verdict de ce conseil et accepter sa mort. Une fois mort tout sera terminé...
Sauf que lui, sera encore en vie, la chose qui l'avait manipulé, s'était accaparé son corps et avait détruit tout ceux qu'il aimait. Une colère noir le gagna, il ne pouvait pas mourir maintenant, tant que cette chose serait en vie. Il allait le retrouver, qu'importe qui il était ou ce qu'il était. Il se redressa et se rendit compte qu'il avait les jambes comme du coton, suivis de vertige et le corps brûlant. Il semblait avoir une forte fièvre, mais il ne pouvait pas rester ici. Il s'habilla aussi vite qu'il le put et s'avança discrètement près de la porte. Il lorgna à travers l'ouverture et se faufila dans le couloir après avoir constater que le passage était libre. Il se dirigea vers la sortie, ne sachant pas vraiment où il allait, il se laissera surement guider par ses pas et le destin l'amènera peut être vers le but qu'il s'était fixé. Tandis que dans l'ombre, non loin de la chambre, une jeune elfe de la nuit aux cheveux azuline le regarda s'enfuir, un air triste sur le visage, la main posé sur la poitrine.
Dehors il faisait jour, moment peu propice pour une escapade discrète. Il ne savait pas si la chance était un facteur à prendre en compte, mais elle semblait l'accompagner. Il arriva sans encombre jusqu'à un vieux quai, seulement trois navires étaient accostés. L'un deux était un navire de guerre elfe de la nuit, l'un un navire de commerce du cartel et l'autre un navire sans appartenance particulière. Si il voulait s'enfuir de là et arriver dans un lieu très loin, rien de mieux qu'un navire pour traverser les mers. Il n'était pas contre de laisser une mer entre ses bourreaux et lui. Il profita de l'inattention d'un garde et de la vigie du bateau étranger pour y pénétrer, s'enfoncer dans les entrailles du bâtiment et s'y cacher, s'accaparant au passage une couverture sale, mais qui lui tiendrait chaud. Caché dans les réserves, il pourra se procurer nourriture et eau durant le trajet sans devoir risquer de se faire découvrir. Il s'emmitoufla dans sa couverture et se laissa sombrer de nouveau dans un sommeil sans rêve, la fièvre avait peut être ça de bien, il ne rêvait plus autant...
Dehors, un croassement familier se fit entendre, son étrange ami et ange gardien semblait toujours veiller sur lui...